Il est né à Lorient le 10 novembre 1956. Ses parents, tous deux Bannalécois, s’appelaient Louis Yvon Le Vallegant et Marie Mélanie Jeanne Loussouarn. Son père tenait un commerce de boucher au 12 rue de Rosporden à Bannalec et sa mère était sans profession.
Il a passé toute son enfance à Bannalec. À partir de 1968, il apprend la bombarde au sein du plus ancien groupe folklorique breton (cercle celtique) fondé en 1902 par Joseph Boutier (un maître à danser originaire de Rosporden qui était chapelier à Bannalec) et au bagad « Ar Balan Aour » (créé en 1943, malgré l’occupation allemande, par le fils aîné de Joseph Boutier, également prénommé Joseph, par Louis Lavat, instituteur et chef de maquis, par Marie-Thérèse Desbois qui en sera la présidente, par Alexis Le Guiffant) qui aujourd’hui encore représente la culture bretonne à travers la danse, la musique, le chant, le costume et les fêtes traditionnelles. Avec ces deux ensembles, Jean-Louis Le Vallegant gagne des titres aux concours de sonneurs.

Puis il devient élève au bagad Bleimor (créé à Paris en 1949 par des scouts bretons). Cet ensemble interprète la musique bretonne, dont il est l’un des acteurs majeurs du renouveau, dans les années 1960-1980. Penn-soner (sonneur en chef) du bagad pendant près de dix ans, le musicien breton Alan Stivell (de son vrai nom Alain Cochevelou) a marqué fortement l’histoire du groupe.
En 1972, Jean-Louis Le Vallègant participe au premier Festival de Kertalg à Moëlan-sur-Mer. Ce festival restera l’un des plus importants pour l’histoire du mouvement folk celtique et breton.
Au début des années 1980, il découvre le saxophone, la musique d’orchestre et ce qui sera, par la suite, appelé les « arts de la rue » (spectacles ou événements artistiques donnés dans l’espace public).
De 1978 à 1983, son travail avec l’Intercommunal Free Dance Music Orchestra est déterminant. C’est le pianiste François Tusques, pionnier du free jazz – avec Bernard Vitet, Michel Portal, François Jeanneau, Bernard Guérin dit « Beb » et Charles Saudrais -, qui animait l’IFDMO, notamment avec le saxophoniste Joe Maka et la trompette incisive de Michel Marre, qui prônait une forme de dialogue entre les différentes cultures et qui souhaitait orienter sa musique vers une dimension populaire (mais pas populiste), et même « dansante ».
En pleine vague bretonnante dans le domaine de la musique – Dan ar Braz, Stivell, Tri Yann – où la question du folklore a pris un tournant politique (plusieurs pièces ont des titres en forme de slogans humanistes ou militants), la rencontre entre l’IFDMO et des sonneurs bretons, notamment Jean-Louis Le Vallegant ou le Finistérien Philippe Le Strat, était inéluctable et allait permettre l’incursion des musiques traditionnelles dans le Jazz.
Après avoir intégré quelques musiciens traditionnels bretons à sa formation, François Tusques enregistre en 1979 son album Après la marée noire, vers une musique bretonne nouvelle qui est exemplaire de cette démarche visant à faire coexister les formes traditionnelles bretonnes et celles du free jazz. Et ces musiques du monde se croisent sans qu’aucune ne phagocyte l’autre. Les trois sonneurs bretons sont exceptionnels : Jean-Louis Le Vallégant et Gaby Kerdoncuff aux bombardes, Philippe Le Strat à la bombarde et au biniou koz. Un quatrième Breton mène la danse, le bassiste Tanguy Ledoré. C’est une musique qui s’écoute fort, une musique de plein air, une musique qui va des Monts d’Arrée aux grandes marées océaniques. Et la force de Tusques est d’avoir réussi à mêler le fest-noz à la voix du Catalan Carlos Andreu, à la trompette de l’Occitan Michel Marre, plus quatre musiciens africains, le Togolais Ramadolf au trombone, le Guinéen Jo Maka au saxo soprano, le percussionniste camerounais Sam Ateba aux congas (les Congas, probablement originaires d’Afrique, se retrouvent dans tous les types de musique latino-américaine) et le percussionniste Kilikus à la dabourka (tambour en forme de gobelet qui trouve ses origines au Moyen-Orient, en particulier en Égypte et en Turquie).
Devenu musicien professionnel depuis 1986, Jean-Louis Le Vallegant va multiplier ses collaborations avec de nombreux musiciens compositeurs : Michel Marre, trompettiste, Sylvain Kassap, saxophoniste et clarinettiste, Bernard Vitet, multi-instrumentiste, Pablo Cueco, zerbiste (le zarb est un instrument de percussion traditionnel iranien), Jacques Thollot, batteur, etc.
En 1987, il fonde ZAP musique piétonne, compagnie de musique de rue, qu’il gère jusqu’en 1991 (250 prestations sur toute l’Europe et jusqu’au Canada). Le premier disque numérique (CD) de musique de rue commercialisé en France est l’album de ZAP, intitulé « Prise de bec ». C’est à cette même époque que Jean-Louis Le Vallegant va axer son travail sur les œuvres du talabarder virtuose Auguste Salaün, comme lui Bannalécois, qu’il a bien connu et qui lui a beaucoup appris.
En 1993, il rejoint comme soliste de bombarde le bagad de Quimperlé, avant de le diriger en 1995. En 1994, au Festival Interceltique de Lorient, il participe, comme instrumentiste, au spectacle Celtophonie, création pour grand orchestre de Marc Steckar (musicien multi-instrumentiste et compositeur) dont il sera tiré un CD.
En 1995, il intègre l’orchestre de Didier Squiban et assure le management du duo que forme le pianiste avec le chanteur breton Yann-Fañch Kemener. Ce duo Kemener-Squiban fit des merveilles dans l’Europe entière, ce qui incita les deux hommes à enregistrer les albums Enez-Eusa (vendu à 30 000 exemplaires, un succès important à l’échelle de la Bretagne) et Île-Exil dont Le Vallégant assure la direction artistique. C’est également à cette époque que sur le disque Karnag seront réunis : Kemener, Squiban, la harpiste Kristen Noguès, le percussionniste Jean « Popof » Chevalier, le bassiste François Daniel et Le Vallégant au saxophone.
Le Vallégant continue son périple de sonneur et forme un trio avec le roi de l’accordéon-gavotte, Patrick Lefebvre, et le très réputé sonneur de bombarde morbihannais, André Le Meut. Le Vallégant est également talabader dans le spectacle, dont un CD sera gravé, Les caprices de Morgane d’Antoine Hervé. Compositeur, pianiste, directeur de l’orchestre national de jazz de 1987 à 1989, Antoine hervé a joué et enregistré avec, entre autres, Vladimir Cosma, Quincy Jones, Gil Evans, Chet Baker, Martial Solal, Didier Lockwood, Michel Portal, Dee-Dee Bridgewater, Peter Erskine, Randy Brecker, Carla Bley, Toots Thielmans, Ray Barreto, Claude Nougaro, les Stones, …
En 1999, Le Vallégant devient directeur général de Coop Breizh (une entreprise coopérative culturelle bretonne créée en 1957) après en avoir été durant deux années le directeur de production du disque.
En 2004, il crée le premier Vallégant Noz Unit en coproduction avec le festival des Tombées de la nuit (Rennes). En 2005, Le Vallégant participe à la création « Le chant des sirènes » de Franz Clochard (compagnie Mécanique Vivante) qui marie « sirène de ville » (un instrument de musique créé à partir des sirènes de villes comme celles des pompiers) et bombarde.
Jusqu’en 2011, les tournées en France, au Brésil, en Russie, en Europe, en Australie, l’amènent à rencontrer notamment Camille Dalmais, connue sous le mononyme Camille, chanteuse, auteure-compositrice-interprète et actrice française qui a remporté en 2025 l’Oscar de la meilleure chanson originale aux côtés de Clément Ducol pour son travail sur la comédie-musicale Emilia Pérez de Jacques Audiard.
En 2005 encore, il crée le Vallegant Noz Unit#2 et le spectacle « Les pardons de Bannalec » imaginé en compagnie de son ami Jean-Luc Mirebeau (contrebassiste et producteur). Rencontre des musiques d’ailleurs (Inde) et des jeux de lumière et d’images vidéo de Thierry Salvert, Les pardons de Bannalec seront notamment donnés aux Vieilles Charrues et au Festival interceltique de Lorient.
Naît alors une complicité avec le percussionniste-compositeur nord-finistérien Jérôme Kerihuel, spécialiste des tablas qu’il a appris à jouer en Inde où il a suivi, pendant plusieurs années, l’enseignement du grand maître de percussion Pandit Girdhani Maharaj au Jaipur gharana (Rajasthan). Elle débouchera sur l’album Les Confidences Sonores, opus constituant la base du spectacle du même nom. Basées sur la collecte de paroles d’anonymes, les Confidences Sonores sont des moments d’intimité partagés, des morceaux de vies ordinaires magnifiés par la musique. Les Confidences sonores sont présentées dans des lieux surprenants voire prestigieux, tel le palais impérial d’Hué (Vietnam) ou encore le Manoir de Kernault à Mellac.
En 2014, Le Vallégant invite ses comparses du Vallégant Noz Unit à revisiter et à creuser la musique des Confidences sonores. Ce sera la création d’Epilogue. La musique d’Épilogue mâtinée de jazz et de musiques traditionnelles s’enrichit du témoignage, du vécu d’hommes et de femmes d’ici et d’ailleurs, pour construire un folklore imaginaire, un univers où la parole humaine simple et brute devient artistique. Des mots flashés de toutes sortes d’histoires se combinent aux rythmiques du monde et composent un choc de sons et de mots du quotidien.
En 2015, Le Vallégant, aidé par sa fille Charlotte et Antoine Le Bos (le groupe Ouest) livre sa propre confidence dans « P’tit Gus », spectacle largement autobiographique mêlant récit et musique dans lequel il dévoile une partie de l’histoire de la Bretagne entre renouveau de la culture bretonne et rejet des traditions : 1968, les premières crêtes de punks, les dernières coiffes bretonnes, le destin d’un fils de boucher devenu musicien…. Le spectacle sera joué 120 fois sur toute la France de 2015 à 2017.
En 2018 Le Vallégant écrit « Traces de bal », qui raconte l’histoire de Dany Bigoud, un chef d’orchestre en fin de vie professionnelle bouversé par un AVC, directement inspirée par la vie et les mots d’un musicien de « bals à papa », Loïc Kerdelhué, chef de l’orchestre Suspens Orchestra, à Plœmeur, dans le Morbihan.
En 2021, il prend sa retraite qu’il décide de passer dans le petit village de Kersel à Moëlan-sur-Mer.
Le 3 octobre 2025, il décède des suites d’une longue maladie. Il avait 68 ans.
