Lexique des principaux termes employés par les acteurs du premier conflit mondial et régulièrement présents dans les articles sur les Bannalécois morts pour la France – 1914-1918.
Liste des termes définis :
Abri, Active, Adjudant, Agent de liaison, Agricole (permission), Ambulance, ANZAC, Arme, Armée, Armistice, Arrière, Arsenal, Artificier, Artillerie, Artilleur, Aviation, Baïonnette, Balles, Barbelés, Barda, Barrage (tir de), Bataillon, Batterie, Bivouac, Blessés, Blessures, Blockhaus, Boche, Boucherie, Boyau, Brancardier, Brigade, Brigadier, Brusquée (attaque), Bureau de recrutement, Cagna, Calibre, Cantonnement, Capitaine, Caporal, Carnets de guerre, Casemate, Caserner, Cavalerie, Char, Charge, Chasseurs, Chef de bataillon, Chef d’escadron, Chevaux, Chiens, Cimetière militaire, Citation, Classe, Colonel, Commis et ouvriers militaires d’administration (COA), Commandant, Commission de reforme, Compagnie, Concentration (des troupes), Conscrit, Conseil (de guerre, de révision), Contrebatterie (tirs), Corps (armée, expéditionnaire), Corvée, Cote, Coup de main, Cour martiale, Course à la mer, Couverture (Division de ), Crapouillot, Cratère, Créneau, Creute, Croix de Guerre, Cuirassé, Cuirassier, Décorations, Demi section, Démobilisation, Descendre, Disparu, Distraction, Division, Drapeau, Dragon, Dreadnought, Echelles, Eclat Encagement (tirs), Enfield, Enfilade (tirs), Engagés, Engagement, Escadre, Escadrille, Escadron, Escouade, Etat-major, Exercice, Fantassin, Femmes, Feuillées, Fiche matricule, Flanquement, Fortin, Fosse commune, Fourragère, Fourrier, Fritz, Front, Fusilier marin, Garance, Garnison, Gaz, Général, Génie, Gourbi, Gouvernement militaire, Grade, Grande manoeuvre, GQG (Grand Quartier Général), Grenade, Grignotage, Grosse Bertha, Groupe d’armées, d’artillerie, Guerre de mouvement, de position, sous-marine, Guerre sur mer, Gueules cassées, Hindenburg (ligne), Hôpital, Hussards, Infanterie, Infirmier, Journal des marches et opérations, Journaux de tranchées, Lance-flammes, Lebel, Liaisons interarmes, Lieutenant, Ligne, Limoger, Livret, Marcher, Maréchal, Marmite, Masque, Médecin, Médecine, Mine, Minen, Mitrailleuse, Mobilisation, Monter, Monument aux morts, Morts pour la France, Mortier, Mutinerie, Mutin, Nettoyeur de tranchée, No man’s land, Observatoire, Obus, Obusier, Obusite, Offensive, Officier, Orient (front), Palme, Parallèle de départ, Parapet, Parc d’artillerie, Patrouille, Peloton, Percée, Permission, Perte, Pièce, Pigeon messager, Place d’arme, Place forte, Poilu, Popote, Poste, Préparation d’artillerie, Prisonniers, Pupille de la Nation, Quadriplice, Quartier général, Ravitaillement, Recrutement, Redoute, Réforme, Réfugié, Régiment, Région militaire, Relève, Repos, Réparation, Réseau Brun, Réserve, Retraite, Révision, Rocade, Roulant, Roulante Rupture (tir), Saillant, Sammies, Sape, Sapeur,Secteur, Section, Sépulture, Sergent, Servant, Service, Shrapnel, Soixante quinze(75), Sous-lieutenant, Sous-officier, Spahis, Service des Renseignements de l’artillerie (S.R.A.), Stosstruppen, Subdivision militaire, Subsistances (service des subsistances militaires), Suffocant, Tank, Taube, Teuton, Territorial, Théorie des gros, Tirailleur, Tirs d’artillerie, Tocsin, Torpille, Toxique, Traceur (obus), train des équipages, Traités, Tranchée, Travailleurs coloniaux et étrangers, Trêve, Triple-alliance ou Triplice (Contraction de Triple alliance), Triple entente, Typhoïde, U-Boot, Uhlan, Uniforme, Union sacrée, Voie sacrée, Ypérite, Zeppelin, Zone, Zouave.
Abri
Littéralement, endroit où se protège le combattant. Lors de la guerre de mouvements, les abris sont plus que précaires et se limitent bien souvent à un vague repli du terrain. Lors de la guerre de positions, il peut s’agir d’une cavité plus ou moins sophistiquée – et donc non seulement plus confortable mais protectrice en cas de bombardement – creusée à même une tranchée et dans laquelle plusieurs individus peuvent se retrancher.
Lors de bombardements ou d’attaques, les abris protégeaient les hommes des projectiles mais pouvaient être détruits par des obus de gros calibres et, quelque fois ensevelir ses occupants.
Active
L’armée d’active comprend avant la mobilisation les militaires professionnels et les conscrits effectuant leur service militaire, par opposition à la « réserve » constituée des hommes ayant déjà effectué leur service, et de la « territoriale » constituée des hommes de plus de trente-cinq ans à la mobilisation. Au fur et à mesure du conflit, et notamment sous l’effet des dramatiques pertes de l’été 1914, la distinction entre réserve et active s’estompe progressivement. Les territoriaux, en revanche, occupent généralement des secteurs de front moins exposés.
Lors de la mobilisation générale, les régiments d’infanterie d’active se dédoublent et donnent naissance à ceux de réserve, répartissant les sous-officiers et les officiers au sein des deux unités. Le régiment de réserve prend le même numéro que celui d’active en rajoutant 200. Ainsi, le régiment de réserve du 47ème de Saint-Malo est le 247ème RI.
Adjudant
Ce nom a pour origine le verbe espagnol ayudar (aider). Le mot désigna d’abord un officier en second. Au sens de sous-officier il date de 1776. Il était chargé du logement des troupes, aidait son chef dans le service intérieur et était responsable de la tenue, de la notation (et donc de l’avancement) du corps des sous-officiers de l’unité. En 1914, c’est un sous-officier chargé d’aider des militaires de grade plus élevé. L’adjudant peut être de bataillon, auquel cas il est rattaché à un capitaine adjudant-major, ou de compagnie, auquel cas il est rattaché au capitaine la commandant.
Adjudant-chef
Grade créé par la Loi du 30 mars 1912 afin d’améliorer la condition des adjudants qui ne seraient pas certains de passer sous-lieutenants. Il s’agit du grade le plus élevé chez les sous-officiers.
Adjudant-major (capitaine)
Officier spécifiquement en charge dans un bataillon de l’instruction de la troupe, il est directement rattaché au chef de bataillon. En cas d’absence, il pouvait remplacer le colonel ou le chef de bataillon.
Agent de liaison
C’était un militaire chargé de transmettre ordres et informations au sein de l’armée, en particulier lors d’une opération qui rend impossible l’usage du téléphone. Les agents de liaison interarmes (chargés de la communication entre la troupe et l’artillerie par exemple) ou interunités (d’une compagnie à une autre par exemple) n’étaient pas permanents et étaient nommés, comme le montrent de nombreux témoignages, dans l’instant, lorsque la situation l’exigeait. Cependant, certains officiers choisissaient de définir un ordre de roulement journalier ou hebdomadaire et dressaient pour cela une liste d’hommes choisis parmi leurs subordonnés. Connaissant par avance leur « tour », les hommes savaient immédiatement qui devait partir avec l’ordre à transmettre en poche, d’où, peut-être, l’impression de rôles permanents. Sur le champ de bataille, il s’agissait d’un poste particulièrement exposé. Les agents de liaison étaient importants, courageux car ils risquaient leur vie à chaque liaison…. parfois récompensés par une citation.
Il existait par ailleurs des officiers d’état-major dont la fonction principale était de transmettre ordres et rapports entre les différents échelons de commandement, ou entre un service militaire et un organisme civil (l’agent de liaison du ministère de la Guerre au GQG, par exemple).
Agricole (permission)
Congé accordé à un militaire pour qu’il participe aux travaux des champs. Ces permissions sont le plus souvent octroyées au moment des moissons et des vendanges.
Les permissions agricoles illustrent parfaitement le caractère total du Premier conflit mondial, au sens où l’effort de guerre mobilise toutes les ressources disponibles. Dans ce cadre, produire de la nourriture ou du vin qui viendront alimenter les combattants devient un véritable acte de guerre.
Au début de la Guerre, l’urgence est de pallier ponctuellement le départ des cultivateurs pour le front, avant leur retour l’année suivante. En effet, à cette date, personne n’imagine une guerre longue. Hélas, cette conviction va rapidement s’étioler, laissant place à une situation agricole critique et source de préoccupation majeure pour le gouvernement pendant les quatre années de guerre.
Plusieurs facteurs contribuent à entraver l’activité agricole, déjà fragilisée par les destructions dues aux faits de guerre. En premier lieu, les réquisitions de chevaux et de céréales, mesures inhérentes à l’état de guerre qui bouleversent l’économie.
Chaque récolte fait l’objet d’une course contre la montre qui se traduit par une intensification des moyens de battage dans les zones proches de la ligne de feu. Car il ne faut pas que les combats ruinent les récoltes ou, pire encore, que ces dernières tombent aux mains de l’ennemi.
Pour essayer de couvrir les besoins considérables des militaires, les autorités procèdent à des enquêtes locales sur l’état des stocks, contrôlent étroitement la production à partir de 1915 et invitent « ceux qui restent » à remplacer les absents. Toutes les catégories de civils sont sollicitées : les femmes, les réformés, les vieillards, les réfugiés, sans oublier les enfants et les adolescents, déjà sensibilisés au patriotisme et aux sacrifices civiques dans leur vie scolaire.
Dès 1914, le gouvernement fait venir des milliers de travailleurs étrangers et coloniaux ; une partie est assignée aux travaux des champs sous l’égide du Service de la main d’œuvre agricole. Les premières permissions agricoles sont données aux soldats restés dans les dépôts et aux territoriaux stationnant à l’arrière. Pourtant, ces efforts ne suffisent pas. En 1915, on met en place des équipes de prisonniers, nouvelle mesure qui se révèle insuffisante, leur surveillance mobilisant un trop grand effectif d’hommes.
C’est dans ce contexte qu’est adoptée le 17 juin 1915 la loi Dalbiez, ayant pour objet d’assurer la juste répartition et une meilleure utilisation des hommes mobilisés ou mobilisables. Environ 400 000 hommes sont retirés du front, affectés aux usines, aux mines ou encore aux récoltes.
Enfin, une décision du ministre de la Guerre du 1er septembre 1915 autorise les permissions agricoles de quinze jours (entre le 1er septembre et le 15 décembre), sous réserve de certaines conditions d’éligibilité. Comme les autres types de permission, ces dernières renforcent un sentiment d’inégalité dans les rangs des poilus, car leur acceptation dépend en grande partie du secteur d’affectation. En effet, seuls les soldats se trouvant en zone « calme » peuvent prétendre bénéficier de ce régime.
D’autres soldats, agriculteurs dans le civil, sont systématiquement réquisitionnés pour leurs compétences par le ministère de l’Agriculture ou expressément demandés par les maires de leurs communes d’origine.
En 1917, face à l’épuisement des réserves céréalières et à la diminution alarmante du cheptel, le gouvernement multiplie les réformes pour accélérer les récoltes. Le 12 janvier 1917, une circulaire met à disposition les hommes des classes 1888 et 1889 comme main-d’œuvre agricole pouvant bénéficier d’un détachement. Ceux-ci sont rapidement rejoints par les classes 1890-1891, toujours sous réserve de certains critères d’éligibilité.
Ambulance
Etablissement temporaire et mobile de santé destiné à recevoir et traiter les blessés. Ce terme ne doit pas être confondu avec celui désignant le véhicule servant au transport des blessés ou avec les automobiles chirurgicales et radiologiques qui sont progressivement mis au point pendant le conflit.
L’ambulance peut être déplacée selon les besoins et les mouvements du front. Installée à une douzaine de kilomètres du front, sa mobilité est la clé de son fonctionnement.
En 1914, chaque corps d’armée dispose théoriquement de 16 ambulances – une au niveau du quartier général, une par division ainsi qu’une dernière rattachée à la brigade de cavalerie – pouvant en principe recevoir plus de 8700 patients.
Une ambulance comprend 6 médecins, 1 pharmacien, 2 officiers d’administration, 28 infirmiers, 13 conducteurs, 19 chevaux, 6 voitures, 20 brancards et plus de 2.000 pansements. Elle peut avoir une capacité d’accueil de 600 lits.
ANZAC
Littéralement Australian and New-Zealand Army Corps. Acronyme regroupant encore de nos jours les combattants australiens et néo-zélandais de la Grande Guerre.
Arme
Corps de l’armée à ne pas confondre avec un corps d’armée. L’artillerie, l’infanterie ou encore le génie sont des armes ce qui suppose un esprit de corps, une culture et des traditions spécifiques. L’antagonisme entre artilleurs – supposés appartenir à une arme dite savante – et fantassins est particulièrement sensible à lecture des carnets du capitaine Leddet et est une des raisons de la faillite de la liaison interarmes au sein de l’Armée française lors de l’été 1914.
Arme chimique
Dès le début de la Première Guerre mondiale, les armes chimiques sont utilisées : en août 1914 l’armée française utilise dans des grenades une nouvelle arme : le gaz lacrymogène (créé à l’origine par la police parisienne). L’Allemagne de son côté exploite son industrie chimique et développe des armes à base de chlore.
L’escalade dans la guerre chimique est lancée en 1915 par l’emploi d’obus à gaz sur le front Est le 31 janvier 1915. Cette attaque allemande échoua à cause de la température très froide sur le front polonais qui étouffa la dispersion et les effets du gaz. Cependant le 22 avril 1915 dans les Flandres et plus précisément dans le secteur d’Ypres, l’Allemagne lance la première attaque aux gaz à grande échelle en déversant plus de 150 tonnes de chlore sous pression. Le gaz se diffusera vers les tranchées ennemies sous l’action du vent. Le nuage de gaz intoxiqua près de 15000 soldats et on dénombra plus de 1000 morts dus à cette attaque chimique.
Après cette date, la recherche et l’usage des armes chimiques s’intensifie des deux côtés de la ligne de front. Fournir un masque à gaz première guerre mondiale à tous les soldats devient alors une priorité.
En mai 1915 des attaques au phosgène, mixtures de chlore et oxyde de carbone font 6000 morts sur le front russe. Les Allemands développent une nouvelle substance à base de Brome. Dès septembre 1915, les Français font leur première attaque massive aux gaz en utilisant des obus avec du disulfure de carbone (élément très toxique à forte concentration mais qui devient inefficace lorsqu’il est diffusé dans l’air). En 1916 les obus français remplis de phosgène provoquent de lourdes pertes dans les tranchées allemandes. Et à partir de juillet 1917 le gaz moutarde utilisé par les Allemands, puis re-synthétisé par l’armée française fait de nombreuses victimes des deux côtés du front jusqu’à la fin de la guerre.
Tout au long de la première guerre mondiale l’acide cyanhydrique, l’arsine, le brome, le chlore, le phosgène et autres éléments chimiques composent des artilleries chimiques de plus en plus meurtrières. On estime à plus de 130000 tonnes les quantités d’armes chimiques utilisées lors de la première guerre mondiale, et on dénombre plus de 90000 morts dues à ce type d’armes durant le conflit.
Armée
Une armée comprend un quartier général, plusieurs corps d’armée, des divisions de cavalerie, des formations du génie (aérostiers, télégraphistes, services aéronautiques), de l’artillerie lourde, et éventuellement des divisions de réserve.
L’armée a également un service de l’arrière (D.E.S.) qui, sous le commandement d’un général directeur des étapes et des services installé à la 2e section de quartier général, est chargé du ravitaillement et de l’évacuation (grands parcs d’artillerie et du génie, convois, formations et matériel sanitaires, troupes d’étapes).
Armée d’Orient
L’arrivée de l’armée française en Grèce, à partir du début du mois d’octobre 1915 est liée à l’opération franco-britannique des Dardanelles (février 1915-janvier 1916) et à l’invasion de la Serbie par les forces armées allemandes, austro-hongroises et bulgares, de l’autre.
Après un échec naval, véritable désastre pour français et anglais, dans les détroits qu’on n’avait jamais tenté de forcer depuis 1807, lesquels étaient bien défendus par les Turcs aidés des sous-marins allemands, les lords de l’amirauté anglais se persuadèrent de la nécessité d’un débarquement et d’opérations terrestres.
Les difficultés logistiques étaient énormes (notamment le ravitaillement en eau, assuré par rotation de navire citerne depuis l’Égypte) et associaient aux combats de la Grande Guerre des combats de types coloniaux. Pire, après l’échec de Gallipoli, les Anglais et les Français se retrouvèrent débordés par les ottomans. Les Français particulièrement étaient renfermés sur une bande côtière au sol rocailleux rendant les travaux (tranchées par exemple) particulièrement compliqués.
Si durant l’année 1915, l’armée serbe s’était montrée efficace, l’entrée en guerre des Bulgares, en septembre 1915, provoqua son effondrement et le repli à Corfou. De leur côté, les troupes françaises se replièrent sur la Macédoine (Cette opération se déroula sur plusieurs semaines, du 18 décembre 1915 au 9 janvier 1916) et un autre front s’ouvrit alors, celui de Salonique qui devint un véritable camp retranché
Les premières unités de la 156ème division d’infanterie (environ 20 000 hommes) commandée par le général Bailloud débarquent à Salonique le 5 octobre. Ce débarquement signe la naissance de l’Armée d’Orient.
À partir de cette date, elle va croître en effectif et changer régulièrement d’appellation en fonction des missions qu’elle va remplir (Division de Serbie, Armée d’Orient, Armée française d’Orient, puis tout à la fois Armée d’Orient, Armée du Danube, Armée de Hongrie et, enfin, Corps d’occupation de Constantinople). Mais son effectif est étroitement lié aux opérations qui se déroulent sur le front français, considéré par le GQG français comme le front principal. C’est pourquoi, à partir du mois de février 1916 où elle compte alors 100 000 hommes, elle ne reçoit plus aucun renfort aussi longtemps que durent les batailles de Verdun (21 février 1916 – 18 décembre 1916) et de la Somme (1er juillet – 18 décembre 1916). En septembre 1918, au moment de la grande offensive finale, ses effectifs atteignent presque 200 000 hommes.
Elle compte dans ses rangs, tout au long de ces années, des unités de toutes les armées françaises, issues de l’armée métropolitaine, de l’armée d’Afrique et de l’armée coloniale, mais aussi, selon les époques, des unités grecques, italiennes, russes et même momentanément quelques unités albanaises et monténégrines. Elle est enfin complétée par des unités de la Marine nationale regroupées à partir de 1916 au sein d’une grande unité navale spécifique, la Division d’Orient.
Jusqu’à l’été 1917, l’armée d’Orient est réduite à la défensive. Mais l’entrée en guerre de la Grèce aux côtés des Alliés, le 3 juillet 1917, transforme à nouveau la situation stratégique. Un état-major interallié, sous commandement français, adapté à la direction d’une armée « multinationale » et doté de gros moyens matériels est mis en place permettant ainsi aux Alliés d’envisager une offensive.
La situation des Alliés s’améliore peu à peu. L’Empire ottoman est inquiet : sur son front d’Asie, la Grande-Bretagne occupe Jérusalem en décembre 1917 et contrôle peu à peu les territoires arabophones de l’Empire, l’Autriche, bloquée devant le front italien, et l’Allemagne, concentrée sur son offensive en France en mars 1918 retirent une partie de leurs troupes des Balkans. La Bulgarie reste donc le principal adversaire des Alliés.
Le 15 septembre 1918, l’armée d’Orient passe à l’offensive dans deux directions :
- l’action principale au centre (forces serbes et françaises) en direction de Belgrade, par Usküb (aujourd’hui Skopje) pour couper en deux les armées bulgares,
- une action secondaire (forces britanniques et grecques) à l’est vers la Bulgarie en direction de la vallée du Vardar et du lac Doiran.
Les divisions serbes progressent, appuyées par des unités grecques et françaises.
C’est dans ce cadre qu’a lieu la dernière charge de l’histoire de la cavalerie française : il s’agit du célèbre raid de la brigade à cheval des chasseurs d’Afrique du général Jouinot-Gambetta. Après avoir traversé 70 kilomètres de montagnes à près de 2000 mètres d’altitude, sans routes ni cartes ni fantassins et batteries de 75 pour les appuyer, les cavaliers foncent en direction d’Usküb, capitale de la Macédoine, prise par surprise le 29 septembre.
Le front bulgare est brisé et un armistice (le premier de la Guerre) est signé avec la Bulgarie le soir même. Le général Franchet d’Espérey poursuit vers le Nord, franchit le Danube et marche sur Bucarest, ouvrant la route vers l’Autriche.
La rupture du front de Macédoine en septembre 1918 a précipité la défaite des empires centraux en provoquant la capitulation en chaîne de la Bulgarie (29 septembre), de l’Empire ottoman (30 octobre), de l’Autriche (3 novembre) et enfin de la Hongrie qui ne signe que le 13 novembre. L’armistice du 11 novembre met fin aux combats.
Alors que la guerre s’achève à l’ouest, l’armée d’Orient poursuit le combat sur le Dniestr, en Ukraine, contre les bolchéviques. Les soldats français sont fatigués et démoralisés pour la plupart. Ils ne comprennent pas pourquoi ils doivent continuer à se battre tandis que leurs camarades du front occidental sont rentrés chez eux. Beaucoup ne se sentent pas concernés par cette guerre, dont la plupart des enjeux leur échappent complètement. Un sentiment de solidarité vis-à-vis des bolcheviks naît même chez certains soldats français. Quelques mutineries éclatent au sein de l’armée française entre le printemps et l’été 1919, notamment en Crimée. Plusieurs bâtiments sont touchés, dont le cuirassé France. Le drapeau rouge est même hissé sur le Jean-Bart et le Vergniaud. Relativement circonscrites et contenues, ces mutineries sont réprimées et les mutins condamnés.
Ce n’est qu’en octobre 1919 que les poilus d’Orient sont rapatriés.
Le bilan humain de l’armée d’Orient est catastrophique. Les pertes s’élèvent à environ 70 000 tués, disparus ou décédés de maladies, auxquels il faut ajouter 44 500 blessés et 283 500 malades dont 90 000 de maladies contagieuses (principalement le paludisme, le typhus et la dysenterie).
Renvois : Dardanelles, Mutinerie de la mer Noire
Armistice
Accord provisoire entre pays belligérants pour la suspension des combats. L’armistice du 11 novembre 1918 est signé dans le wagon de commandement du maréchal Foch, stationné en la clairière de Rethondes, non loin de Compiègne. Le 11 novembre est devenu jour férié en France en 1922.
L’armistice n’est pas la paix et celui du 11 novembre 1918 est reconduit plusieurs fois jusqu’à la signature du traité de Versailles le 28 juin 1919 qui met juridiquement fin à l’état de guerre entre la France et l’Allemagne.
Ajoutons enfin que l’armistice du 11 novembre 1918 n’est pas le seul de la Première Guerre mondiale. D’autres accords de suspension des armes sont conclus à Salonique le 29 octobre 1918 entre le général Franchet d’Esperey et la Bulgarie, sur l’île grecque de Lemnos le 30 octobre 1918 entre l’amiral britannique Calthrope et la Turquie, près de Padoue le 3 novembre 1918 entre l’Italie et l’Autriche et, enfin, à Belgrade, le 13 novembre 1918, entre des représentants français et serbes d’un côtés, hongrois de l’autre.
Arrière
Ensemble des territoires ne relevant pas du front.
Pour autant, notons que cette notion est d’autant plus difficile à circonscrire géographiquement qu’elle est particulièrement fluctuante. En effet, les raids aériens menés à bord de Zeppelins sur Londres à partir de 1915, et entraînant la mort de plus de 500 personnes, ou les bombardements sur Paris au printemps 1918, concourent à considérablement entamer cette notion d’arrière.
Finalement, l’arrière se révèle donc moins une réalité géographique et militaire qu’une représentation mentale s’opposant à une notion toute aussi floue, le front. En effet, bien que située à plusieurs centaines de kilomètres de Verdun, de la Somme ou du Chemin des Dames, la péninsule armoricaine, pour ne considérer que ce seul cas, est aux premières loges du front maritime. En définitive, l’arrière, c’est surtout, potentiellement, pour le poilu, le domaine des profiteurs de guerre et des embusqués.
Arrière-front
C’est la zone du front située en arrière des tranchées qui n’est ni le lieu des combats ni celui de la vie civile et dans laquelle sont installés les cantonnements, des bases d’entraînement, des dépôts de munitions et de nourriture, des hôpitaux, des bordels, des postes de commandements, ou des foyers de soldats dévolus aux moments récréatifs.
Arsenal
Etablissement dans lequel on produit et conserve les armes et les munitions d’artillerie.
Artificier
Artilleur spécifiquement en charge de la manipulation des poudres et explosifs. Lors d’un tir, l’artificier est celui qui indique aux pourvoyeurs quels sont dans le coffre à munitions assigné à la pièce les obus à prendre. Il vérifie que les projectiles sont bien amorcés et reçoit des pourvoyeurs les cartouches qu’il passe au chargeur.
Artillerie
Ensemble des armes collectives servant à envoyer sur l’ennemi ou ses positions des projectiles de calibres variés. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate en 1914, la France entre en guerre avec sa pièce d’artillerie maîtresse : le canon de 75. Cependant, la forme que prend le conflit dès les premiers mois apporte son lot de problèmes. En effet, l’artillerie française, au début de la Grande Guerre, manque des pièces lourdes dont l’importance devient stratégique pour détruire les positions ennemies.
Artillerie d’assaut
Appellation donnée en France aux chars d’assaut. Il s’agit de disposer de canons sur véhicules chenillés et blindés, pour parvenir jusqu’au cœur du dispositif de l’artillerie adverse et de la détruire. Les chars Schneider sont engagés dans l’offensive d’avril 1917, mais l’effet de surprise n’ayant pas joué (les Anglais ayant engagé de tels moyens dès 1916, les Allemands ont eu le temps d’étudier la riposte adaptée), ils sont décimés par l’artillerie allemande. Cet échec conduit à arrêter la construction du Schneider et à lancer celle des chars légers, Renault FT modèle 17, à tourelle. L’artillerie d’assaut prend son indépendance du reste de l’artillerie. Son personnel sera recruté dans toutes les armes et la marine. Trois bataillons seront engagés dans la forêt de Retz le 31 mai 1918. A l’armistice 3200 chars auront été livrés. Selon Ludendorff lui-même, au deuxième semestre 1917, « l’armée française est à nouveau capable de prendre l’offensive »
Artillerie de campagne
Batteries dont la vocation est de soutenir les armées en campagne sur le champ de bataille. Pendant la Première Guerre mondiale, la pièce emblématique de l’artillerie de campagne est le canon de 75.
Artillerie de forteresse
Artillerie attachée à la défense d’une place forte.
Artillerie de marine
Pièces généralement de gros calibre spécialement dévolues à la défense des ports et du littoral.
A partir de la fin de l’été 1914, alors que le risque d’un débarquement ennemi est presqu’intégralement écarté, la Marine nationale propose au ministère de la Guerre de lui céder les disponibilités d’artillerie et de personnels pour prendre part à la guerre terrestre. Un nombre important de pièces de marine sont rapatriées pour servir sur le front et toutes les troupes disponibles de l’artillerie de marine sont débarquées à terre. Elles participeront aux restes des opérations terrestres pendant la guerre.
Artillerie de montagne
Batteries spécialement dévolues au combat en montagne et de manière globale à tout théâtre non desservi par la route.
Les 1er et 2ème régiments d’artillerie de montagne furent créés en 1910 par regroupement de batteries alpines. Ils ont été engagés au Maroc entre 1912 et 1914. Dès les premiers jours d’août 1914, les régiments d’artillerie alpine à la tradition muletière quittent la frontière franco-italienne et sont engagés sur le front français.
La particularité de l’artillerie de montagne sur le front de France lors de la Première Guerre mondiale réside dans le fait que les 1er et 2ème régiments d’artillerie de montagne n’ont pas servi en tant que régiments constitués. Les unités sont employées par groupements, groupes, batteries, sections, voire pièces isolées, pour remplir toutes sortes de missions.
Les batteries d’artillerie de montagne sont présentes sur tous les champs de bataille du front : la Mortagne ; l’Alsace ; la Lorraine ; la Marne du 5 au 14 septembre 1914 ; l’Argonne ; la Somme ; l’Aisne ; les Vosges, la Champagne, Verdun.
Pendant la guerre de mouvement, le canon de 65 mm rend bien des services car il peut être transporté au plus près de la ligne de front, appuyer les fantassins montant à l’assaut depuis une tranchée de première ligne, tirer efficacement et rapidement plusieurs obus à balles et quitter aussitôt sa position de tir. Mais les équipes de pièce doivent souvent porter l’arme à dos d’homme car l’utilisation des mulets en terrain découvert se révèle désastreuse. Les artilleurs de montagne paieront, tout au long de la guerre, un lourd tribut en raison de leur exposition permanente au feu et aux balles ennemies. Leur courage dans la Grande Guerre a été récompensé par de nombreuses citations collectives et individuelles.
Artillerie de tranchée
Artillerie destinée à atteindre à partir d’une tranchée une autre tranchée, au moyen d’un tir courbe. L’arme principale de l’artillerie de tranchée est le mortier.
Ces mortiers sont la terreur des hommes et un système de guetteurs qui gardent le regard fixé en l’air est mis en place. Lorsqu’un projectile est aperçu, ces guetteurs donnent un coup de sifflet. Tout le monde cesse aussitôt toutes activités et se précipite du côté qui lui semble le moins menacé. Parfois, dans l’affolement général, le côté n’est pas le bon.
Artillerie lourde
Artillerie équipée de calibres supérieurs à 75mm.
Artillerie lourde sur voie ferrée (ALVF) :
Ce sont des pièces lourdes placées sur rail de calibres pouvant aller de 240 à 520 mm avec des portées variant de 15 à 40 km. Cette artillerie avait deux objectifs. Les canons à longue portée ont pour but de frapper derrière les positions de l’ennemi pour détruire sa logistique, ses routes et voies ferrées, ses dépôts de munitions, ses batteries d’artillerie, mais aussi perturber l’arrivée de renforts vers les premières lignes. Quant aux obusiers à grande puissance, ils doivent détruire les positions retranchées ennemies et leurs fortifications afin de créer une brèche et permettre une percée.
C’est dans la 1ère division de la R.G.A.L. que l’on trouve l’artillerie lourde sur voie ferrée (A.L.V.F.), composante stratégique constituée dès le début de la guerre, et comprenant au total 9 régiments (R.A.L.V.F.) du 70 au 78ème. Fin 1914, la France disposait de 6 pièces, au moment de l’armistice, elle en disposera de 465. L’ALVF participe à la manœuvre globale par coups de bélier successifs que le général Foch conduira en 1918.
Artillerie spéciale
Appellation donnée à l’origine en France aux chars d’assaut. En septembre 1916, l’artillerie d’assaut créée par le général Jean-Baptiste Eugène Estienne prend le nom « d’Artillerie Spéciale » (AS).
Artilleur
Militaire servant dans l’artillerie.
Aviation
Lorsque la guerre éclate, et bien que les armées françaises et allemandes se soient intéressées au sujet depuis plusieurs années, l’aviation militaire n’en est qu’à son balbutiement. Cependant, les états-majors vont très rapidement rattraper leur retard, ayant parfaitement conscience que cette nouvelle arme peut jouer un rôle très important dans la guerre moderne.
La France dispose de 160 appareils de 14 types différents et 28 escadrilles contre 260 appareils pour l’Allemagne. La production allemande a été beaucoup plus rapide, organisée et mieux gérée qu’en France.
Les premières missions qui sont confiées à l’aviation sont essentiellement des missions d’observation, de surveillance et de renseignement permettant de communiquer avec l’infanterie durant l’offensive en survolant le champ de bataille, permettant à l’artillerie de tirer sur des cibles invisibles depuis la position de tir et permettant de construire une carte du réseau de tranchée ennemi :
- Le 3 août 1914, un monoplan Taube allemand bombarde Lunéville. Quelques jours plus tard, les 14 et 18 août, les Français répliquent en bombardant des hangars à Zeppelins (ballons dirigeables) à Metz.
- Le 2 et le 3 septembre, plusieurs avions d’observation français signalent la convergence des troupes allemandes vers Paris. Bien que n’étant pas les seuls à le signaler, ils informent ainsi l’état-major français sur l’offensive allemande imminente sur la Marne. Cela conduit le général Joffre à lancer la contre-offensive qui va sauver Paris.
- Le 10 septembre, à la suite d’une reconnaissance française par avion, puis à un bombardement ajusté par avion, la moitié de l’artillerie du 16ème Corps allemand est détruite.
- Mi-septembre, le premier raid sur Paris à lieu. Quelques bombes de 90 mm sont larguées mais ne causent pas de dégâts importants.
Les bombardements par avions étant de plus en plus fréquents, il devient évident que l’aviation doit jouer un nouveau rôle, la chasse… Il faut absolument empêcher le survol de ses positions par les appareils ennemis.
Le 5 octobre, le premier combat aérien de l’histoire à lieu. Un Aviatik allemand piloté par le lieutenant Von Zangen est poursuivi et abattu près de Jonchery-sur-Vesle par un Voisin Français équipée d’une mitrailleuse Hotchkiss et piloté par le lieutenant Joseph Frantz et le caporal Louis Quénault qui remportent ainsi la première victoire aérienne de la guerre.
Au début de l’année 1915, de nombreuses escadrilles sont créées en France comme en Allemagne. L’aviation prend une part active dans les batailles de Champagne, des Eparges et d’Artois. Elle ne cesse de perfectionner à la fois ses méthodes d’actions et ses technologies. La photographie aérienne est inventée, les observations se diversifient et se multiplient.
L’aviation de bombardement s’intensifie et se spécialise. 4 escadrilles spéciales sont créées, elles utilisent des appareils de type Voisin. 5 sections d’avions-canons sont également créées. Ces appareils, essentiellement des Voisins, sont équipés sur l’avant, d’un canon de 37 mm ou de 47 mm. Leurs missions sont principalement l’attaque des Zeppelins (ballons dirigeables) et Drachens (ballons captifs), le bombardement des infrastructures à l’arrière des lignes ennemies, gares, dépôts, hangars, etc.
Le 18 avril 1915, Roland Garros qui effectue une mission de bombardement sur une voie de chemin de fer au nord de Courtrai, est abattu en vol et contraint à se poser derrière les lignes ennemies. Il est fait prisonnier et laisse aux Allemands son appareil équipé de son hélice blindée et de sa mitrailleuse fixé juste devant le siège du pilote, pointée vers le nez de l’avion, ce qui attire l’attention des Allmands
En 1917 certains avions pouvaient atteindre des plafonds supérieurs à 6 000 mètres et une vitesse moyenne de 250 km/h. Les effectifs ne cessaient de croître. Il fallait, pour tenir compte de ces données nouvelles, « étager » » la chasse, ce qui permettait l’utilisation d’un très grand nombre d’appareils.
Le 1er décembre 1917, l’armée française comptait 171 escadrilles au front et en novembre 1918 elle comptait 260 escadrilles, dont 74 escadrilles de chasse de 18 avions chacune : soit environ 4.500 appareils.
L’aviation maritime, inexistante en 1914, comptait 1.200 hydravions en 1918.
Les moyens aériens français surclassaient les moyens allemands et devaient être un des éléments décisifs de la victoire finale. En 1918, l’industrie aéronautique française occupait 190.000 personnes. Elle avait produit, (entre 1914 et fin 1918) 52.546 avions et 92.386 moteurs dont près de la moitié pendant la dernière année de guerre.
À la fin de la guerre, l’aviation est devenue une véritable arme offensive. La France a produit 51.040 avions et l’Allemagne 48.537. Malheureusement les pertes en hommes et en matériel ont été très lourdes.
Baïonnette
En 1914, la doctrine de guerre française insiste entre autres sur le combat au corps à corps. Il s’agit clairement de tuer. L’art de la baïonnette est même enseigné et pratiqué comme un sport lors de compétitions d’escrime disputées en public. Cinq types de baïonnette différents ont été utilisés par les armées françaises au cours de la guerre. Quatre étaient des « épées-baïonnettes » qui différaient par la forme de leur garde et du support de fixation, mais possédaient une longueur de lame fixe de 520 mm. Le dernier type, appelé « sabre-baïonnette » disposait d’une lame plus courte, de 400 mm.
La plus vantée des baïonnettes françaises était la Rosalie. C’est un chansonnier, amuseur public, Théodore Botrel (né le 14 septembre 1868 à Dinan et mort le 26 juillet 1925 à Pont-Aven), qui trouve le premier ce surnom affectueux de Rosalie. Si les paroles de la chanson associent gaiment cette Rosalie à la beauté d’une femme, la réalité est tout autre.
En effet, contrairement à ses homologues anglais ou allemands, la Rosalie n’est pas conçue comme une simple lame mais comme une pique cruciforme, extrêmement pointue. Sa forme ergonomique est pensée pour que le poilu puisse tourner sa baïonnette d’un quart de tour à l’intérieur du corps de son ennemi, et ainsi provoquer une hémorragie interne. L’arme est indissociable du fusil sur lequel elle est fixée : un fusil de type Lebel.
Dans l’environnement confiné des tranchées, la Rosalie, difficile à manœuvrer, finit par montrer rapidement ses limites. Son importance dans les combats décline au fil du conflit. Les poilus la remplacent progressivement lors des opérations dites de « nettoyage des tranchées » par des couteaux ou des casses têtes de bois ferrés baptisés les « Massues de tranchées ».
Balles (obus à)
L’obus à balles est une invention anglaise datant du 18e siècle. Henry Shrapnel, lieutenant de l’armée Britannique mis au point un système d’arme anti-personnel dit « boite à mitraille » pour contrecarrer les attaques de l’infanterie et de la cavalerie. On chargeait les canons avec une boîte métallique remplie de billes en fer ou en plomb. Lors du tir, la boîte se déchirait à l’intérieur du fût et les billes partaient comme de la chevrotine. L’innovation de Henry Shrapnel combine l’effet multi-projectiles avec un effet de « retard », en introduisant dans les obus une boule creuse remplie d’un mélange de billes et de poudre.
Quand l’obus explose il libère ainsi son contenu mortel ; des centaines d’éclats en fer sont projetés à très grande vitesse sur les soldats ennemis.
Ce système était très efficace pour les combats à découvert. En revanche, il l’était nettement moins pour la guerre de tranchées.
Barbelés
Fil de fer garni de pointes, dit barbelé. Elément important du « système-tranchées », placé devant les tranchées de première ligne afin d’empêcher et de ralentir l’avance des troupes adverses. Le fil barbelé est fixé sur des montants, fréquemment installé en plusieurs lignes successives, dénommés « réseaux ». Leur mise en place et leur réparation, effectuées généralement de nuit, constituent une part importante des travaux des combattants aux tranchées. Des ouvertures sont ménagées dans les barbelés afin de permettre le passage des soldats pour les patrouilles et coups de main. Les préparations d’artillerie avant une offensive ont pour but de détruire au moins partiellement les barbelés adverses mais l’artillerie se révèle bien souvent incapable de réduire à néant les réseaux de barbelés adverses. Aussi, bien que très simple, le barbelé s’affirme comme l’une des armes les plus efficaces de la Première Guerre mondiale. C’est le moyen de défense le plus rapide et le plus facile à mettre en place sur une grande étendue. De plus, il est peu onéreux, facile à produire, léger, peu encombrant avec son stockage en rouleaux, relativement facile à acheminer jusqu’aux tranchées de première ligne, pouvant être mis en place par peu d’hommes et très difficile à détruire par les bombardements. Pour toutes ces raisons, il est employé massivement.
Barda
Le soldat de 1914 part au front avec un pantalon rouge garance une veste bleue et un képi de toile. Le sac qu’il porte sur son dos (le barda), pèse 30 kg, un fusil de 4 kg, des cartouchières, maque à gaz et baïonnètte. La musette est composée de : une boite en tôle contenant le pain de guerre(ou biscuit du soldat), une conserve de viande, du potage déshydraté, du sucre et du café, du chocolat, un ouvre- boite, des couverts, un demi litre de vin, cidre ou bière et une ration d’ eau de vie. Le barda contient aussi un tournevis en acier, un nécéssaire d’entretien, une pelle – pioche, des souliers cloutés de rechange, un seau en toile, une gamelle et une tente avec ses sardines (piquets). Il renferme aussi du linge propre et du savon. Les soldats emportent des objets personnels.
Le fantassin français est sans doute le soldat de la première guerre mondiale qui est soumis à la plus grosse charge. Et rien ne sera fait pour soulager le poids formidable qu’il devra porter et l’inconfort qu’il devra supporter.
Barrage (Tir de)
1) Tir d’artillerie défensif violent et serré pour empêcher la progression de l’ennemi
2) Tir d’artillerie offensif violent et serré. Le barrage est dit roulant lorsqu’il se déploie en fonction d’un horaire arrêté à l’avance (ex. : 100 mètres toutes les trois minutes) et que l’infanterie doit suivre derrière les obus pour arriver sur les tranchées adverses avant que les défenseurs ne soient sortis de leurs abris. On ne peut arrêter la progression d’un tel barrage qui met en jeu un grand nombre de canons. Parfois l’infanterie ayant avancé trop vite tombe sous les coups de l’artillerie amie, plus fréquemment l’infanterie se trouve arrêtée par des éléments résiduels et on dit alors que « le barrage décolle », c’est-à-dire qu’il part plus en avant laissant les fantassins en rase campagne face à un ennemi qui est à nouveau en place dans ses tranchées et qui les cloue sur place. Le barrage roulant est une innovation tactique apparue à l’été 1916.
Bataillon
Fraction d’un régiment subdivisée en plusieurs compagnies. En 1915, le bataillon d’un régiment (2 ou 3 bataillons selon les cas par régiments) comprend un état-major, un petit état-major et 4 compagnies, environ 1000 hommes au total. Sur le terrain, le bataillon est une unité tactique. Dans certains cas, le bataillon est une unité autonome qui n’est donc pas comprise dans un régiment et qui relève directement du commandant de la brigade ou de la division (bataillons de chasseurs à pied ou alpins, bataillons de tirailleurs sénégalais…). Le bataillon est en général commandé par un capitaine ou un commandant.
Bataillon de marche
Unité constituée pour une mission et/ou une période donnée n’entretenant que des relations d’ordre administratif avec le régiment souche mais ayant, du point de vue militaire, une existence propre.
Le bataillon de marche du 47ème RI de Saint-Malo est par exemple l’agglomération de deux compagnies du 47ème, d’une du 132ème de Reims ainsi que d’une dernière en provenance du 155ème RI de Commercy. Si l’unité cantonne à sa création dans les environs de Saint-Malo, elle est envoyée ensuite dans la Somme puis dans le secteur de Verdun alors que le 47ème RI est lui, à la même époque, dans le Pas-de-Calais.
Batterie (d’artillerie)
Ensemble coordonné de quarte pièces d’artillerie et de tous les éléments nécessaires à leur mise en place et à leur fonctionnement : chevaux, téléphonistes, munitions… Au total, une batterie regroupe quatre officiers, 170 sous-officiers et canonniers et plus de 150 chevaux de selle et d’attelage. Une batterie d’artillerie est théoriquement aux ordres d’un capitaine.
Batterie
Ensemble coordonné de canons, faisant partie d’un régiment d’artillerie. Elle est commandée par un capitaine secondé par deux lieutenants. Elle se décompose au front en deux éléments : la batterie de tir proprement dite, sous les ordres directs du capitaine et des lieutenants, avec les quatre canons et leurs servants et les téléphonistes commandés par un brigadier ; les échelons, installés plus loin en arrière, sous les ordres d’un adjudant, qui rassemblent les chevaux et tout le matériel autre que les canons. Au repos, les deux éléments sont regroupés.
Batterie (canon en)
Un canon est dit en batterie lorsqu’il est dirigé vers l’ennemi, prêt à tirer.
Bivouac
Terme militaire qui désigne le fait d’établir un campement provisoire à l’extérieur, et, par extension, un repas ou une nuit passés dehors. Le terme tend à être davantage utilisé au début de la guerre, avant l’installation dans les tranchées, il s’applique ensuite lors des déplacements entre secteurs.
Blessés
l’arrivée dans l’un des nombreux hôpitaux où le blessé sera enfin soigné.
La première étape est le poste de secours divisionnaire, situé dans la zone des combats.
Le soldat blessé le rejoint par ses propres moyens quand il le peut (parce que, généralement, les brancardiers n’ont pas réussi à l’évacuer sous la mitraille), ou y est transporté par ses camarades dans de simples toiles de tentes qu’on empoigne aux quatre coins ou sur des brouettes porte-brancards. Les blessés sont alors triés, en fonction de la gravité de leur blessure, puis embarqués dans des camions-ambulances. Pour apaiser la douleur, on pratique des injections de morphine et d’huile de camphre.
Comme les problèmes d’évacuation des blessés aggravent considérablement la mortalité au front, grâce à l’insistance des chirurgiens, des postes chirurgicaux avancés (PCA) voient le jour : les ambulances chirurgicales. Une ambulance chirurgicale est un établissement temporaire construit souvent près du front, à environ 3 ou 5 kilomètres. En général, elle est composée d’une salle d’opération, d’une salle de pansements et d’une installation pour les radiographies. Puis viennent les Hôpitaux d’origine et d’étape (HOE) de 1ère ligne (25 km du front), de 2ème ligne (100 km) et 3ème ligne (au-delà) pour le suivi post-opératoire. Parallèlement, apparaît pour la première fois la notion essentielle de triage : on sépare les blessés légers, les blessés urgents et ceux qui vont mourir dont on s’efforce d’abréger les souffrances.
La dernière étape est le centre de convalescence à l’arrière.
Dès 1914, des hôpitaux complémentaires voient le jour à l’initiative de l’Église et des organisations caritatives comme la Croix Rouge. Ils s’installent dans des locaux de toute sorte : écoles et lycées, couvents, églises, châteaux, hôtels et casinos, etc.
En France seulement, entre 1914 et 1918, on a compté sur 8 millions de mobilisés : 3 595 000 blessés dont 1 million de pensionnés invalides permanents (300 000 mutilés, 200 000 invalides à plus de 10 %, entre 10 000 et 15 000 « gueules cassées », des infirmes, des aveugles, des gazés, des estropiés et tous les traumatisés de guerre.
Blessures
L’artillerie inflige jusqu’à 70 % – 80 % des blessures. Les éclats d’obus broient les membres, éventrent les corps, détruisent les visages. En cas d’impact direct, ils peuvent pulvériser un combattant, dont il ne reste finalement plus rien. Les fusils eux-mêmes sont beaucoup plus puissants que ceux de la guerre de 1870, leurs balles plus rapides, plus précises, plus vulnérantes. Enfin, l’utilisation massive de la mitrailleuse, tirant plusieurs centaines de balles par minute et capable d’abattre à distance, rangée après rangée, de nombreux soldats sur le champ de bataille, en terrains découverts, est dévastatrice. Près de 70% des blessures ont touché des membres.
L’émergence de ces nouvelles armes beaucoup plus efficaces et les conditions sanitaires et d’hygiène des soldats entrainent l’apparition de blessures nouvelles elles aussi.
La complication la plus redoutable des plaies de guerre est la gangrène gazeuse : les lésions profondes sont contaminées par des bactéries qui vont produire des gaz. La gangrène gazeuse se développe plus spécifiquement aux blessures des membres inférieurs. Cette pathologie entraîne l’amputation ou la mort dans bien des cas.
La Première Guerre mondiale voit aussi éclore des maladies psychologiques chez les soldats. De nombreux poilus sont atteints de troubles nerveux provoqués par l’atrocité des combats. C’est en 1914 -18 que se met en place la première médecine d’urgence psychiatrique. La psychiatrie de guerre n’en est qu’à ses balbutiements.
Blockhaus
Abri pour tireur (fusil, mitrailleuse ou canon). Construit à l’origine en madriers puis bétonné à partir de mars 1915 (le terme bunker n’apparaît qu’avec la Seconde Guerre Mondiale). Equivalent allemand de « fortin » pour les Français.
Boche, Bochie
probable qu’il s’agisse d’une « abréviation » dont l’étymologie doit probablement être rapprochée de l’ancienne tribu germanique des Alboches. Cette désignation, comme substantif ou comme adjectif, employée bien avant 1914, s’impose massivement pendant la Première guerre mondiale, aussi bien pour les civils que les combattants. Il est à noter que cette manière devenue habituelle de nommer l’adversaire ne véhicule pas nécessairement l’hostilité, et peut être employée par les combattants sans animosité. Par extension l’Allemagne peut être désignée comme la Bochie et l’Autriche-Hongrie comme l’Austrobochie.
Boucherie
Opération militaire particulièrement meurtrière. La violence des atteintes au corps humain provoquées par l’artillerie est à l’origine de cette métaphore.
Boyau
Un boyau est une voie de communication entre deux lignes de tranchées. C’est par les boyaux que « montent » et « descendent » les unités lors des relèves, non sans problèmes, dus à l’étroitesse du boyau qui peut empêcher les files d’hommes de se croiser, et aux ramifications multiples qui font s’égarer les unités.
Brancardiers
Militaires chargés spécifiquement de la relève et du transport des blessés aux tranchées et sur le champ de bataille. Leur tâche est rendue particulièrement périlleuse par la disparition progressive des trêves destinées à permettre la récupération des blessés. Ils sont parfois accompagnés par des chiens sanitaires qui aident à retrouver les blessés sur le champ de bataille. Il existe également des Groupes de Brancardiers Divisionnaires équipés de brouettes porte-brancards et de voitures hippomobiles ou automobiles. Ces GBD sont engagés lors des offensives pour développer les capacités de brancardage des unités mais également pour jouer le rôle de fossoyeurs.
Brigade
Pendant la Grande Guerre, la brigade est une unité constituée par deux ou trois régiments (selon les cas) réunis sous le commandement d’un général, mais, à partir de l’été 1914, il n’est pas rare de voir des colonels en attente de leurs étoiles les commander.
Brigadier
Se dit d’un général deux étoiles, officier commandant en principe une brigade d’infanterie. Ce terme s’emploie également à propos du sous-officier commandant une brigade de gendarmerie. Par ailleurs, dans la cavalerie, le grade de brigadier équivaut à celui de caporal dans l’infanterie.
Brusquée (attaque)
Attaque directe, sans préliminaires tels que préparation d’artillerie ou manœuvre de diversion.
Bureau de recrutement
Institution qui, dans les subdivisions militaires, a notamment la charge de l’incorporation des conscrits ou des mobilisés. A ce titre, ce sont les services des bureaux de recrutement qui remplissent les fiches matricules.
Cagna
Abri léger, dans la terre ou fait de boisages, où peuvent se tenir les combattants en cas de bombardements ou d’intempéries par exemple. Les abris de première ligne peuvent être dénommés cagnas mais c’est relativement rare, le terme s’applique davantage aux secondes lignes et en deçà. Le mot est d’origine indochinoise, sans doute transmis par des troupes coloniales.
Calibre
Diamètre intérieur d’un canon et par extension taille des projectiles envoyés.
Le calibre des pièces d’artillerie s’exprime en millimètres sauf pour les canons de marine, de siège ou à tir courbe. Le calibre s’exprime alors en centimètres.
Cantonnement
Désigne à la fois le lieu où sont stationnés les troupes hors des lignes, et la situation de celles-ci. En ce sens, c’est un synonyme partiel de « repos ». au sens où, lorsque les hommes cantonnent, ils ne sont plus en tranchées. Ce terme ne doit cependant pas tromper en ce que le « repos » dont il est question est ici tout relatif, l’essentiel du temps des poilus étant la plupart du temps partagé entre occupations domestiques (toilette, lessive…), entraînement et revues de troupe.
Les cantonnements sont le plus souvent des villages légèrement en arrière du front ; ils peuvent aussi être provisoires et faits de tentes ou de baraques Adrian. Le verbe « cantonner » désigne le fait d’être ou de s’installer au cantonnement.
Capitaine
Ce terme est emprunté au bas latin capitanous, dérivé de caput. Il apparaît au Moyen Age dans le sens de chef militaire. Il remplace alors le terme de banneret pour désigner un chef de guerriers. Sous Louis XI, il commande une bande. En 1914, c’est un officier subalterne commandant dans l’infanterie une compagnie et dans l’artillerie une batterie. Il est reconnaissable aux trois galons d’or qu’il porte sur son képi et sur ses manches.
Capitaine adjudant-major
Officier spécifiquement en charge dans un bataillon de l’instruction de la troupe, il est directement rattaché au chef de bataillon.
Caporal
Le mot est emprunté à l’italien caporale et a pour racine le latin caput (tête). Au XVe siècle, ce mot désigne un dizenier ; il s’est aussi appelé, suivant les époques : cap d ’escouade ou cap d’escadre avant de prendre sa forme définitive au XVIe siècle (vers 1550). Sous-officier jusqu’en 1818, il rentre dans la troupe par l’ordonnance du 10 mars de cette même année. En 1914, il est Commandant d’une escouade. Le grade de caporal est le premier de la hiérarchie militaire et est identifié à l’aide de deux galons de laine rouges sur chaque manche. Le caporal est un homme du rang et non pas un sous-officier.
Carnets de guerre
Les carnets de guerre sont des carnets tenus individuellement par certains soldats. Quand ils n’ont pas été perdus, ils se trouvent encore aujourd’hui aux mains des familles ou ont été déposés dans un service d’archives. Le dépôt des originaux ou d’une version numérique de ces carnets de guerre est conseillé pour assurer la conservation définitive de cette source à caractère unique qui possède une charge émotive très forte. C’est le cas des « Carnets de guerre de Louis Barthas » qui restituent dans toute son authenticité le témoignage de ce tonnelier de Peyriac-Minervois dans lequel il exprime ce que ses camarades de tranchées ressentent sans savoir le formuler, il donne à voir la guerre « d’en bas », il dresse « une véhémente protestation » contre la guerre et les horreurs qui l’accompagnent tout en témoignant des liens de solidarité et de fraternité qui unissent les hommes dans l’adversité.
Casemate
Local souterrain ou construit de telle sorte qu’il soit théoriquement à l’abri de l’artillerie.
Caserner
Verbe signifiant que telle ou telle unité tient garnison en temps de paix dans telle ou telle ville. Par exemple, le 121ème régiment d’infanterie caserne à Montluçon.
Cavalerie
Ensemble des troupes à cheval. À la veille de la guerre, l’armée française dispose d’une cavalerie qui n’est pas adaptée au conflit qui s’annonce. Deux visions de la cavalerie s’opposent alors au sein des états-majors. Il y a, d’un côté, ceux qui pensent qu’elle ne pourra plus intervenir comme au XIXe siècle face à une puissance de feu qui s’est développée depuis la guerre de 1870, de l’autre, ceux pour qui elle doit être régie comme au temps de Napoléon en étant constituée d’une cavalerie lourde et d’une cavalerie légère. Cuirassiers et dragons forment la cavalerie lourde, chargée de percer les rangs de l’infanterie adverse. La cavalerie légère (Chasseurs et Hussards), elle, est apte à poursuivre un ennemi en débandade.
La Première Guerre mondiale marque une étape décisive de l’histoire du combat à cheval, la lance se révélant dès l’été 1914 incapable de faire face au feu moderne des mitrailleuses. Cantonnée pendant la guerre de mouvements à des missions d’exploration et de reconnaissance, la cavalerie se réincarne dans l’arme blindée lors de la guerre de positions.
Renvoi : Régiment de cavalerie
Char d’assaut
Arme mobile blindée et chenillée dotée d’un canon. Synonyme : tank. Le terme « char d’assaut » apparaît durant le conflit. Leur première utilisation est l’œuvre des Anglais, à Flers dans la Somme, le 15 septembre 1916, sous le nom de « tanks ». En France, on crée en 1917 « l’artillerie spéciale » (A.S.) sous les ordres du général Estienne. Les chars français sont utilisés pour la première fois le 16 avril 1917 au Chemin des Dames où ils subissent un échec. Ils jouent ensuite un rôle militaire décisif en 1918. Leur nom ne s’impose que progressivement face aux termes « tank » et « cuirassé terrestre ».
Les modèles de chars les plus célèbres de la Première Guerre mondiale sont le Renault FT 17 ainsi que la série britannique des Mark.
Charge (d’infanterie)
Attaque baïonnette au canon, en rase campagne.
Chasseurs
Troupes légères et particulièrement mobiles pouvant être à cheval, cyclistes ou à pied. Il faut mentionner aussi les unités de chasseurs alpins et d’Afrique.
Les Chasseurs à cheval sont des soldats issus de régiments de cavalerie légère. Leur rôle est principalement de reconnaissance et d’éclairage.
Les chasseurs à pied sont généralement des hommes de petite taille, très vifs et excellents tireurs. Ils agissent en tirailleurs.
Le 1er octobre 1913, les Groupes de Chasseurs Cyclistes (GCC) sont officiellement créés. Au nombre de dix, équipés de la célèbre bicyclette pliante modèle Gérard. Les GCC sont affectés aux dix Divisions de Cavalerie.
Les missions de guerre assignées à ces chasseurs à part entière sont multiples et périlleuses. Les GCC doivent notamment suppléer à l’infériorité numérique en cavalerie, précéder la cavalerie pour former une tête de pont et lui assurer un point de passage, assurer à la cavalerie la traversée d’une zone difficile, surprendre la cavalerie adverse, protéger les cantonnements de la cavalerie quand cette dernière est au contact immédiat de l’ennemi, empêcher la cavalerie ennemie de percer, agir sur les flancs de l’armée adverse, retarder les colonnes d’infanterie et les forcer à se déployer, en arrière-garde couvrir la retraite de l’Armée, dans l’offensive occuper rapidement un point d’appui important, protéger la retraite de l’artillerie dépourvue de soutien, etc.
Renvois : Tirailleur, Régiment de cavalerie
Chef de bataillon
Officier supérieur d’infanterie dont le grade est immédiatement supérieur à celui de capitaine et qui est identifié par le port de quatre galons d’or sur le képi et les manches.
Chef d’escadron
Grade équivalent à celui de chef de bataillon dans l’artillerie, la cavalerie et le train des équipages.
Chevaux
Pendant la Première Guerre mondiale, 1 880 000 chevaux et mulets participeront à l’effort de guerre. Différents types de chevaux étaient adaptés à différents rôles militaires. Les chevaux de selle étaient utilisés dans la cavalerie et comme montures pour les officiers. Les chevaux de trait sont passés de la traction des bus à la traction de canons d’artillerie lourde ou de chariots de ravitaillement. De petits chevaux et poneys polyvalents, petits mais robustes, transportaient des obus et des munitions. Sans ces animaux travailleurs, l’armée n’aurait pas pu fonctionner.
Avant la mobilisation, les armées disposent de 190 000 chevaux. 100 000 sont affectés au transport et aux activités de corvée et 90 000, à la cavalerie. Sur les 3,5 millions de chevaux que compte alors la France, 1 million d’entre eux ont été recensés en vue d’une éventuelle mobilisation. Réquisitionnés en 17 jours, 520 000 chevaux et mulets se retrouvent sur le terrain, ce qui est considérable. Ces réquisitions ne se sont pas faites sans résistance. En effet, les propriétaires des chevaux en avaient un grand besoin au quotidien, pour le transport et pour les travaux agricoles. Elles ont entraîné également des conséquences importantes sur l’économie dès l’été 1914. Moins de bras avec les jeunes hommes valides qui partent, moins de force de travail avec la réquisition des chevaux, tout cela au moment précis où la moisson réclame les uns et les autres. C’est toute l’organisation agricole qui s’en trouve désorganisée dès le début du conflit. Il faut également prendre en compte l’attachement sincère des propriétaires pour leurs animaux.
Si la mobilisation a été une réussite sur le plan quantitatif, en revanche, sur le plan qualitatif, ce fut loin d’être le cas. Les chevaux ont été vus de manière superficielle, on n’a contrôlé ni leur âge ni leurs tares, ni diagnostiqué les femelles gravides. Le plus important pour les états-majors était d’aller vite : la guerre, selon eux, serait courte et gagner une journée pouvait être décisif. Les chevaux ont été mis dans des conditions difficiles, ce qui explique en partie les énormes pertes des trois premiers mois, où 130 000 chevaux meurent. On les a épuisés, leur faisant parcourir des distances trop importantes, la nourriture, insuffisante, ne suivait pas, les chevaux n’étaient pas dessellés pendant plusieurs jours, ce qui entraînait des blessures.
Entre 1914 et 1918, plus de 60% d’entre eux (1 140 000) périront. Et tous ne sont pas tombés sous la mitraille. Les recherches sur les causes profondes de cette hécatombe mettent en évidence le manque total de respect des règles fondamentales de l’hippologie et de la bientraitance animale et la grave insuffisance de qualité des soins vétérinaires. Chevaux intrinsèquement inaptes ou peu aptes au service de guerre, alimentation et protection contre les intempéries insuffisantes, abus d’emploi ou évacuations tardives aggravent l’état de santé des animaux et compromettent les interventions des médecins vétérinaires qui sont dirigés par le service des remontes. Ce service est chargé de recenser, fournir et préparer les chevaux nécessaires pour les unités de l’armée. La subordination des officiers vétérinaires aux officiers de remonte mène à une mauvaise gestion des chevaux malades et blessés et à un soutien vétérinaire défaillant pendant une grande partie de la guerre. Le concept de guerre courte, l’intérêt tardif du commandement militaire pour le potentiel équin des armées et la tenue à l’écart de la hiérarchie technique vétérinaire sont les causes profondes de cette hécatombe.
Chiens
Ce sont des soldats à tout faire. Ils sont en effet employés en grand nombre (100 000 participèrent au conflit) dans des tâches très diverses. Ils sont sentinelles, patrouilleurs, d’attaque, chiens de liaison ou de recherche, gardiens de prisonniers, chiens sanitaires, de trait ou ratiers, mais ils servent aussi de réconforts psychologiques et de mascottes.
En 1916, c’est un chien qui fût le seul recours des Français, encerclés en Belgique, à Thiaumont. L’état-major lui confia un message les priant de tenir jusqu’à l’arrivée de troupes prévues le lendemain. Malgré une balle reçue à la patte, notre soldat à poils prénommé Satan a bien rempli sa mission car la batterie allemande a pu être détruite.
Au sein de l’armée américaine, le « soldat » Stubby fut promu, durant la Première Guerre mondiale, sergent et décoré de la médaille de la bataille de Verdun : beau parcours militaire… pour un chien (un bull-terrier). Mais aussi, durant le conflit, il servit dans les tranchées, sur le Chemin des Dames, où il arrivait à prévenir des attaques d’obus ou par les gaz. En outre, il fit capturer un espion allemand qui se cachait au sein de son armée.
Alors qu’il était au front, Stubby fut blessé au combat, il se trouvait alors dans une tranchée. La guerre finie, à son retour aux États-Unis, il fit un retour triomphal. Stubby connut une grande notoriété aux USA et défila souvent à la tête de cortèges militaires.
Cimetière militaire
Désigne un site institutionnalisé accueillant les dépouilles de soldats tués en temps de guerre. Son architecture ainsi que sa gestion diffèrent suivant les nationalités considérées.
Citation
Terme militaire qui désigne le fait de signaler un acte valorisé (bravoure, respect des consignes, attaque réussie, attaque ennemie repoussée, exemple donné…) en « citant » le combattant ou l’unité dans l’ordre du jour. La citation peut être individuelle ou collective, et peut être faite à plusieurs échelles : citation à l’ordre du régiment, de la division, du corps d’armée, de l’armée, du Grand Quartier Général.
À la veille de la Première Guerre mondiale, peu de décorations sont distribuées dans les armées françaises. Elles récompensent principalement le temps des services, les séjours outre-mer et parfois le mérite et le courage. Au début des hostilités, le commandement distribue les décorations (croix de la Légion d’honneur et médailles militaires) avec parcimonie. En revanche, des citations à l’ordre de leurs unités sont accordées à des soldats, sous-officiers et officiers. Quelques régiments obtiennent des citations collectives et des inscriptions nouvelles sur les emblèmes. Ces récompenses individuelles et collectives, en étant inscrites au Journal officiel, sont portées à la connaissance de la Nation et de la troupe. Cependant, l’écho de ces récompenses reste faible. Certains chefs de corps prennent l’initiative de décorer leurs soldats avec des médailles non réglementaires, puis des discussions commencent à la fin de l’année 1914 pour aboutir à la loi du 8 avril 1915, qui crée une décoration dite « croix de guerre ». La croix de guerre est l’insigne de décoration sur lequel se porte la citation.
Lorsqu’un soldat mérite une récompense particulière pour sa conduite au combat, « il peut et doit », d’après le règlement, être cité à l’ordre du jour de l’armée. La citation rappelle l’action et met le récipiendaire à l’honneur : elle est publiée, lue dans toutes les formations de la grande unité concernée et inscrite au registre d’ordre du corps d’appartenance. Elle peut être attribuée à l’ordre du régiment, de la division, du corps d’armée ou de l’armée. Quand elle est collective, le texte est généralement suivi de la liste des décorations conférées aux officiers, sous-officiers et soldats qui se sont particulièrement distingués.
Renvois : Croix de Guerre, Décorations
Classe (de recrutement)
Terme de l’administration militaire passé dans le langage courant et qui désigne l’année prévue d’incorporation d’un homme appelé sous les drapeaux. La « classe 1915 » est ainsi formée des hommes nés en 1895 et dont l’incorporation est prévue au cours de l’année 1915, etc.
Colonel
Ce terme vient de l’italien « colonnello » et désigne un chef de colonne. En 1547, Henri II créé cinq « colonels et capitaines généraux des gens de pied » mais, jusqu’en 1661, le titre est réservé aux colonels généraux de l’infanterie. Les régiments sont alors commandés par des mestres de camp qui deviennent colonel quand le colonel général n’existe pas et réciproquement jusqu’en 1730. En 1788 le terme de colonel s’impose enfin. De 1793 à 1803, il devient chef de (demi-) brigade. En 1914, c’est un officier supérieur commandant théoriquement un régiment. Grade se situant juste au-dessus de celui de lieutenant-colonel – et en dessous de celui de général – il est identifiable aux cinq galons d’or pleins brodés sur les manches et le képi.
Commis et ouvriers militaires d’administration (COA)
Section qui au sein d’un corps d’armée regroupe des militaires en charge des questions d’intendance.
Renvoi : Section de commis et ouvriers d’administration
Commandant
Grade s’employant pour désigner les chefs de bataillon ou d’escadrons.
Commandant d’armes
Titre se rapportant à l’officier en charge du service de garnison. Il est en général le plus ancien dans le grade le plus élevé d’une garnison.
Commission de réforme
Institution chargée prendre la décision de rendre à la vie civile un homme jugé inapte (pour cause de maladie, de blessure ou d’âge) à la vie militaire ou, dans le cadre de la politique de récupération, de reverser dans le service armé des individus préalablement exemptés ou versés dans le service auxiliaire.
Compagnie
Subdivision d’un bataillon qui comprend 250 hommes environ, commandée généralement par un lieutenant.
Quatre sections forment une compagnie, unité de manœuvre et unité administrative, commandée par un capitaine.
Au combat, la compagnie engage parfois deux sections en première ligne et maintient les deux autres en arrière des deux autres. Petite par la taille, elle ne peut être longtemps engagée au combat, sans l’appui de réserve.
Compagnies franches
Les compagnies franches étaient des unités de volontaires mises sur pieds souvent au sein d’une brigade en vue d’une attaque particulière et dont un officier volontaire prenait le commandement. Elles bénéficiaient de certains avantages : pas de garde, pas de corvées, etc. Le groupe était constitué de plusieurs compagnies franches.
Renvoi : Corps/Groupes francs
Compagnie hors rang
Compagnie unique qui se trouve au niveau du régiment et regroupe ce qui touche au fonctionnement administratif, logistique et au commandement du régiment. On y trouve le secrétariat du colonel et de son petit état-major, les cellules traitant de l’approvisionnement en matériel, habillement, nourriture, un peloton de pionniers pour les travaux de protection, la section de brancardiers qui est en même temps la musique du régiment. Pour commander, il faut assurer les liaisons vers les supérieurs et les subordonnés, et naturellement une équipe de téléphonistes y a sa place.
Concentration (des troupes)
Rassemblement des troupes avant un engagement. En août 1914, cette phase suit la mobilisation générale et précède le grand moment du choc initial qu’est la bataille des frontières.
Conscription
Lorsqu’est décrété l’ordre de mobilisation en août 1914, les classes de 1911 à 1913, celles de réserve, mais également les classes de la territoriale et les classes de réserve de la territoriale sont les premières à être appelées sous les drapeaux. La loi du 7 août 1913, qui avait allongé la durée de la conscription à trois ans avait permis le recensement et l’examen de plus de 300 000 jeunes en 1914. En octobre, les deux tiers étaient déjà incorporés. En tout, l’armée française dispose à cette date d’un effectif de 820 000 soldats.
Malgré l’augmentation de ces contingents, il faut sans cesse trouver de nouvelles recrues pour alimenter l’énorme machine de guerre. Avec l’allongement de la durée du conflit, le gouvernement et l’armée prennent ce problème très au sérieux. Dès l’hiver 1914-1915, on fait appel aux classes par anticipation et l’armée met en place une politique de recrutement intensif. La classe 1914 arrive ainsi deux mois avant la date prévue, tandis que les classes 1916 à 1919 vont être mobilisées avec plus d’un an et demi d’avance sur la date initiale.
Car la conscription est le premier rouage des mesures imaginées pour enrôler de nouveaux soldats. En quatre ans, elle rassemble plus de 8 millions d’hommes, des classes 1887 (appelées entre mars et août 1916) à 1919 (appelées en avril 1918). La quasi-totalité des recensés sont recrutés, soit près d’1,8 million de soldats des classes 1914 à 1919. Alors que le recensement et l’examen des conscrits s’étalaient sur près de six mois en temps de paix, ils durent à peine trois mois désormais. Une fois enrôlés, les jeunes gens reçoivent une formation accélérée et sont envoyés au front.
Conseil de Guerre
Tribunal militaire prévu par le Code de Justice Militaire de 1857, destiné à juger les crimes et délits commis par des militaires. Il est formé de cinq juges, tous officiers, et ses séances, publiques, durent généralement moins d’une journée. Il existe des Conseils de Guerre d’Armée, de Corps d’Armée, de Division et de Place.
Au déclenchement de la Première Guerre mondiale, les militaires sont toujours jugés selon les articles du Code de Justice militaire de 1857 ; justice indépendante de la justice civile.
En temps de paix, la justice militaire est fondée sur des bases géographiques : un tribunal militaire dans chacune des régions militaires. Des conseils de révision sont là pour examiner les recours des conseils de guerre. Chaque conseil de guerre est composé d’un commissaire du gouvernement, un rapporteur, un greffier et un commis-greffier ainsi que sept juges désignés par le général commandant la région militaire
En temps de guerre, tout est acté pour accélérer les jugements : les conseils de guerre sont attachés à un quartier général et les décisions – les juges ne sont plus que cinq – peuvent être rendue sans délai. Les soldats, sans instruction préalable, peuvent être amenés devant un conseil de guerre une journée après les faits qui lui sont reprochés.
Dès les premières semaines de la guerre, des mesures allant dans le sens d’une sévérité accrue sont adoptées. Ainsi, par décrets des 10 et 17 août 1914, la faculté de se pourvoir en révision contre les jugements des conseils de guerre aux armées est suspendue et les autorités militaires se voient conférer le droit de faire exécuter les sentences de mort sans attendre l’avis du Président de la République. Le 1er septembre 1914, une circulaire du ministère de la Guerre réserve l’usage du droit de grâce, déjà soumis à l’approbation de la majorité des juges, au seul officier ayant assuré la mise en jugement. Enfin, le décret du 6 septembre 1914 permet l’institution de conseils de guerre spéciaux à trois juges destinés à juger, suivant une procédure simplifiée et sans possibilité de recours, les auteurs de crimes pris en flagrant délit.
Cette justice, sommaire et rapide, doit réprimer brutalement l’indiscipline, par une plus grande sévérité dans les poursuites et dans l’exécution des peines. La fin de la guerre de mouvement oblige cependant le commandement à réintroduire quelques garanties pour les accusés et limiter l’arbitraire. A la fin de l’année 1915, la disparition des conseils de guerre spéciaux est proposée par le Parlement et actée en avril 1916.
On recense entre 140 000 et 200 000 affaires devant les juridictions militaires entre 1914 et 1918. Parmi elles, on compte 2 500 condamnations à mort pour 727 exécutions. Il s’agit d’une estimation basse, dans la mesure où les dossiers judiciaires n’ont pas tous été conservés par les archives et que ne sont pas recensées ici les exécutions sommaires de soldats sur le champ de bataille par leurs officiers. Ce dernier élément est important, dans la mesure où bon nombre de soldats victimes d’exécutions sommaires ont été soit portés disparus, soit officiellement « morts pour la France », c’est-à-dire tués par l’ennemi, ce qui rend toute estimation hasardeuse.
Ces chiffres sont importants, si on les compare à ceux d’autres armées engagées : 330 pour l’armée anglaise, 750 pour l’armée italienne, 48 pour l’armée allemande (le chiffre est suspect pour les historiens), 11 pour l’armée américaine. Seule l’armée australienne, au prix d’une discipline de fer et en raison de sa composition de volontaires, ne revendique aucun fusillé « pour l’exemple ».
L’essentiel des exécutions se concentre entre août 1914 et décembre 1915 avec l’exécution effective de 495 condamnations à mort. Parmi celles-ci, deux cents ont été effectuées durant les cinq premiers mois du conflit. L’explication réside dans la situation catastrophique vécue par l’armée française au cours de ces premiers mois, contrainte de reculer dans le plus grand désordre face à l’offensive allemande. Le niveau d’exécution des condamnés à mort reste compris entre 10 et 20 par mois entre avril et octobre 1916, avant de tomber en dessous de dix par mois (exception faite du mois de juin 1917, avec 26 exécutions). On ne recense plus « que » 18 exécutions pour l’année 1918.
Conseil de révision
Institution chargée de déclarer apte ou non les jeunes hommes aux obligations militaire, que ce soit dans le service actif ou auxiliaire.
Contrebatterie (tir de)
Tir d’artillerie en réponse au feu ennemi et visant à détruire les pièces adverses.
Corps (d’armée, de cavalerie…)
Regroupement d’au moins deux divisions sous un même chef avec en plus des moyens supplémentaires en artillerie, génie et logistique. C’est normalement le niveau d’engagement minimum en opérations. Ils sont normalement regroupés au sein d’armées pour assurer leur coordination et leur collaboration sur le terrain.
En 1914, on comptait 21 Corps d’Armée, 20 qui correspondaient à une région militaire qui étaient numérotés de 1à 18 et de 20 à 21 (le 19ème n’entrait pas dans la composition des corps actifs et était établi en Afrique du Nord, Algérie et Tunisie) et un corps d’armée colonial réparti dans les ports et les gouvernements militaires de Paris et Lyon.
En 1914, l’effectif d’un Corps d’Armée est d’environ 40 000 hommes dont 30 000 combattants (28 bataillons, 56 mitrailleuses, 9000 chevaux environ, 120 canons de 75). Il est commandé par un général et comprend un quartier général, deux divisions d’infanterie, une cavalerie de corps, des formations du génie, un service de santé et vétérinaire, un parc de bétail, une prévôté.
Corps expéditionnaire
Troupe constituée par un pays et intervenant en dehors des frontières de ce pays.
Corps/groupes francs
Les compagnies franches étaient des unités de volontaires mises sur pieds souvent au sein d’une brigade en vue d’une attaque particulière et dont un officier volontaire prenait le commandement. Elles bénéficiaient de certains avantages : pas de garde, pas de corvées, récompenses en argent, décoration, promotion, mais surtout permissions. Le groupe était constitué de plusieurs compagnies franches.
Les « corps-francs » ont existé durant toute la guerre. Leur mission a consisté à rechercher du renseignement, à faire des prisonniers, à créer une insécurité sur et derrière les lignes adverses. Dans ces missions, souvent appelées « coups de main » et qui ne durent pas plus d’une demi-heure, le combat au corps à corps peut parfois devenir une nécessité. Les coups de main sont le moyen d’entretenir l’adversité et l’esprit combattif de la troupe, dont les généraux redoutent l’enlisement en même temps que celui de la guerre. Ils empêchent ainsi tout désir ou velléité de non-agression des troupes de part et d’autre du no man’s land et brisent le développement de trêves tacites existantes.
Il faut des combattants parfaitement entrainés physiquement et psychologiquement pour manier le pistolet et la grenade à très courte distance, mais aussi le poignard ou tout objet contondant. Ce type de combat est ainsi à la marge de la marge des engagements militaires durant la Grande Guerre. Il est pratiqué par de petits groupes constitués d’hommes ayant déjà un rapport à la violence et à la mort qui n’est pas du domaine commun.
Le corps à corps est aussi une nécessité pour les « nettoyeurs de tranchée » qui, après qu’une vague d’assaut a pris puis dépassé une tranchée adverse, doivent sécuriser l’espace conquis en faisant prisonniers les blessés et derniers éléments valides ennemis et en désamorçant les mines et pièges qui pourraient s’y trouver.
Renvoi : Nettoyeurs de tranchées
Corvée
Désignation générale de tous les travaux pénibles susceptibles d’être effectués par les combattants, au front comme au cantonnement. Les corvées peuvent être de nature très diverse : de cuisine, d’eau, de feuillées.
Cote
Terme militaire de topographie désignant un point donné en référence à son altitude. Certaines cotes deviennent de hauts-lieux de la Première Guerre mondiale à l’instar de la cote 304, située près du Mort-Homme, ou de la cote 344, à l’est de Samogneux.
Coup de main
Opération de faible envergure et le plus souvent nocturne menée par une dizaine d’homme visant à aller capturer dans lignes ennemies des prisonniers afin de recueillir du renseignement.
Cour Martiale
Le terme désigne des tribunaux militaires exceptionnels à la procédure simplifiée, notamment ceux créés par le gouvernement de défense nationale en 1870. Il est utilisé de manière impropre, y compris par les acteurs de l’époque pour qualifier les conseils de guerre spéciaux, au fonctionnement accéléré, établis au début de la guerre par le commandement pour renforcer sa gestion disciplinaire des troupes.
Course à la mer
En 1914, ultime développement de la guerre de mouvement situé chronologiquement entre la bataille de la Marne et les grignotages de 1915. Cette phase du conflit se déroule dans un vaste secteur entre Artois et Flandres.
Du côté français, la Course à la mer a pour objectif de contourner l’aile droite du dispositif allemand tandis que pour ces derniers il s’agit d’envelopper les alliés par leur gauche. Aussi, certains historiens ont pu noter que si cette phase de la guerre est bien une course, celle-ci est plutôt à l’aile qu’à la mer.
Couverture (Division de)
Lors de la déclaration de guerre, certaines divisions sont destinées à rejoindre sans délai la frontière pour parer à toute attaque brusquée adverse pendant que la mobilisation du reste de la Nation est en cours, ce qui demande un certain nombre de jours. Désignées dès le temps de paix, ces dernières ont un créneau géographique déterminé à l’avance avec tout leur déploiement planifié : horaire de chemins de fer pour l’acheminement, répartition sur le terrain, etc. La priorité est la vitesse et ces divisions n’attendent pas leur complément de réservistes pour se déployer. Elles assurent la « couverture » de l’armée jusqu’à ce que cette dernière ait achevé sa « concentration », c’est-à-dire sa mise en place sur pied de guerre dans des zones de terrain planifiées elles aussi par avance.
Crapouillot
Dans l’argot des poilus, ce terme désigne les différents types de mortiers de tranchée (qui ressemblent à de petits crapauds) et leurs projectiles , dont l’utilisation est croissante au cours de la guerre, leur tir courbe étant adapté à la guerre des tranchées.
Avec l’apparition de cette nouvelle arme, un grand nombre de fantassins se portent volontaires pour la servir. Ils imaginent ainsi se distinguer du reste de la troupe et espèrent échapper à l’enfer et à la monotonie des tranchées. Cependant, il va s’avérer que leur mission sera très dangereuse et qu’ils seront bien souvent plus exposés que les autres.
Rapidement, des unités d’artilleurs spécialisés dans l’artillerie de tranchée sont créées. Les hommes qui composent ces unités prennent vite le surnom de « crapouillot ». Le 18 juillet 1915, ils acquièrent officiellement un insigne de spécialité distinctif, une bombe à ailettes renversée.
En 1917, le nombre de servants de batterie de tranchée est de 50 000 hommes. Cependant, à l’été 1918, avec la reprise de la guerre de mouvement, les sections de Crapouillots n’ont plus d’utilité. Elles sont dissoutes après 3 ans d’innombrables services rendus aux côtés de fantassins.
Renvoi : Mortier
Cratère
Élément caractéristique du paysage du front, et en particulier du No Man’s Land, un cratère est provoqué par l’explosion d’un obus. Il peut constituer un abri provisoire au cours d’une attaque ou d’une patrouille.
Le cratère de Lochnagar est une des traces les mieux connues et les plus dramatiques du champ de bataille de la Somme (1er juillet 1916 – 18 décembre 1916). Cette bataille était à la base une offensive menée par les Britanniques contre les Allemands. Elle commença à La Boisselle. Les Britanniques avaient creusé un tunnel allant jusqu’aux lignes allemandes. A 16 mètres de profondeur, ils y placèrent 27 tonnes d’ammonal, qui est un explosif (le but de cette explosion étant de rompre les premières lignes allemandes). L’explosion eu lieu à 7h28 et il y eu plus de pertes chez les Britanniques (6000 morts) que chez les Allemands (600 morts). En effet, l’explosion avait projeté la terre jusqu’à 1200 mètres de hauteur qui, en retombant, ensevelit les Britanniques.
Aujourd’hui il reste un énorme cratère, témoin de cette explosion. Celui-ci est nommé Lochnagar Crater et fait 91m de diamètre, 21 m de profondeur pour 300m de circonférence.
Créneau
C’est une meurtrière placée dans le parapet de la tranchée afin de permettre l’observation du no man’s land et de tirer sur l’adversaire à travers des échancrures tout en prenant un minimum de risque.
Creute
Nom donné dans Le Soissonnais et au Chemin des Dames aux carrières souterraines creusées par les carriers afin d’extraire de la pierre calcaire servant à la construction de maisons et d’édifices publics ou cultuels. Les creutes sont nombreuses dans le Soissonnais, le Noyonnais, le Massif de Saint-Gobain et au Chemin des Dames. Durant la guerre, les creutes peuvent servir d’abri ou de cantonnement aux combattants. Une des plus célèbres est la Caverne du Dragon (Aisne). Les creutes utilisées par les Allemands avaient souvent l’électricité fournie par des groupes électrogènes, des moyens de communication et de la ventilation.
Les installations françaises étaient plus sommaires, éclairage à la bougie ou à la lampe à huile, les soldats dormaient à même le sol sur du paillage.
Croix de Guerre
Dès 1914, certaines personnalités, hommes politiques ou officiers à l’image de Driant, député de Nancy et commandant de bataillon, imaginent afin de récompenser de manière visible, les actes de courage des combattants, de créer un nouvel insigne accompagnant la citation individuelle. La Croix de Guerre est ainsi instituée par la loi du 8 avril 1915 et les décrets d’application sont publiés le 27 du même mois. Destinée à « commémorer les citations individuelles pour faits de guerre à l’ordre des armées de terre et de mer, des corps d’armée, des divisions, des brigades et des régiments », elle se décline en plusieurs modèles, avec palmes ou étoiles par exemple, selon la valeur de la citation accordée. Elle fut élargie aux unités (v. fourragère) et même à des villes (Dunkerque en octobre 1917). Les combattants, récipiendaires ou non, ont développé deux attitudes opposées face à la Croix de guerre : elle était perçue soit comme un réelle récompense estimée au regard du « devoir » accompli alors que certains, brocardent cette récompense jugée « ridicule » ou « mensongère ». Plus de deux millions de croix de guerre individuelles ont été attribuées pendant la Grande Guerre.
Renvois : Citation, Décorations, Fourragère
Cuirassé
Navire de guerre caractérisé par le blindage de la coque et une forte puissance de feu.
Renvoi : Dreadnought
Cuirassier
Un cuirassier est un cavalier militaire lourdement équipé et armé. Les cuirassiers étaient protégés par une cuirasse, ce qui leur a donné leur nom. Ils avaient vocation à charger en rangs serrés les lignes adverses, pour les bousculer et les percer. Les Cuirassiers faisaient partie de la cavalerie lourde. Au début de la Première guerre mondiale, les cuirassiers sont apparus comme les moins utilisables des cavaliers. En 1916, les cuirassiers sont transformés en « Cuirassiers à pied ». Et beaucoup de régiments sont dissous à la fin de la guerre.
Renvoi : Régiment de cavalerie
Dardanelles
Le 31 octobre 1914, l’Empire ottoman entre en guerre aux côtés de l’Allemagne et de l’Autriche-Hongrie. Les Français et les Britanniques pensent vaincre rapidement les ottomans pour prendre Constantinople et établir une liaison maritime sûre avec la Russie. Leur premier objectif est alors de contrôler le détroit des Dardanelles, unique lieu de passage entre la mer Méditerranée et la mer Noire.
En février 1915, les Alliés bombardent les positions ottomanes et déminent l’entrée du détroit des Dardanelles. Néanmoins, les Ottomans sont toujours présents. Les Alliés décident de passer en force pour atteindre rapidement Constantinople.
Le 18 mars 1915, la flotte alliée se lance à l’assaut du détroit. Mais celui-ci est parsemé de nombreux champs de mines sous-marines, et protégé par les batteries ottomanes. Plusieurs navires alliés sont coulés, tandis que les canons ottomans repoussent les dragueurs de mines.
Après l’échec de l’opération navale, les Alliés préparent un assaut terrestre pour contrôler le détroit des Dardanelles. Les troupes, constituées de Britanniques, d’Australiens, de Néo-Zélandais et de Français, se rassemblent à Lemnos. Pendant ce temps, les Ottomans, épaulés par les conseillers militaires allemands, renforcent leurs positions.
Le 25 avril, les Alliés débarquent en deux points : au cap Helles, et dans la baie de Gaba Tepe, plus au nord. Même si de nombreux soldats alliés sont fauchés par les mitrailleuses, le débarquement a lieu. À la fin de la journée, les Alliés contrôlent les plages, mais les Ottomans tiennent toujours les hauteurs. Les deux armées « s’enterrent » dans des tranchées.
Le 6 mai 1915, les Alliés lancent, depuis le cap Helles, une offensive de 20 000 hommes contre le village de Krithia, situé dans les terres. L’attaque est un échec : les défenses ottomanes semblent infranchissables. Le 19 mai, ce sont 42 000 Ottomans qui tentent de repousser les Alliés vers la mer. Mais ces derniers, au courant de l’attaque, repoussent l’offensive. Les Ottomans perdent 13 000 soldats.
Dès lors, la guerre de position reprend. Les soldats souffrent de la chaleur, de la maladie. Ils craignent les bombardements et les tirs de snipers. La bataille des Dardanelles a aussi lieu sous la mer. Les sous-marins alliés coulent de nombreux navires ottomans, mais ils sont menacés par les submersibles allemands.
Les Alliés ont pour objectif de prendre position sur les hauteurs du milieu de la péninsule de Gallipoli. Dans la nuit du 6 août, les Britanniques débarquent dans la baie de Suvla, mais restent sur les plages. Les Ottomans en profitent pour se réorganiser sur les hauteurs. L’opération alliée est un échec. Ce sera la dernière offensive de la bataille.
Avec la priorité à l’envoi de troupes sur le front de l’Ouest et le renforcement du front de Salonique, la victoire alliée est définitivement compromise dans le détroit des Dardanelles. Les Alliés décident d’évacuer la péninsule.
Avant l’évacuation dans la nuit du 7 au 8 janvier, les soldats devront encore endurer les orages d’automne puis le froid. Les Alliés laissent derrière eux plus de 50 000 morts.
La bataille a aussi été meurtrière pour les Ottomans, qui déplorent plus de 56000 victimes.
Décorations
À partir du printemps 1915, les décorations et signes distinctifs de reconnaissance se multiplient. Leur nombre augmente encore après les hostilités. Ils sont distribués aux militaires, mais aussi aux civils, hommes, femmes et enfants, aux animaux, aux villes, aux corps de troupe, etc.
Les décorations et les médailles officielles sont :
- Légion d’honneur (création en 1802) : elle symbolise le talent, le courage, le dévouement au service de la nation. Elle est la reine des décorations. Elle est administrée par la Grande chancellerie de la Légion d’honneur.
Les textes fondateurs de la Légion d’honneur ne prévoyaient pas de nomination collective. Toutefois, l’Empereur, au retour de l’île d’Elbe, accorda la Légion d’honneur à trois villes. Plus tard, Napoléon III décora les premiers drapeaux. Les remises de décorations aux collectivités entrèrent ainsi peu à peu dans la coutume et se multiplièrent pendant la Première Guerre mondiale : vingt-sept villes dont deux pendant les hostilités et dix-huit drapeaux obtinrent le droit de porter la Légion d’honneur. - Médaille militaire (création en 1852) : décoration initialement réservée aux sous-officiers, aux soldats et aux officiers généraux ayant commandé sur le champ de bataille, elle fut décernée à plus d’un million quatre cent mille militaires et marins, officiers ou soldats, la plupart du temps à titre posthume. Elle était administrée par la Grande chancellerie de la Légion d’honneur.
- Croix de guerre (création le 2 avril 1915) : elle commémore une citation individuelle obtenue par un militaire ou par un civil pour fait de guerre. Le premier Poilu à recevoir la Croix de Guerre 1914-1918 fut le Caporal Silvain Métivier le 23 février 1915. La Croix de Guerre 1914-1918 fut également décernée à titre collectif, plus de 600 unités de l’armée de terre, une quarantaine de navires de la Marine de Guerre, plus de 80 bâtiments auxiliaires et de commerce et plus de 70 escadrilles d’aviation. Á titre exceptionnel, elle fut aussi octroyée à des collectivités, villes et villages éprouvés (près de trois mille communes, la première étant Dunkerque en 1917) ainsi qu’aux drapeaux, étendards et fanions à la suite de citations collectives de l’unité.
- La fourragère est un insigne collectif, porté par tous les hommes de l’unité, institué le 21 avril 1916 en faveur des régiments et unités formant corps, cités à l’ordre de l’armée. On a distingué la fourragère aux couleurs de la croix de guerre (avril 1916) pour deux citations ; la fourragère aux couleurs de la médaille militaire (juin 1917) pour quatre à cinq citations ; la fourragère aux couleurs de la Légion d’Honneur (octobre 1917) pour 7 à 8 citations ; enfin (sept 1918), on a créé trois degrés nouveaux, marqués par des fourragères doubles, aux couleurs mixtes : Légion d’Honneur et croix de guerre de 9 à 11 citations ; Légion d’Honneur et médaille militaire de 12 à 14 ; Légion d’Honneur pour les deux cordons à partir de 15 citations.
Il s’agit d’une décoration particulièrement prestigieuse. La fourragère contribue par ailleurs fortement au développement de l’esprit de corps. - Médaille de la reconnaissance française (création en 1917) : elle récompense tous ceux qui, sans obligation légale ni militaire, ont aidé les blessés, les invalides, les réfugiés ou qui ont accompli un acte de dévouement exceptionnel en présence de l’ennemi.
- Insigne des blessés (création en 1916) : cette distinction est attribuée après la consultation d’une commission siégeant dans le chef-lieu du département où réside le demandeur
Renvois : Citations, Croix de Guerre
Demi-section
Deux escouades forment une demi-section, sous le commandement d’un sergent. La demi-section devient quelquefois une unité de manœuvre. Son effectif d’une trentaine d’hommes la désigne tout naturellement pour certaines missions spéciales (petit poste, ou élément d’avant-garde ou de flanc-garde par exemple).
Renvoi : Escouade
Démobilisation
Opération consistant à rendre à la vie civile les militaires mobilisés du fait de la guerre.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser de prime abord, et ce qu’ont d’ailleurs cru les contemporains eux-mêmes, la démobilisation n’intervient pas uniquement après l’Armistice de 1918, celle-ci n’étant pas la paix, mais tout au long de l’année 1919. Il en résulte de nombreuses protestations de la part d’hommes qui, pour certains incorporés sous les drapeaux depuis 1912 dans le cadre du service militaire, n’en peuvent plus de regagner leurs foyers.
En France, la démobilisation s’opère par classe, accordant ainsi la priorité aux plus anciens. Dès la fin novembre, les hommes les plus âgés (49 à 51 ans) peuvent rentrer dans leurs foyers. Les hommes de 32 à 48 ans sont pareillement renvoyés chez eux de décembre à avril.
Mais le processus de démobilisation est interrompu car les dirigeants alliés, qui s’alarment des réticences exprimées en Allemagne à l’égard de conditions jugées trop dures, envisagent explicitement une intervention militaire destinée à contraindre les vaincus à se soumettre.
Les classes constituant la réserve de l’armée active, c’est-à-dire comprenant les soldats de moins de 32 ans, sont alors maintenues sous les drapeaux jusqu’en juillet 1919. Si plus d’un million de soldats ont été démobilisés à cette date, l’armée française compte encore 2,5 millions d’hommes aux armées contre un peu plus de 4 millions le 11 novembre 1918. Puis la démobilisation reprend, et s’opère en 4 échelons jusqu’en septembre. C’est seulement le 14 octobre 1919 qu’est signé le décret de démobilisation générale, annulant le tristement fameux décret de mobilisation du 1er août 1914. Le renvoi des originaires des colonies s’opère de la même façon. En revanche, pour ceux, nombreux, qui ont contracté des engagements pour la durée de la guerre, leurs contrats stipulent que la démobilisation ne doit intervenir que six mois après la fin des hostilités, ce qui signifie, au mieux, le mois de mai 1919, en retenant la date de l’armistice comme date de référence. En septembre 1919, il resterait en France environ 15 000 militaires « indigènes », dont 13 000 Indochinois, surtout vietnamiens, essentiellement infirmiers et conducteurs. Ils regagnent leur pays entre septembre et novembre.
Descendre
Dans l’argot des combattants, désigne le fait de quitter les premières lignes pour l’arrière-front ou le cantonnement.
Disparu
Se dit d’un militaire n’étant plus dans son unité et dont on ignore la réalité de la situation. Le plus souvent, il s’agit de prisonniers de guerre ou de morts dont les corps n’ont pas été retrouvés. Le décès est prononcé après le conflit au moyen d’un jugement déclaratif.
Dans le monde, on estime à 1,5 millions le nombre de soldats disparus en 1919 soit 1/6 des soldats. En France, on dénombre environ 350 000 soldats dont les corps n’ont pas été retrouvés.
La distinction entre morts au combat et disparus est une distinction provisoire, que les états-majors font sur le moment, pendant la bataille, parce que ce qui les intéresse c’est le nombre de vivants qu’il peuvent envoyer au front. Ils comptent les pertes, c’est-à-dire à la fois les morts, les prisonniers et les blessés (Par exemple, à Verdun, il y a eu 700 000 pertes, mais « seulement » 300 000 morts). Par la suite, les services de l’état-civil font le tri quand ils apprennent ce que sont devenus les « disparus ».
Distraction
Distraire les soldats n’est pas une priorité du haut commandement de l’armée française, qui ne tolère cette pratique qu’avec réticence et désintérêt. Cependant distraire les hommes du front est devenu nécessaire au fur et à mesure que la guerre se prolonge. Certains loisirs de la vie civile arrivent donc jusqu’au l’arrière-front, avec l’aval du commandement militaire.
Dès l’été 1915, un lieu de divertissement est créé pour les soldats. Installé à Commercy, dans la Meuse, à 10 km des premières lignes, il est baptisé le Poilu’s Park. On y joue au football et au rugby, s’y déroulent des matches de boxe, des courses cyclistes… A l’hiver, le Poilu’s Music-Hall propose aux soldats concerts et pièces de théâtre. Sarah Bernard ou Mistinguett, stars de l’époque, fouleront la scène. A la même période, un Poilu’s Cinéma Pathé ouvre ses portes.
Les poilus s’adonnent aussi à des pratiques individuelles comme :
- La lecture : malgré la censure de guerre, de très nombreux journaux nationaux et locaux parviennent jusqu’au front. La lecture de romans est également un passe-temps très apprécié, La Débâcle d’Emile Zola, Le Prix du silence de Jean de Belcayre ou encore Le Feu d’Henri Barbusse rencontrent un vif succès. Les lectures se font souvent à voix haute, pour tout le groupe.
- La correspondance.
- La création artistique : sculpteurs, musiciens, acteurs… Ils s’occupent à créer, à sculpter. Ils récupèrent des objets sur le champ de bataille et dans les maisons abandonnées. Apparait l’artisanat de tranchées. L’aluminium, le cuivre, l’étain se transforment, par exemple, en bijoux.
Dormir est aussi devenu un « loisir » prisé. Pendant les combats, le sommeil est absent : assauts, danger des bombardements, bruits de la guerre… Dormir, dès que cela est possible.
Division
Entité militaire regroupant selon les cas deux ou trois brigades d’infanterie ou de cavalerie ainsi que des éléments d’artillerie et du génie. Théoriquement, une division comporte environ 15 000 hommes et est placée sous l’autorité d’un général de division.
La composition des divisions n’est pas fixe et peut varier suivant les périodes mais également les armées considérées. Ainsi, en France, si en 1914 la division d’infanterie comporte 4 régiments d’infanterie en 1914, elle n’en regroupe plus que trois en 1918, ce qui témoigne de l’importance croissante prise par l’artillerie durant le conflit.
La division est le plus petit échelon militaire apte à opérer de manière autonome sur un champ de bataille. Elément relativement subalterne au sein de la chaine de commandement, elle ne s’emploie que sur un front restreint.
Dragon
Le Dragon est depuis le XVIe siècle un cavalier mais ayant reçu une instruction lui permettant de combattre au sol, à pied, à la manière d’un fantassin. Il s’agit donc d’un militaire polyvalent. Il doit son nom à une arme, le « dragon », un type de mousquet à verrou utilisé au XVIe siècle.
En 1914, l’Armée française compte 32 régiments de Dragons, chiffre équivalent à l’Armée allemande. L’Autriche-Hongrie en recense pour sa part une quinzaine, contre 45 à la Russie.
Renvoi : Régiment de cavalerie
Drapeau
Pièce d’étoffe qui, placée au bout d’un espar, permet d’identifier une unité. Objet particulièrement symbolique dans la culture militaire et déterminant dans l’élaboration d’un esprit de corps, le drapeau recense généralement par la mention d’un nom de bataille et de la date qui y est attaché les haut-faits d’armes d’une unité. Sur le drapeau du 102e régiment, unité casernant à Chartres et Paris, figurent par exemple les rappels de Valmy, de la première bataille de Zurich, de Wagram et de la prise des forts du Peï-Ho en août 1860, au sein du corps expéditionnaire franco-britannique envoyé en Chine.
Dreadnought
Type de cuirassé. Le terme de cuirassé apparut peu avant 1860, d’abord comme adjectif, à la construction des premières frégates cuirassées, avant de devenir un nom en 1872 lors de la nouvelle classification.
Le dreadnought était le type prédominant de cuirassé du XXe siècle. Lorsque le navire de guerre britannique HMS Dreadnought est lancé en 1906, il n’est équipé que de gros canons monocalibre (all-big-gun) et d’un système révolutionnaire de propulsion par turbine à vapeur. Son impact est si grand que les cuirassés construits après lui en reprennent les caractéristiques et furent appelés des « dreadnoughts » et ceux construits avant des « pré-dreadnoughts ». L’arrivée des dreadnoughts relança une nouvelle course à l’armement principalement entre le Royaume-Uni et l’Allemagne mais avec des répercussions dans le monde entier, cette nouvelle classe de navire devenant un symbole important de puissance nationale. La Marine française connut plusieurs axes de développement de ce type de navire.
Les développements techniques continuèrent rapidement pendant l’ère des dreadnoughts, avec des changements dans l’armement, le blindage et la propulsion. Dix ans après la mise en service du HMS Dreadnought, des navires plus puissants étaient en train d’être construits. Ces navires furent connus sous le nom de super-dreadnoughts. La seule bataille ayant opposé des flottes de dreadnoughts fut la bataille du Jutland en 1916, engagement non décisif qui refléta la domination stratégique de la marine britannique.
La plupart des dreadnoughts furent mis à la casse après la fin de la Première Guerre mondiale, certains des super-dreadnoughts les plus avancés restèrent en service jusqu’à la Seconde Guerre mondiale.
Echelles
Les échelles disposées en première ligne contre le parapet servent à sortir de la tranchée lors d’une offensive ou d’un départ pour patrouilles et coups de main.
Renvois : Coup de main, No man’s land, Patrouille
Eclat
Fragment d’obus projeté par l’explosion de celui-ci, et qui est à l’origine d’une grande proportion des morts et des blessures parmi les combattants. 60% des pertes sur le champ de bataille de la Première Guerre mondiale ont été causées par des explosions d’obus d’artillerie. Les blessures par éclats d’obus étaient particulièrement brutales pour les soldats. De nombreux éclats se trouvent encore dans le sol des champs de bataille de la Grande Guerre.
Encagement (tir de)
Tir extrêmement dense ayant pour but d’encercler l’ennemi, de créer une sorte de cage de projectiles afin de l’isoler de tout renfort et de lui causer, finalement, des dégâts considérables.
Enfield (fusil)
Arme réglementaire des troupes britanniques et de l’ensemble des forces armées du Commonwealth durant la Première Guerre mondiale. Ce fusil de calibre 7,62mm développé en 1907 dispose de dix cartouches en magasin et offre une cadence de tir de 15 coups à la minute chez un soldat entraîné.
Enfilade (tir de)
Tir d’artillerie sur un objectif donné visant à l’atteindre dans le sens de sa longueur.
Engagé volontaire
Se dit d’une personne qui, ayant devancé l’appel, s’engage dans l’armée pour une durée allant de trois à cinq ans à la Belle époque, et pour la durée de la guerre entre 1914 et 1918.
Derrière une attitude qu’il serait tentant de considérer comme résultant résolument d’un certain consentement patriotique, se cachent pourtant bien souvent chez les acteurs de nombreuses stratégies d’évitement. Le volontariat permettant à l’engagé, à partir de 1915, de choisir son affectation, nombreux sont ceux qui optent pour l’artillerie et, ainsi, pour une arme moins exposée que l’infanterie.
Le nombre d’engagés volontaires connaît des variations importantes selon les années et présente deux tendances majeures. Une première tendance de baisse des effectifs est enregistrée de 1914 à 1915. De 26 673 engagements en 1914, leur nombre chute brutalement à 10 921 hommes en 1915. Une deuxième tendance se révèle à partir de 1915 jusqu’à la fin de la guerre. Elle se caractérise par une reprise progressive du recrutement volontaire. De 10 921 en 1915, elle atteint 19 685 hommes en 1917 pour culminer à 31 197 hommes en 1918, soit trois fois le niveau de 1915.
Engagement
Dans le vocabulaire militaire, terme désignant un combat se déroulant sur un espace délimité et sur une durée restreinte, ce qui n’empêche pas par ailleurs qu’un engagement puisse se solder par un lourd bilan. Opération se déroulant à un niveau essentiellement tactique tandis que la bataille se situe davantage à l’échelon stratégique.
Terme se rapportant également aux engagés volontaires, pour désigner leur contrat dit d’engagement.
Enlisement
A l’automne 1914, les armées qui se combattent sont de forces à peu près équivalentes et n’arrivent pas à remporter la victoire décisive rapide à laquelle ils croyaient tous. Quand les combats débouchent sur la mer du Nord en octobre 1914, plus aucune autre possibilité tactique n’existe que l’attaque frontale, obligeant les adversaires à s’enterrer pour se protéger du feu de l’ennemi. Ainsi la guerre de manœuvre ou de mouvements se transforme-t-elle en guerre de siège, de positions et de tranchées. C’est l’enlisement, au sens propre comme au sens figuré, sur une ligne continue de près de 750 km, des Vosges à la mer du Nord. Les lignes de tranchées le long du front de l’Ouest demeurèrent plus ou moins stationnaires au cours des quatre années suivantes, malgré des efforts considérables, surtout de la part de forces françaises et britanniques, pour dénouer l’impasse.
Renvoi : Tranchées
Escadre
Unité de la marine réunissant plusieurs navires et leurs équipages sous l’autorité d’un même officier.
Escadrille
Unité aérienne réunissant plusieurs pilotes et leurs appareils sous l’autorité d’un même officier.
Escadron
Equivalent dans la cavalerie d’une compagnie d’infanterie. Pour autant, l’escadron est généralement commandé par un capitaine tandis que le grade de chef d’escadron équivaut à celui de commandant.
Escouade
La plus petite unité de l’armée française, elle regroupe en théorie 15 soldats sous le commandement d’un caporal. L’escouade n’est pas une unité de manœuvre. Cette formation est regroupée, « à la manière d’une petite famille » » pour la vie courante de l’unité (couchage, distributions, cuisine et la nourriture…).
Il existe souvent un fort sentiment de camaraderie entre les membres d’une escouade. Pour refléter ce fait, le roman d’Henri Barbusse, Le feu (1916), est significativement sous-titré Journal d’une escouade.
Etat-major
Organisme chargé d’épauler le commandant d’une unité et qui, d’une certaine manière, est comparable au cabinet d’un ministre ou d’un préfet.
Au sein d’un état-major sont regroupés en bureaux un certain nombre de services tels que l’intendance où le renseignement. Exerçant généralement à partir d’un bureau, en arrière des premières lignes, l’officier d’état-major s’oppose à celui de contact qui, lui, vit avec ses hommes, dans les tranchées.
Exercice
Nom générique donné aux manœuvres, instruction des troupes et exercices exécutés par les soldats en période dite de repos. De nombreux combattants ont noté leur inutilité et leur effet négatif sur le « moral ».
Fantassin
Nom donné au militaire servant dans l’infanterie, par opposition au cavalier ou à l’artilleur.
Femmes (pendant la Première Guerre mondiale)
Participant à l’effort de guerre, les femmes ont joué un rôle fondamental durant le conflit de 1914-1918. Elles remplacent les hommes partis au front, elles s’engagent et se montrent patriotes et solidaires.
La mobilisation générale intervient en pleine période des moissons. Les Françaises vont donc devoir remplacer les hommes mobilisés dans les champs. Les récoltes, les vendanges et la préparation de la saison suivante sont au cœur de l’appel solennel du 6 août 1914 lancé aux «Femmes Françaises» par le Président de la République René Viviani qui n’imagine pas encore l’enlisement du conflit. On attend de la campagne qu’elle nourrisse le front.
Aidées par les hommes restés à l’arrière, souvent les plus faibles et les anciens, elles sont plus de trois millions d’ouvrières agricoles. Dans un monde rural où elles ont toujours travaillé, le matériel inadapté et le manque de bétail les contraignent à des tâches pénibles comme tirer la charrue ou faucher sans cheval, les animaux de traits ayant été réquisitionnés. Pour faciliter le quotidien des femmes pendant la Première Guerre mondiale, les outils mécanisés font leur apparition, comme la moissonneuse-batteuse lieuse McCormick.
Pendant la Première Guerre mondiale, les femmes jouent aussi un rôle particulier dans l’industrie. Même si elles étaient déjà présentes dans les usines, dans les secteurs du luxe, du textile, dans les conserveries et à des postes d’emballage, elles sont désormais appelées pour rejoindre les usines d’armement qui doivent alimenter le front. Surnommées les « munitionnettes », ces ouvrières subissent des conditions de travail très éprouvantes : tâches répétitives et épuisantes, journées interminables qui peuvent durer jusqu’à 14 heures d’affilée, bruit des machines, exposition à des substances toxiques… Aux maladies professionnelles s’ajoutent les accidents, fréquents chez ces ouvrières inexpérimentées. Leur rémunération est certes plus élevée que dans la plupart des autres secteurs, mais elle reste inférieure à celle des hommes. Elles tournent 2 500 obus de 75, soit 4 500 kg de métal, plus de dix heures par jour. Elles sont 15 000 en juin 1915. On en compte 684 000 deux ans plus tard.
Le reste des emplois traditionnellement réservés aux hommes est également peu à peu occupé par les femmes : conductrice de tramway, postière ou balayeuse, elles investissent le monde du travail. En 1918, 450 000 femmes travaillent en salopette et pantalon pour maintenir l’effort de guerre.
La mobilisation des femmes pendant la Première Guerre mondiale dans les usines participe au renouvellement du militantisme ouvrier. En 1916, pour éviter des mouvements de grève qui risqueraient de paralyser l’effort de guerre, le sous-secrétaire d’État de l’Artillerie et des munitions, Albert Thomas, tente de prendre les devants. Il crée un Comité de travail féminin et adresse une circulaire aux industriels afin que ces derniers assurent aux ouvrières « les conditions d’hygiène et de bien-être indispensables pour leur santé ». Il exige notamment que des « vêtements de travail appropriés » soient fournis aux travailleuses. Les manifestations se multiplient en 1917 avec 10 000 cousettes parisiennes (ouvrières de la couture) en grève pendant deux mois pour protester contre leurs salaires plus bas que ceux des munitionnettes. Elles obtiennent un congé payé supplémentaire, ainsi qu’une augmentation de salaire et des primes.
En France, en 1914, 23 000 infirmières diplômées sont réparties dans 754 hôpitaux militaires de l’arrière. Elles aident les médecins, nettoient les plaies, assistent et accompagnent ceux qui souffrent : l’infirmière est souvent le dernier contact féminin avant la mort. Surnommées les anges blancs, les infirmières de la Première Guerre mondiale sont louées pour leur dévouement et l’aide qu’elles apportent. Si les infirmières de métier sont appréciées des médecins, les jeunes engagées le sont moins, du fait de leur faible expérience et les suspicions de cupidité et de mœurs dépravées. La vie des infirmières est alors peu à peu règlementée : internat, uniforme avec voile d’inspiration religieuse, rétribution modeste.
Accédant à plus d’autonomie, les femmes s’émancipent durant la Grande Guerre. C’est d’ailleurs au sortir de la guerre que le phénomène des « garçonnes » ou « flappers » apparaît. Il s’agit de femmes aux mœurs libérées dans le sens où elles osent avoir les cheveux courts, dévoiler leurs mollets, écouter de la musique venue d’Amérique, fumer, danser ou encore conduire.
Après la guerre, de nombreux pays accordent progressivement le droit de vote aux femmes, notamment le Royaume-Uni, l’Allemagne, l’Autriche ou la Hongrie dès 1918. Toutefois, contrairement à leurs voisines, ce n’est qu’après la Seconde Guerre mondiale que les Françaises obtiendront le droit de vote. Le chemin de l’émancipation ne faisait que commencer.
Pendant la guerre de 1914 à 1918, le patriotisme féminin et le pacifisme féminin montrent l’engagement politique des femmes qui ne cessent de réclamer leur place au sein de la société. Cependant, la démobilisation des soldats à la fin de la guerre oblige les femmes à reprendre, pour la plupart, leur place d’avant-guerre. Ce fût ainsi le cas dans les usines d’armement. À peine deux jours après la signature de l’armistice du 11 novembre 1918, le ministre de l’Armement, Louis Loucheur, fait paraître une circulaire dans laquelle il invite les munitionnettes à rendre leur place aux combattants revenus du front. Cette mesure est révélatrice d’un mouvement plus général qui, une fois la guerre terminée, pousse les travailleuses à retourner au foyer (« pour y remplir leur devoir naturel d’épouses et de mères) ou aux métiers traditionnellement féminins (la couture et la domesticité notamment).
Les années qui suivent la fin de la première guerre mondiale se caractérisent ainsi par une réaction idéologique qui critique l’emploi féminin. Les travailleuses sont à la fois accusées de déserter le foyer, mais aussi, comme elles sont moins payées, de représenter une concurrence déloyale pour les hommes. Malgré la force du discours conservateur de l’entre-deux-guerres, le premier conflit mondial a ouvert aux femmes des secteurs jusqu’alors considérés comme des bastions masculins.
Feuillées
Latrines de campagne, généralement creusées dans la terre un peu à l’écart des tranchées principales. Elles sont généralement recouvertes de feuilles, d’où leur nom. Les soldats s’y rendent pour « poser culotte », selon l’expression employée alors.
Fiche matricule
Document tenu et mis à jour par les bureaux de recrutement sur lequel figurent tous les éléments relatifs à la vie militaire d’un individu, de son passage devant le Conseil de révision à son renvoi de la réserve de l’armée territoriale.
Flanquement
Tir généralement de mitrailleuses prenant de flanc une attaque adverse.
Fortin
Un fortin militaire est une sorte de petit fort, d’une taille juste suffisante pour abriter quelques hommes, construit en un point stratégique. Les Anglais auraient été les premiers concepteurs des fortins. En effet, c’est en 1398 que fut construit le premier fortin britannique à Norwich en Angleterre.
De nombreux fortins ont été construits et utilisés durant la Première Guerre mondiale, notamment sur le Front de l’Est.
Fosse commune
Durant la guerre, les inhumations collectives sont fréquentes, en particulier au début de la guerre car les pertes sont énormes et les unités ne sont pas organisées pour enterrer leurs morts. Des fosses communes peuvent être creusées à proximité des lignes. Dans l’armée française, les fosses communes contiennent 100 hommes. L’écrivain Charles Péguy a été inhumé avec ses camarades dans les premiers jours de la bataille de la Marne. Seuls les officiers disposent de sépultures individuelles.
Toutefois, l’image de ces morts anonymes amoncelés dans les fosses communes apparaît vite scandaleuse, tant du point de vue sanitaire que moral, et entraîne dès les premiers mois de la Grande Guerre une réaction populaire tant en France qu’en Allemagne : des milliers de lettres sont adressées aux états-majors demandant le droit de récupérer les corps des défunts ou leur inhumation dans le respect de leur individualité.
En France, la loi du 29 décembre 1915 institue le principe de l’inhumation des soldats « Morts pour la France » en sépulture individuelle, entretenue à perpétuité par l’État/ministère des armées. Au terme de la Première Guerre mondiale, sont ainsi créées, en France et à l’étranger, des nécropoles et des carrés militaires dans les cimetières communaux pour regrouper les dépouilles des militaires « Morts pour la France ».
Le terme de « sépultures militaires perpétuelles » ou « sépultures de guerre » désigne l’ensemble des sépultures où sont inhumées les militaires morts pour la France au cours des guerres et dont les corps n’ont pas été restitués aux familles.
Le ministère des armées assure l’entretien de plus 3 400 lieux de sépultures, en France et dans le monde où reposent environ 1 200 000 militaires français tombés au service du pays.
Renvoi : Sépultures
Fourragère
Renvoi : Décorations
Fourrier
Les fourriers étaient des officiers de la maison du roi, chargés de marquer le logement des gens de cour lors des déplacements de celle-ci. Ils servaient sous les ordres de 3 maréchaux des logis et 1 grand maréchal des logis. Par analogie, l’armée avait ses fourriers généraux et ses fourriers majors, chargé du logement des troupes. En 1914, l’emploi de fourrier est rempli par un sergent ou un caporal. Aux ordres du sergent-major, le fourrier tient toutes les écritures de la compagnie, à l’exception des punitions et du livret d’ordinaire. Les fourriers sont désignés par compagnie, à l’exception du fourrier de semaine attaché à un bataillon. Les caporaux et sergents fourriers sont exemptés d’exercices.
Fritz
Allemand pour les Français. Le terme est moins courant que « boche ».
Front
Littéralement, zone de contact avec l’ennemi. Le conflit de 1918 n’ayant plus grand-chose à voir avec celui de 1914, la notion de front se dilue et se complexifie considérablement pendant la Première Guerre mondiale. L’expression de « front intérieur » dit par exemple bien toute la difficulté qu’il y a à en donner une définition sur le strict plan géographique.
Fusilier marin
Marin spécialisé dans le combat d’infanterie et constituant l’essentiel des compagnies de débarquement de chaque navire militaire. Ainsi, bien que combattant sur terre, ces soldats sont des marins.
Surnommés les Mathurins ou encore les Demoiselles aux pompons rouges, ils sont très populaires et se rendent célèbres pendant la guerre de 1870 et, plus encore sans doute, lors de la grande crue de la Seine de janvier 1910 où une petite centaine d’homme est déployée en plein Paris et vient en aide à la population. Mais, c’est lors des combats de la Course à la mer, à l’automne 1914, que les fusiliers marins commandés par l’amiral Ronarc’h connaissent leur plus grande gloire, leurs combats menés dans la région de Dixmude, en Flandres belges, faisant l’objet d’une couverture médiatique aussi importante qu’hagiographique.
Il peut sembler étonnant que des marins soient amenés à combattre sur le front belge tels des soldats d’infanterie. Cette situation s’explique principalement parce qu’au cours des premiers mois de la guerre, les pertes de l’armée française sont énormes. Il est donc nécessaire d’utiliser tous les soldats disponibles. Or, la Marine dispose d’un excédent en hommes qu’elle met à la disposition du ministère de la Guerre. C’est ainsi que 6 585 marins, majoritairement originaires de Bretagne, iront se battre en Belgique, regroupés au sein d’une « brigade de fortune ».
La bataille de Dixmude marque l’arrêt de l’invasion allemande. Les fusiliers marins, aux côtés de 5000 Belges et 1200 Sénégalais, et face à 40 000 soldats allemands, permettront à l’armée belge d’échapper à l’encerclement et à l’armée française de résister aux tentatives d’enfoncement du front avant de le consolider jusqu’à la fin de la guerre.
Renvoi : Artillerie de Marine
Fusillés pour l’exemple
« Un soldat fusillé pour l’exemple » désigne un militaire exécuté après décision d’une juridiction militaire intervenant non seulement dans un cadre légal pour un délit précis mais aussi dans un souci d’exemplarité visant à maintenir les troupes en parfaite état d’obéissance.
Mais le terme de fusillés englobe en réalité plusieurs situations et plusieurs types de faits. Pour la plus grande part, il s’agit de militaires condamnés par un conseil de guerre, suivant les dispositions du code de justice militaire de 1857, et qu’un peloton d’exécution a passé par les armes. Ce sont pour l’essentiel des soldats du rang issus de l’infanterie.
Dès 1914, l’armée française, comme celles des autres belligérants, est confrontée aux premiers refus d’obéissance. En effet, la dureté des conditions de vie pousse les soldats à la rébellion. Puis, la guerre s’éternisant, des actes d’insoumission et de révolte individuels ou collectifs se multiplient. Ils interviennent en réaction aux échecs militaires, aux erreurs de commandement, au nombre toujours croissant de tués sur les champs de bataille. L’autorité militaire décide de juguler rapidement, grâce à une répression implacable, ces mouvements d’indiscipline et prononce différents types de sanctions et de condamnations (peines de travaux forcés, exécutions ou fusillés pour l’exemple). Mais les condamnés exécutés ne sont pas tous fusillés « pour l’exemple ». En effet, le terme de fusillés évoque plusieurs situations et plusieurs types de faits.
Il faut ajouter à ces fusillés d’autres personnes exécutées à la suite d’une condamnation en conseil de guerre, mais n’appartenant pas à l’armée française : des civils français, ainsi que des civils étrangers et des militaires allemands, le plus souvent pour faits d’espionnage. À cela, il faut encore ajouter des militaires exécutés sommairement, au front, par des officiers, généralement pour des motifs du même ordre que ceux qui motivent les condamnations à mort en bonne et due forme.
Il importe également de faire la distinction entre « fusillés » et « mutins ». La plupart des fusillés l’ont été en 1914 et 1915 (des soldats sont fusillés pour des raisons diverses, parfois bien éloignées de toute idée de mutinerie), tandis que les grandes mutineries ont eu lieu en mai-juin 1917. Selon une estimation récente, seule une petite trentaine de soldats, parmi les 40 000 à 80 000 mutins, ont été fusillés.
Pour beaucoup, ces « fusillés pour l’exemple » sont encore confondus avec ceux qui ont été considérés comme traîtres, déserteurs, qui se sont automutilés pour ne plus combattre et ont ainsi tenté de « fuir leurs responsabilités ou ce devoir impérieux de tenir les positions », comme l’indiquaient les actes d’accusation devant les conseils de guerre. Ils ont alors été passés par les armes, pour l’exemple, par leurs propres camarades sur ordre de l’état-major.
Beaucoup étaient des poilus « ordinaires », embarqués dans un conflit qui, pour certains, pouvait les dépasser, qui sont allés au bout d’eux-mêmes, souvent traumatisés par la violence des combats, le « marmitage » [bombardement], les gaz, et les grenades, dans ces tranchées et boyaux boueux si bien dépeints dans de nombreuses lettres ou de nombreux livres bien connus.
Au-delà des différences de situations entre ces hommes, ils ont subi un déni de justice : interrogatoires souvent à charge, absence presque systématique de défense par un avocat professionnel, absence de circonstances atténuantes, de droit de recours, de droit, réel, de demander grâce.
Ils n’ont pu se défendre face à une procédure implacable et jouée d’avance. Certains se sont élevés contre cette injustice, pendant et après-guerre, tentant de rendre leur honneur à leurs camarades. Ce fut le cas pour les fusillés de Souain (Marne).
Le combat pour la réhabilitation des fusillés commence dès les années de guerre. Contre les jugements rendus par contumace, Paul Meunier dépose un projet de loi en annulation en 1917. Il arrive que des prisonniers, portés déserteurs ou disparus, soient condamnés à mort alors qu’ils se trouvent dans un camp en Allemagne.
Dès la fin de la guerre, des campagnes de réhabilitation sont conduites par les familles et les associations des anciens combattants, qui sont les premiers vecteurs de la mémoire des fusillés. Elles sont soutenues par la Ligue des droits de l’Homme, qui joue un rôle prépondérant.
Une cinquantaine de ces fusillés pour l’exemple sont réhabilités dans les années 1920 et 1930, après de nombreux débats au parlement. Ce combat a permis de mettre en évidence la violence exercée par l’État et la hiérarchie militaire contre les soldats, mais aussi les diverses formes de résistance que cette violence a suscitées depuis le début.
Malgré les réhabilitations de l’après-guerre, le travail des historiens permet de retenir 639 poilus qui n’ont pu voir leur procès révisé faute de témoins ou d’éléments juridiques nouveaux.
Renvois : Conseils de guerre, Mutineries
Garance
Couleur du pantalon équipant en 1914 les soldats français et devenue, depuis, le symbole d’une certaine impréparation au conflit.
Il est vrai que lorsqu’on compare cet uniforme au feldrau des troupes allemandes, le pantalon garance semble plus relever du grognard napoléonien que du poilu. Pourtant, il apparait que son impact sur le champ de bataille, rendant celui qui le porte aisément visible, a été largement surévalué. En effet, y compris avant de recevoir le baptême du feu en août 1914, les combattants marchent pendant plusieurs jours sous une chaleur étouffante, et donc poussiéreuse, entrecoupée d’orages, générant donc de la boue. Dès lors, et dans la mesure où l’on sait que rares sont les hommes à pouvoir alors se laver, et encore moins faire leur lessive, on est en droit de douter de la vivacité du rouge des dits pantalons lorsque vient le moment du baptême du feu.
Garnison
Au sens strict, la garnison est l’ensemble des troupes stationnant dans une ville ou assurant sa défense. Par extension, ce terme désigne la ville où se trouvent en temps de paix les casernes d’une unité.
Garnison (Service de)
Dirigé par un officier prenant le titre de commandant d’armes, service pouvant être individuel (rondes, visites des hôpitaux et prisons militaires…) ou collectif (gardes et piquets…) et se rapportant au quotidien de la garnison.
Gaz
Les gaz de combat sont employés pour la première fois à une grande échelle par l’armée allemande le 22 avril 1915 dans la région d’Ypres ; malgré leur efficacité militaire incertaine passées les premières utilisations qui provoquent surprise et panique, les attaques au gaz font partie des moments les plus redoutés par les combattants. Cela tient aussi à la pénibilité du masque qu’ils doivent porter.
Les gaz de combat utilisés tout au long du conflit peuvent être divisés en plusieurs catégories suivant leur action sur l’organisme :
- Les suffocants : chlore, chloroformiate de méthyl chloré ou trichloré, disphogène Les premiers datent de début 1915. Ils agissent essentiellement sur les poumons ou ils altèrent les échanges respiratoires avec les organes. A fortes doses, les lésions peuvent êtres irrémédiables et mortelles (mort par asphyxie).
- Les irritants lacrymogènes : bromacétone, bromométhyléthylcétone …Les premiers datent de début 1915. Leurs actions sont instantanées et localisées sur les voies respiratoires et les muqueuses (yeux, nez, bouche, gorge). Ils procurent une sensation de brulure, de suffoquement, des douleurs oculaires et nasales qui mettent le sujet hors d’état de combattre. Leur périmètre d’action peut être très étendu, sur plusieurs kilomètres derrière le front. Une fois que le sujet intoxiqué a été évacuée de la nappe, les symptômes s’estompent peu à peu et dans la majeure partie des cas, ne laissent aucune séquelle.
- Les irritants sternutatoires : chlorure et cyanure de diphénylarsine, dichlorure et dibromure d’éthylarsine, méthyl dichloré et dibromé …Les premiers datent de mi 1917. Leurs actions sont sensiblement identiques à celles des irritants lacrymogènes mais ils ont néanmoins la capacité de traverser les filtres des masques à gaz en service au moment de leur invention. Ils sont élaborés à partir d’arsenic et sont à l’état solide avant leur transformation en gaz.
- Les toxiques : d’acide cyanhydrique, cyanogéne …Les premiers datent de mi 1916. Ils sont dérivés du cyanure et très toxique. Ils pénètrent dans l’organisme en traversant la paroi pulmonaire et provoquent à faible dose, des nausées et vomissements, à forte dose, la paralysie du système respiratoire, des convulsions, des émissions d’urine et de selles et la mort rapide.
- Les vésicants : sulfure d’éthyl dichloré …Les premiers datent de mi 1917. Très dangereux, ils possèdent à la fois des propriétés lacrymales et toxiques. Ils provoquent des lésions graves et irréversibles sur tous les organes avec lesquels ils sont mis en contact (brûlures et destruction de la structure cellulaire). Leur pouvoir lacrymal provoque d’intenses douleurs aux muqueuses et à la peau, leur pouvoir toxique agis gravement sur l’organisme en provoquant des œdèmes du poumon, bronchite, asthme, vomissement de sang, diarrhée hémorragique, infection du sang rendant le patient très vulnérable. Ils sont très persistants car ils imprègnent le terrain et les vêtements, ou ils peuvent rester actifs durant plusieurs semaines (plusieurs cas constatés d’intoxication par ingestion d’aliments contaminés). Leur action n’est pas immédiate, les symptômes apparaissent plusieurs heures après l’exposition.
Renvoi : Arme chimique, Ypérite
Général
Plus haut grade de l’armé. Pendant la Première Guerre mondiale, les généraux peuvent être à deux ou trois étoiles, c’est-à-dire de brigade ou de division. Les officiers commandant des corps d’armée, des armées ou même des groupes d’armée sont donc, pendant la Première Guerre mondiale, des généraux de division.
Entre 1914 et 1918, 41 généraux de l’armée française sont tués au combat, dont 4 généraux de division. Parmi les plus connus, citons Louis Loyseau de Grandmaison ou encore Georges Riberpray.
Généralissime
Terme non officiel mais employé couramment à partir de 1914 pour désigner celui qui était en réalité le « Commandant en Chef des Armées du Nord et du Nord-Est ». Le poste a été successivement occupé par trois généraux durant la guerre : Joffre, Nivelle et Pétain. Le général Foch quant à lui est devenu le « Commandant en Chef des Armées Alliées » à compter du 14 mai 1918.
Génie
Arme chargée en temps de paix de l’entretien et de la construction des bâtiments militaires. Pendant la guerre, les missions du génie sont multiples, allant de la supervision du percement de tranchées à la réparation des voies de chemin de fer en passant par la construction de fortins blindés. Il opère au plus près de la zone de combat.
Gourbi
Terme d’origine nord-africaine qui signifie « abri ». Le terme s’applique peu en première ligne, il est utilisé surtout à partir de la seconde ligne jusqu’au cantonnement. Durant la Première Guerre mondiale, le front occidental a connu une longue période de guerre de position. Des soldats français créent alors des journaux dans les tranchées afin de soutenir le moral de leurs camarades, mais également dans un esprit d’opposition au « bourrage de crâne » des grands périodiques. Est alors créé par Pierre Calel « L’Écho des Gourbis », le journal du 131e régiment d’infanterie territoriale. Dirigé par Jules Lafforgue, poète, journaliste et écrivain, et Franc Malzac à la direction artistique, il aura pour supplément le Certificat de marraine créé par L’Écho des Gourbis.
Renvoi : Abri
Gouvernement militaire
Le Gouvernement Militaire est le nom spécifique donné à deux circonscriptions militaires spécifiques de la France métropolitaine pour désigner les départements, arrondissements ou cantons qui relèvent de l’autorité du général commandant de la place de Paris (essentiellement départements de la Seine et de la Seine-et-Oise) et de celui commandant la place de Lyon (département du Rhône et communes voisines de l’Ain et de l’Isère).
Le gouverneur militaire de Paris (G.M.P) n’est responsable, avant la guerre, que de la discipline générale, du service courant et des mesures d’ordre public, les questions de mobilisation et d’instruction des troupes restant du ressort des commandants de corps d’armée stationné dans et autour de Paris. L’avance allemande en août 1914, la création du camp retranché de Paris (C.R.P) et l’afflux des troupes à proximité immédiate de la capitale entraînent l’attribution de prérogatives opérationnelles qui en font, du fait de sa proximité avec les autorités gouvernementales et les services centraux du ministère, un subordonné et/ou un interlocuteur tout à fait particulier du commandant en chef (ainsi des relations entre Joffre et Gallieni).
À partir du 2 août 1914, le général Michel lance les travaux de renforcement du Camp retranché de Paris par la construction de tranchées, de réseaux de fil de fer, d’abris et d’une centaine de batteries d’artillerie… Le 26 août, lorsque le général Gallieni devient gouverneur militaire de Paris, les positions d’infanterie et d’artillerie ne sont pas en état de fonctionner. À la fin de l’automne 1914 l’ensemble des défenses planifiées avant-guerre est achevé. Jusqu’à l’été 1915, quelques ouvrages supplémentaires viennent compléter le dispositif. À cette date, une part importante de l’armement et de l’équipement prévus pour le Camp retranché est déjà acheminée vers le front, pour compenser les pertes de ce qui est devenu une guerre de positions.
Le gouverneur militaire de Lyon, Paul Édouard Pouradier-Duteil, est également le commandant du 14ème Corps d’Armée. Après la déclaration de guerre, les fonctions sont différenciées et les compétences du gouverneur en titre sont étendues du fait de la proximité de la zone des armées et des frontières avec la Suisse et l’Italie. Il a pris part à la bataille des Frontières, opérant dans les Vosges et en Alsace. À la suite de l’issue négative des combats, le 23 août 1914, il a été remplacé par le général Joseph Louis Alphonse Baret sur la décision du chef d’État-Major des armées Joseph Joffre.
Grades (dans l’Armée française – 1914/1918)
Les grades en vigueur dans l’armée française pendant la Première Guerre mondiale sont essentiellement définis par une ordonnance datant de 1838.
TERRE et AIR | MARINE | |
Grade | Unité | |
Général d’armée | Armée | Amiral |
Général de C.A | Cors d’Armée | Vice-amiral d’escadre |
Général division | Division | Vice-amiral |
Général brigade | Brigade | Contre-amiral |
Colonel | Régiment | Capitaine de vaisseau |
Lieutenant-colonel, Adjoint Colonnel | Régiment | Capitaine de frégate |
Commandant | Bataillon | Capitaine de corvette |
Capitaine | Compagnie | Lieutenant de vaisseau |
Lieutenant | Section | Enseigne de vaisseau 1ere classe |
Sous-lieutenant | Section | Enseigne de vaisseau 2e classe |
Aspirant | Section | Aspirant |
Adjudant-chef | Section | Maître principal |
Adjudant | Section | Premier maître |
Sergent major | Demi-section | Maître |
Sergent | Demi-section | Second maître |
Caporal | Escouade | Quartier maître seconde classe |
1ere classe | Matelot breveté | |
Soldat | Matelot |
Grande manœuvre
Période d’exercice destinée, en période de paix, à simuler une action de combat. L’exemple du 47e régiment d’infanterie de Saint-Malo montre combien les grandes manœuvres de la Belle époque sont en décalage avec la réalité des affrontements qui se déclenchent à partir d’août 1914 sur les champs de bataille et témoignent assurément, en France, d’une anticipation erronée de la guerre.
GQG (Grand Quartier Général)
Le Grand Quartier général (ou GQG, ou G.Q.G.) était une structure de commandement française utilisée à l’occasion de la Première Guerre mondiale. Il a assuré le commandement de l’ensemble du corps de bataille français, d’août 1914 jusqu’à 1919. Ses principales localisations au cours de la guerre ont été d’abord Chantilly (Mais ce choix finira par être vivement critiqué par les politiques), puis Beauvais, Compiègne et pendant un certain temps, en 1918, à Provins.
Grenade
Arme de combat rapproché constitué d’une enveloppe de fonte emplie d’explosif à l’intérieur. Lancée à la main, son explosion propulse de multiples petits éclats, qui, sinon toujours meurtriers provoquent fréquemment la mise hors de combat temporaire de ceux qui en sont atteints. Son emploi ne fera qu’augmenter au cours de la guerre avec la spécialisation de section de grenadiers partant à l’assaut avec des musettes pleines de ces engins dénommés « citrons » eu égard à leur forme ovoïde et à leur aspect extérieur. La grenade allemande, elle, était fixée sur un manche de bois.
Maints combattants sont victimes d’accidents de grenades pendant la Première Guerre mondiale tant les modèles, aux caractéristiques bien entendu différentes, sont nombreux. La situation est telle que les Britanniques n’hésitent pas à qualifier ceux qui les emploient de candidats au Suicide Club.
Grignotage
Nom donné à la période des attaques partielles inutiles et coûteuses en vies humaines ordonnées par le commandement français au début de la guerre des tranchées (fin 1914-1915).
Le terme vient de l’expression attribuée à Joseph Joffre, généralissime français, face aux critiques de cette stratégie : « je les grignote ». Grignoter l’ennemi, en effet, consiste à se lancer perpétuellement à l’assaut de ses positions afin de prendre l’ascendant moral sur lui et d’entretenir, par des massacres réguliers et sans objectifs fondamentaux, le mordant de la troupe dont on craint qu’elle ne se relâche dans le confort de la défensive.
En réalité, le grignotage ne fait qu’user l’armée française et aucunement l’adversaire. En effet, ces opérations de « grignotage », localisées notamment dans les secteurs de Souain, de Perthes, de Beauséjour et Massiges, sont particulièrement meurtrières. Sans résultat, le front reste figé. À la fin de l’année 1915, on compte 320 000 morts parmi les poilus pour 3 km de gains en Artois et 5 km en Champagne. On ne peut pas vraiment parler de succès ! Cette guerre d’usure va mettre à l’épreuve tant les forces morales que matérielles des combattants. En réalité, le grignotage n’est qu’un cache-misère au désarroi du haut commandement et à la vacuité de la pensée du quartier général.
Grosse Bertha
Surnom d’une pièce d’artillerie lourde allemande. Initialement donné à un obusier conçu en 1908 par les usines Krupp, et nommé ainsi en l’honneur de Bertha Krupp (héritière du groupe), le nom est attribué par la suite, de manière erronée mais durable, au canon lourd allemand à très longue portée installé en forêt de Crépy-en-Laonnois (département de l’Aisne en Picardie), à environ 120 km de Paris. En fait, cette nouvelle arme est composée de trois canons de marine que les Allemands appellent Pariser Kanonen (canons parisiens).
La première campagne de bombardement commence le 23 mars 1918. Pendant six mois, de mars à août 1918, les obus de la Grosse Bertha ont terrorisé Paris et ensanglanté ses rues et ses boulevards. Alors que le front se trouve à plus de 100 kilomètres, ce gigantesque canon allemand parvient à envoyer 320 projectiles sur la capitale et sa banlieue, provoquant la mort de 256 personnes et en blessant 620.
Cette opération coûteuse n’a pas été une réussite pour l’armée allemande : le but réel qui était de créer la panique dans la population afin d’obliger le gouvernement français à la capitulation, n’a pas été atteint.
Groupe d’armées
Structure de commandement provisoire permettant, sur un théâtre d’opération donné, de regrouper plusieurs armées sous les ordres d’un même officier général.
Groupe d’artillerie
Ensemble de batteries d’artillerie, généralement aux ordres d’un chef d’escadron. Equivalent dans l’artillerie du bataillon d’infanterie.
Guerre de mouvements
Type de conflit caractérisé par les vastes mouvements des armées belligérantes. Lors la Première Guerre mondiale, la guerre de mouvements débute en août pour s’achever à l’automne 1914 puis reprendre au printemps 1918 jusqu’à la signature de l’Armistice.
Guerre de positions
La guerre de positions est l’antithèse de la guerre de mouvements. Lors de la Première Guerre mondiale, elle se résume à la sorte de siège mutuel qu’est la guerre tranchées et débute à l’automne 1914 pour prendre fin au printemps 1918.
Pour autant, il est important de garder à l’esprit que si le front cesse d’être mobile, les poilus ne cessent de se déplacer pendant cette phase du conflit, à l’instar par exemple de la fameuse « noria » de Verdun.
Renvoi : Noria de Verdun.
Guerre sous-marine
Le 4 février 1915, dans le but d’asphyxier la Grande-Bretagne, l’Allemagne déclare la Manche et la mer d’Irlande « zones de guerre » et se réserve, de ce fait, le droit de couler tout navire croisant en ces parages. Pour ce faire, ce sont les redoutables U-Boots qui sont en première ligne.
Le torpillage du Lusitania, un paquebot de la célèbre compagnie Cunard, le 7 mai 1915 entraîne la mort 1198 personnes dont plus de 150 Américains et l’abandon provisoire de la guerre sous-marine au commerce menée par l’Allemagne. Celle-ci reprend de plus belle – à outrance – à partir du 1er février 1917 mais ne tarde pas à s’essouffler, pour s’achever en défaite allemande en mars 1918 : à cette date, le tonnage des navires coulés par les U-Boots devient inférieur à celui des bâtiments produits par les alliés. Il n’en demeure pas moins que les pertes infligées par les sous-marins allemands sont considérables et conduisent à d’importantes transformations des marines de guerre qui, progressivement, abandonnent les grands bâtiments de type Dreadnought pour des navires plus petits mais surtout plus mobiles et moins vulnérables.
Renvoi : Guerre sur mer
Guerre sur mer
Avant 1914, les amirautés pensaient que la guerre à venir se résoudrait, comme sur terre d’ailleurs, par une immense mais brève bataille, comprise comme décisive. Non seulement il n’en fut rien mais la dimension maritime de la Première Guerre mondiale s’apparente à bien des égards, et si l’on veut bien excepter la bataille du Jutland qui se déroule en mer du Nord en mai 1916 mais ne dure que quelques heures, à une sorte de face-à-face stérile tellement les affrontements sont rares. Bloquée par la maîtrise britannique des mers, la flotte allemande hésite en effet à sortir de ses ports. Elle préfère mener une guerre de harcèlement avec ses U-Boote (sous-marins) qui, à partir de février 1917, attaquent à outrance les navires de transports, les chalutiers et toutes les embarcations de pêche. Des centaines de marins français, de pêche, de commerce ou de guerre y perdent la vie. Le seuil critique des 800000 tonnes de navires coulés par mois est franchi au mois d’avril. Une véritable psychose gagne les populations civiles des côtières et fluviales, des submersibles sont signalés dans la Tamise, à Marseille, etc. Le U-Boot est une arme redoutable à cette époque où les techniques de lutte anti-sous-marine restent à inventer.
Face à cette menace d’une grande ampleur, en raison du nombre de sous-marins allemands, les Alliés réagissent par le système des convois, adopté en janvier 1917 (qui est une défense utile, mais seule l’apparition des premiers appareils de détection par le son et l’amélioration des grenades sous-marines permettront de lutter à armes égales avec les submersibles), et par la mise en place de barrages renforcés aux points de passage des sous-marins allemands et austro-hongrois (Pas-de-Calais et Canal d’Otrante). Mais si la coopération porte ses fruits en Atlantique, la situation reste chaotique en Méditerranée où les Alliés peinent à coordonner leur action.
La Marine nationale récupère la responsabilité de la défense des ports français qui accueillent le matériel, les vivres et bientôt les soldats américains. La France est certes moins riche en cuirassés que son alliée britannique, mais elle a joué plus tôt la carte des sous-marins. Une escadre de quinze unités est basée à Cherbourg, une seconde de huit unités à Calais. Elles vont être redéployées. L’unité de Calais est dissoute, quatre sous-marins défensifs arrivent à Brest, et les autres sont transformées en escadrilles de chasse. Les sous-marins ne sont pas seuls. Il y a sur mer des patrouilleurs, des chasseurs, des dragueurs, des vedettes, des torpilleurs et contre-torpilleurs. Il y a aussi des hydravions, qui repèrent et peuvent bombarder les U-Boots, des ballons dirigeables et des ballons captifs.
La guerre sur mer a conditionné la victoire finale. C’est parce que les navires marchands et les navires de transport, tout au long de la guerre, permettent le ravitaillement des Alliés, en nourriture, en matière première, puis en hommes, que la stratégie d’étouffement menée par l’Allemagne échoue. Il n’en reste pas moins que si les Alliés pouvaient perdre la guerre par une défaite sur mer, ils ne pouvaient pas la gagner par la seule victoire sur mer. Si cette dernière est une condition de la victoire, c’est sur le front terrestre terre que se décide l’issue des conflits.
Renvoi : guerre sous-marine
Gueules cassées
Surnom donné aux blessés de la face et autres mutilés du visage de la Première Guerre mondiale. Il est à noter que contrairement à ce que l’on pourrait aujourd’hui croire, ce terme n’est en rien péjoratif. Ainsi, l’Union des blessés de la face, dont la devise est « sourire quand même » utilise elle-même ce terme de Gueules cassées.
Alors que la guerre de tranchée est établie et du fait de la modernisation de l’armement, le corps médical assiste à l’émergence d’une blessure, inconnue jusqu’alors : la blessure faciale, dont près de 14 % des blessés de guerre seront concernés au cours des quatre années du conflit.
Les fusils, les obus, les lance-flammes causent des dégâts considérables. Alors que les blessures dues aux balles occasionnent souvent des fractures, les éclats d’obus provoquent des blessures plus profondes et plus difficiles à traiter en raison de l’altération, voire la disparition totale des tissus et des os.
Après l’impact, le calvaire qui débute pour les blessés de la face est terrible. Sur le champ de bataille, ils sont parfois laissés pour morts, les brancardiers pensant que les blessures au visage condamnent le soldat. Et le blessé ne peut plus crier…
L’évacuation est également une expérience traumatisante. Les blessés mettent plusieurs heures, voire plusieurs jours avant d’atteindre un premier poste de secours, puis un hôpital de l’arrière.
Ce type de blessures étant très spécifique, il apparait rapidement indispensable de mettre en place des centres spécialisés. Ainsi, la Direction du Service de Santé organise, dans chacune des régions militaires du territoire, des services spéciaux d’ophtalmologie, d’oto-rhino-laryngologie, de prothèse maxillo-faciale, d’orthopédie …Mais l’impact de la blessure au visage va bien au-delà de l’atteinte physique, elle appelle par conséquent une prise en charge psychologique et sociale. Il s’agit de reconstruire des hommes et non seulement des visages. Et, malgré les soignants, le retour à la vie civile n’est pas facile.
Plus de 500 000 soldats furent blessés à la face et à la tête, dont 15 000 très gravement mutilés.
Hindenburg (ligne)
L’armée allemande sort épuisée par les deux grandes batailles qu’elle vient de mener (la Somme du1er juillet au 18 novembre 1916 et Verdun du 21 février au 18 décembre 1916). Elle n’est plus en mesure de l’emporter sur le front occidental par une seule guerre d’usure. Elle décide alors de construire un vaste système de défense et de fortifications au nord-est de la France dans le but de pouvoir exécuter un mouvement de repli (opération Alberich en1917), de pouvoir mieux tenir le terrain conquis, d’économiser des hommes en réduisant la longueur du front et de contrer les futures attaques alliées.
La ligne Hindenburg (appelée ainsi par les Alliés par rapport au commandant en chef de l’armée ennemie, « ligne Siegfried » par les Allemands en référence au héros de la mythologie germanique) est construite pendant l’hiver 1916-1917, dans un délai de six mois seulement (de septembre 1916 à mars 1917). La construction est réalisée par 600 000 civils français et belges astreints au travail obligatoire dans des conditions épouvantables, par des civils allemands, mais également par des prisonniers de guerre russes et roumains. A la fin de la construction, un civil sur trois est mort.
Le repli des soldats allemands débute en février 1917. Un repli qui s’accompagne de destructions programmées et systématiques de tout ce qui se trouve entre le front et la ligne Hindenburg : les bâtiments, les monuments historiques et même les arbres sont minutieusement rayés de la carte. Noyon (Oise), Ham (Somme), Péronne (Somme) et les villages alentours sont détruits. Les troupes allemandes s’acharnent particulièrement sur Chauny et Tergnier dans l’Aisne, qui sont laissées totalement en ruines. Parallèlement à ces exactions, les Allemands procèdent aux premières déportations de l’histoire du 20ème siècle : les populations civiles de la zone sont déplacées, notamment vers les Ardennes.
La nouvelle ligne de front est formée de cinq zones opérationnelles. La plus puissante d’entre elles, Siegfried, relie Lens à Reims, sur près de 160 kilomètres. C’est un système impénétrable de souterrains, de profondes tranchées, de « riegelstellung » (des perpendiculaires au tranchées qui sont destinées à compartimenter les éventuelles percées), d’abris contre les obus, de bunkers en béton armés de mitrailleuses, reliés par des tunnels et des kilomètres de réseaux de barbelés si denses qu’on ne voit pas au travers. Elle est doublée en arrière de deux autres lignes et elle dispose à trois kilomètres devant elle d’une ligne d’avant-postes, plus légèrement défendue, destinée à ralentir les troupes assaillantes.
Malgré cela, la ligne sera conquise par les Alliés durant l’offensive des Cent-Jours (du 8 août au 11 novembre 1918). À partir du 8 août, les forces de l’Empire britannique ont attaqué dans le nord de la France autour de la ville d’Amiens. Au milieu, l’armée française a poussé contre les défenses allemandes de la « Ligne Hindenburg ». A l’extrémité sud de l’attaque alliée, les Américains du général Pershing attaquent à la mi-septembre, repoussant les Allemands jusqu’à Saint-Mihiel, avant de lancer une offensive majeure le 26 septembre en Meuse-Argonne. La bataille de la Ligne Hindenburg, qui débuta le 29 septembre 1918 et s’est poursuivie jusqu’à la fin du mois d’octobre, fut une bataille majeure de cette Offensive des Cent-Jours. Elle a impliqué des divisions australiennes, britanniques et deux divisions américaines contre la ligne Hindenburg.
Hôpital annexe
Formation sanitaire de taille le plus souvent modeste, n’ayant pas d’existence administrative propre et dépendant de l’hôpital militaire le plus proche.
Hôpital auxiliaire
Formation sanitaire rattachée à un hôpital complémentaire et dont la gestion est déléguée à des sociétés d’assistance (Société de secours aux blessés militaires, Union des femmes de France…) homologuées par le ministère de la Guerre. Les hôpitaux auxiliaires sont classés en trois catégories : A, grands blessés : B, blessés de moyenne gravité ; C, blessés sans gravité et convalescents.
Hôpital bénévole
Petite structure sanitaire financée bénévolement par de riches particuliers ou certaines congrégations religieuses. Etablis le plus souvent loin du front, ces hôpitaux bénévoles servent généralement de lieux de convalescence.
Hôpital complémentaire
Formation sanitaire temporaire rattachée à un hôpital mixte.
Hôpital d’orientation et d’évacuation
Formation sanitaire de l’arrière-front assurant la distribution des blessés, suivant la gravité de leurs pathologies, entre les ambulances situées à proximité et, pour ceux qui peuvent supporter le voyage, les hôpitaux de l’arrière.
Hôpital de campagne
Formation sanitaire du Service de santé des armées destinée servir au front ou à proximité immédiate.
Hôpital militaire
Terme générique désignant toute formation sanitaire destinée aux militaires. En se basant sur l’exemple de Fougères, en Ille-et-Vilaine, Daniel Bouffort a détaillé l’organisation méticuleuse qui régit et hiérarchise ces différents établissements.
Hôpital mixte
Formation sanitaire permanente et de référence créée dans toute garnison supérieure à 300 militaires. Structure adossée à un hôpital civil et bénéficiant des infrastructures de cet établissement, tant en termes logistiques (restauration, blanchisserie, …) que pour le plateau technique (bloc opératoire, pharmacie…).
Hôpital temporaire
Appellation générique recouvrant hôpitaux auxiliaires et complémentaires.
Hussards
Subdivision de l’arme de la cavalerie. A l’origine les « housards » étaient des troupes des steppes d’Europe Centrale chargés de rechercher loin en avant la présence de l’ennemi. Acclimatées en France sous l’Ancien Régime, elles se dénommaient cavalerie légère, aptes, par petites équipes, à la reconnaissance et aux liaisons. On les opposait aux cuirassiers, troupe destinée à charger en formations massives.
Les hussards étaient des cavaliers plus spécifiquement chargés des missions d’avant-garde et de reconnaissance ou de poursuite d’un ennemi en fuite. Ils étaient reconnaissables à leur uniforme bigarré et notamment leur célèbre dolman.
En 1914, l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie comptaient chacun une vingtaine de régiments de hussards, contre 13 à la Grande-Bretagne et 14 à La France.
Infanterie
Partie de l’armée englobant de manière générale tous les militaires combattant à pied.
Infanterie de marine
Marins spécialisés dans le combat d’infanterie.
Infanterie Divisionnaire
Terme apparu entre 1916 et 1917 au fur et à mesure que les divisions d’infanterie sont passées de deux brigades d’infanterie à deux régiments à celui de trois régiments, regroupés sous les ordres d’un général ou colonel « Commandant de l’infanterie Divisionnaire X », X étant le numéro de la division concernée.
Infirmier
Renvoi : Section d’Infirmiers Militaires
Journal des marches et opérations
Sorte de journal de bord d’une unité institué par une instruction datée du 5 décembre 1874 et dont la fonction est de « relater les évènements vécus par chaque état-major et corps de troupe au cours de la campagne entreprise, sans commentaire ni appréciations personnelles ».
Mis en ligne depuis 2008 par le Service historique de la défense, ces journaux de marches et opérations constituent une source essentielle pour l’histoire militaire même si, dans son étude classique Anatomie de la Bataille, John Keegan appelle à s’en méfier, au risque de tomber dans une description peu réaliste et surtout monolithique des opérations.
Journaux de tranchées
Les journaux de tranchées apparaissent à la fin de l’année 1914, lorsque la guerre de position succède à la guerre de mouvement. Sur le front stabilisé, ils sont rédigés par les poilus eux-mêmes pour les poilus, au cours des moments de répit. Plus de la moitié d’entre eux sont écrits en première ligne entre une attaque, un bombardement ou une alerte aux gaz, dans des abris de fortune ; les autres au repos entre deux montées en lignes. Ils sont soigneusement calligraphiés ou laborieusement dactylographiés, puis décorés, et illustrés malgré le froid, la pluie et la fatigue qui brouillent la vue et engourdissent les doigts, avant d’être dupliqués à la gélatine, ronéotés ou imprimés avec des moyens de fortune.
Leur nombre croît rapidement à partir de 1915. On évalue à environ cinq cents le nombre de titres sortis durant le conflit au sein de l’armée française : Rigolboche, L’Écho des Tranchées, La Roulante, Le Poilu déchaîné, le Canard du boyau, L’Écho des gourbis, Marmita, La Guerre joviale. Grenadia est le journal de tranchée du 41e régiment d’infanterie. Mais leur diffusion reste limitée en raison de l’isolement des unités et de leurs fréquents déplacements. Certains ont une durée de vie très courte et ne comptent que quelques numéros. D’autres paraissent tout au long de la guerre.
Les journaux de tranchées sont encouragés et contrôlés par les autorités militaires qui procurent le matériel nécessaire à leur fabrication. Ils apparaissent comme un moyen se soutenir le moral des soldats et de lutter contre le cafard et l’ennui qui les guettent. Ils contiennent des articles, des jeux de mots, des parodies, des récits fantaisistes, des poèmes et des chansons. Certains sont abondamment illustrés. Le cynisme rigolard, la verve gouailleuse et l’humour noir de leurs propos révèlent un certain « état d’esprit poilu » et renforcent la cohésion de groupe. Malgré une apparente liberté de ton, ils ne remettent pas ouvertement en cause la situation de guerre. Ils traduisent, cependant, la volonté d’échapper à l’enfer des combats par l’écriture et le rire et constituent un témoignage unique sur les conditions de vie et les mentalités de combattants.
Lance-flammes :
Autrement appelée « pompe à pétrole », cette arme, inventée par l’Allemand Richard Fiedler en 1901, projette sur l’ennemi du liquide enflammé. Le premier modèle peut projeter un jet de liquide enflammé à 18 mètres durant 2 minutes. Elle a été employée pour la première fois par les Allemands en février 1915 à Vauquois dans la Meuse. Mais ce n’est qu’au début de la bataille de Verdun, en février et en mars, qu’elle est réellement utilisée comme soutien à l’infanterie.
Cette nouvelle arme ne fait pas l’unanimité car elle possède autant d’avantages que d’inconvénients.
Elle jouit d’un énorme pouvoir dissuasif sur ses adversaires qui craignent de mourir brulés vifs. Cette pensé agit très négativement sur le moral des combattants ; Cette frayeur est accentuée par l’arme elle-même qui est très impressionnante avec son bruit fracassant, son jet puissant et implacable, l’odeur toxique qu’elle propage et le rideau de fumée épaisse qu’elle génère et qui la dissimule. Pour ces raisons, certains combattants préfèrent se rendre à l’approche du lance-flammes plutôt que de risquer un affrontement.
En revanche, l’arme est très encombrante et fastidieuse à utiliser ; son porteur est très vulnérable, il est une cible prioritaire pour ceux d’en face car une simple balle dans le réservoir le fait exploser.
Finalement, l’utilisation du lance-flammes ne sera jamais significative durant la première guerre mondiale.
Lebel (fusil)
Le Lebel est le premier fusil réglementaire à répétition de l’armée française et le premier, aussi, à utiliser une munition de petit calibre. Il porte le nom du directeur de la commission d’officiers qui, en 1886, est chargée par le général Boulanger, alors ministre de la Guerre, de concevoir cette arme.
Les premiers faits d’armes du Lebel sont obtenus outre-mer, en Afrique noire lors des campagnes de colonisation et de pacification, en Chine lors de la révolte des Boxers puis au Maroc. En août 1914, alors que la production avait cessé depuis 1904, il existait 2 880 000 fusils Lebel, dont 300 000 usagés ou complètement inutilisables. Le plan de mobilisation n’avait pas prévu la fabrication, pendant le temps de guerre, de ce fusil mais seulement de ses pièces de rechange. Pourtant, dès septembre 1914, il fallut puiser dans les dépôts. En novembre et décembre 1914, 6 000 fusils revenaient chaque jour pour recevoir des réparations ; la perte mensuelle s’élevait à plus de 40 000. Devant faire face à une pénurie de Lebel 1886/93 neufs, l’armée française adopte le modèle 1907 dit « Lebel-Bertier ». Le fusil Lebel restera l’arme principale de 1914-1918.
Renvoi : Lebel-Berthier
Lebel-Berthier (fusil)
Système d’amélioration du chargement du Lebel dû, en 1890, à un officier français du nom de André Virgile Paul Berthier. Les modèles 1902 et 1907 avaient été conçus pour armer les troupes coloniales de tirailleurs indochinois et sénégalais.
Renvoi : Lebel (fusil)
Liaison interarmes
Aptitude à coordonner sur le champ de bataille la liaison entre différentes armes.
Les opérations de 1914 avaient scellé la faillite de la doctrine française d’offensive à outrance. La guerre se figea sur des positions qu’aucun des antagonistes n’avait les moyens de percer. Mais pour le haut commandement, il n’était pas question de renoncer à la rupture du front ennemi et à la reconquête des territoires envahis. Les attaques se poursuivirent donc sans résultats significatifs. Toutefois, dès la fin de 1914, le commandement a initié le processus de modernisation de l’armée, mais la reprise du mouvement tant espéré restera longtemps hors de portée. Elle ne sera véritablement possible qu’à partir de l’été 1918 avec la mise en œuvre du tandem char/infanterie coordonné avec l’appui de l’artillerie et de l’aviation. C’est, à tous égards, la mutation la plus importante de l’histoire de l’armée de terre.
Lieutenant
Grade d’officier subalterne supérieur à celui de sous-lieutenant mais inférieur à celui de capitaine. En théorie, le lieutenant est celui qui, au sein d’une compagnie, aide le capitaine dans ses fonctions et le remplace en cas d’absence. C’est d’ailleurs cette dernière raison qui amène de nombreux lieutenants à commander des compagnies d’infanterie lors de la Première Guerre mondiale. L’insigne correspondant au grade de lieutenant est constitué de deux galons d’or.
Lieutenant-colonel
D’abord le remplaçant du colonel général de l’infanterie à la tête de la première compagnie des régiments à drapeau blanc dont il est réputé propriétaire (la compagnie colonelle), le lieutenant-colonel devient le deuxième des officiers du régiment lorsque le roi devient colonel général de son infanterie en 1661 : sa compagnie devient la « lieutenant-colonelle » est la seconde de l’unité, la première, appartenant désormais au roi, est commandée par un colonel-lieutenant. Le grade a été supprimé de 1793 à la Restauration, mais Bonaparte recréa, à la même place hiérarchique, le major.
En 1914, c’est un grade d’officier supérieur immédiatement supérieur à celui de commandant mais inférieur à celui de colonel. En théorie, le lieutenant-colonel est celui qui, au sein d’une unité, est plus particulièrement en charge des questions relatives au quotidien et à l’instruction des hommes. En pratique, nombreux sont les lieutenants-colonels à commander en 1914 un régiment. L’insigne correspondant au grade de lieutenant-colonel est constitué de trois galons d’or et de deux autres d’une couleur différente.
Ligne (1ère, 2ème, etc.)
Le creusement des tranchées à l’automne 1914 amène à distinguer en « lignes » les zones du front et les tranchées qui y sont creusées. La première ligne est ainsi celle qui fait directement face aux lignes adverses, c’est la zone la plus dangereuse, où les combattants font des séjours généralement brefs (de l’ordre d’une semaine) hors des grandes batailles qui conduisent à rester longtemps en « ligne ». L’intervalle entre les lignes est variable, et la communication se fait par des boyaux. Une fois la guerre de tranchée installée dans la durée, le réseau défensif s’organise en profondeur. Chaque ligne est une suite continue de tranchées ou de fortins, et un ensemble de ligne constitue une position. Dans la plaine de Reims, au moment de l’offensive du Chemin des Dames, il y a souvent trois positions allemandes successives, chacune constituée de plusieurs lignes.
Renvoi : Tranchées
Limoger
En référence au chef-lieu de la 12ème région militaire. S’emploie à propos des officiers généraux qui, à partir de la fin du mois d’août 1914, sont affectés à l’arrière, et notamment à Limoges, par le général Joffre, du fait de leur incompétence réelle ou supposée ou de difficultés relationnelles. Parmi les plus célèbres limogés, l’on peut citer les généraux Lanrezac, Pau ou encore d’Amade.
Livret individuel (ou livret militaire)
Fascicule établi par les services du recrutement que chaque militaire doit être en mesure de présenter lorsqu’on le lui demande.
Avant 1914, c’est-à-dire à une époque antérieure à la création de la carte d’identité, le livret individuel est conservé précieusement par tout homme susceptible de devoir justifier sa situation militaire. Certains concours de la fonction publique ne sont ainsi accessibles que sous réserve de conformité avec les obligations militaires, ce que seul le livret individuel permet de certifier.
En août 1914, au moment de la mobilisation générale, l’un des premiers réflexes des mobilisables est bien souvent de se tourner vers le livret militaire, précieusement conservé dans un tiroir ou rangé dans une armoire. Celui-ci contient en effet le fascicule de mobilisation, document permettant de savoir quand et où rejoindre son corps d’affectation.
Marcher
C’est une des activités traditionnelles du fantassin. Même dans la guerre des tranchées, on marche pour aller d’un cantonnement à l’autre, des lignes vers les positions de repos, et là on marche en guise d’exercice. Le mot signifie aussi « obéir aux ordres ». La Chanson de Craonne dit : « Person’ ne veut plus marcher ».
Maréchal
Ce mot vient du bas latin marescallus ou mariscallus, adaptation du francisque marhskalk. Ce terme désignait au début le domestique chargé des soins aux chevaux. Le premier maréchal de France fut Albéric Clément, nommé par Philippe Auguste en 1190. Le maréchal fut d’abord le troisième chef militaire derrière le sénéchal (charge supprimée en 1191 et abolie au XIVe siècle) et le connétable (charge abolie en janvier 1627), ensuite il fût depuis Louis XIII le plus haut grade de l’armée. Louis XIV en fit une dignité de l’Etat. D’abord unique, cette dignité se multiplie avec le temps pour culminer à 25 titulaires sous Napoléon Ier. Sous l’Ancien Régime, il pouvait aussi être le couronnement d’une carrière de marin.
Plus haute dignité de l’Armée française, elle tomba en désuétude après le Second Empire, C’est le 26 avril 1916 qu’elle renaît avec l’élévation du général Joffre. Lui succèdent ensuite les généraux Foch, Pétain, Fayolle, Franchet d’Esperey et, à titre posthume, Gallieni.
Marmite
Terme issu de l’argot des poilus désignant un obus de gros calibre et, spécialement, bombe à ailettes lancée par un mortier et avec un fort pouvoir explosif.
Masque (à gaz)
Matériel de protection individuel contre les gaz. Les masques peuvent être soit filtrants, c’est-à-dire qu’ils épurent l’air infecté, ou isolants, auquel cas ils créent une atmosphère saine isolée de l’environnement vicié.
Au début de la première guerre mondiale les troupes sont très mal protégées contre les attaques au gaz. En effet, le masque à gaz moderne n’existe pas encore, les soldats bricolent alors des systèmes de protection respiratoires de fortune. En 1914 seuls les soldats allemands étaient équipés de protections respiratoires (en réalité de simples baillons).
À la suite de la première grande attaque chimique d’Ypres en 1915, la France et ses alliés se lancent véritablement dans une course à la conception de protections respiratoires pour les unités combattantes. Le développement du le masque à gaz première guerre mondiale pour les soldats devra se faire à grande vitesse. Les systèmes de protection respiratoire par compresses se développent rapidement. Les Alliés créent tout d’abord des baillons copiés sur les modèles allemands trouvés sur le front. Les forces armées françaises poursuivent leur avancée dans les équipements de protection en ajoutant des lunettes à la panoplie de défense contre le gaz dans le but de protéger également les yeux et une partie du visage. Cependant c’est seulement en 1916 que ces lunettes seront étanches, ajustables et réellement efficaces contre les gaz. De leur côté les Anglais développent des cagoules qui semblent plus efficaces. Elles sont donc reprises par les Français pour compléter l’efficacité du bâillon et des lunettes.
A chaque nouvelle substance, les solutions neutralisantes et les protections contre les gaz, qu’elles soient dédiées aux voies respiratoires ou aux yeux, doivent évoluer. Elles doivent bien entendu être efficaces contre les nouveaux gaz, mais également conserver leur efficacité contre les procédés précédents, qui continuent à être utilisés. C’est une guerre technologique qui s’engage entre les chimistes et ingénieurs des deux camps.
Renvoi : Arme chimique
Médecin
En août 1914, le Service de Santé aux Armées dispose de 10 490 médecins dont 1 445 du cadre actif et 8 995 du cadre auxiliaire. Une circulaire impose alors aux Directeurs généraux du Service de Santé de dresser une liste des chirurgiens de carrière de l’active, de la réserve et de la territoriale. 1 335 chirurgiens sont ainsi recensés. Par ailleurs, des internes en chirurgie et des internes en médecine ayant des aptitudes chirurgicales sont recrutés. Un an plus tard, en août 1915, le Service de Santé compte 15 363 médecins dans ses rangs.
Durant les premiers mois de la Guerre, on envoie au front des étudiants de médecine pour relever les blessés et leur donner les premiers secours, les chirurgiens confirmés étant dans les hôpitaux de l’arrière. Il n’y a donc pas de vraies compétences chirurgicales au front. Tout change fin 1914 quand sont créées les structures sanitaires fixes de l’avant. Des chirurgiens compétents, expérimentés et formés mais aussi de très nombreux internes en chirurgie (qui se formeront sur place) sont mobilisés et envoyés dans les postes chirurgicaux avancés (PCA) et les hôpitaux de 1ère ligne.
Médecine
Nouvelles armes, nouvelles blessures. La violence destructrice des armes employées pendant la Première Guerre mondiale impose à la médecine d’indispensables progrès. C’est la naissance d’une véritable médecine de guerre.
C’est à l’occasion de ce conflit qu’ont été réalisées des premières tentatives de réparation de pertes de substances osseuses par des greffes osseuses. A l’époque on utilisait de l’os d’origine animale, ce qui ne donnait pas de bonnes consolidations surtout pour des pertes de substance étendues. Des progrès considérables ont d’autre part été réalisés en chirurgie des traumatismes de l’abdomen et du thorax, basés sur des explorations systématiques et des résections partielles ou totales d’organes lésés. Même notion pour la chirurgie maxillo-faciale. Des centres spécialisés à Amiens et au Val-de-Grâce à Paris ont pris en charge les blessés de la face – les fameuses Gueules Cassées – avec des résultats remarquables. D’autres avancées ont aussi concerné les prothèses et l’appareillage pour les amputés des membres comme pour les blessés de la face à qui on proposait des prothèses de nez. C’est aussi pendant la guerre, à partir de 1917, que l’on commence à faire régulièrement des transfusions sanguines.
Mine
Charge d’explosifs que l’on amenait sous la tranchée ennemie afin de la faire exploser. Les mines étaient placées dans des galeries souterraines (des fourneaux), creusées à cette fin par des troupes spécialisées, les sapeurs. Par extension, on désigne comme la « mine » l’ensemble du cheminement souterrain creusé par l’assaillant jusque sous la position adverse pour y aménager une chambre de mine. Ce type de guerre était très craint des combattants, comme de ceux chargés de placer les mines. Des entonnoirs (par exemple à Massiges, Marne ou à Vauquois, Meuse) et des galeries de mines (à la Chapelotte, Vosges) sont encore visibles dans le paysage.
Minen / Minenwerfer
Nom des pièces d’artillerie de tranchée allemande, et, par extension, désignation des projectiles qu’elles envoient. Minenwerfer était l’appellation allemande du mortier.
Renvois : crapouillot, marmite
Mitrailleuse
Également appelée « canon à balles » ou « faucheuse d’hommes » par les poilus, la mitrailleuse est une arme automatique permettant selon les modèles, de tirer de 500 à 800 coups à la minute.
L’emploi de la mitrailleuse est attesté lors de la guerre de Sécession puis en 1870 mais c’est véritablement avec la guerre des Boers et la guerre russo-japonaise de 1905 que cette arme s’impose sur le champ de bataille. Pourtant, c’est l’Allemagne qui évalue le mieux les possibilités de cette arme, ce qui explique les ravages qu’elle provoque, notamment dans les rangs français et britanniques, lors de l’été 1914.
Mobilisation
Littéralement, dans le vocabulaire militaire, ce terme désigne le passage d’une armée du pied de paix au pied de guerre.
Mobilisation en Bretagne
Parmi les 21 corps qui composent l’armée Française en 1914, deux sont bretons : Le Xe corps ayant pour centre Rennes et le XIe basé à Nantes.
En Bretagne il y eût 13 villes de mobilisation : Rennes, Vitré, Dinan, Lorient, Vannes, Pontivy, Ancenis, Nantes, Quimper, Brest, St Brieux, St Malo et Guingamp.
Les villes de garnison bretonnes et leurs régiments (37 000 hommes) étaient les suivantes :
- Rennes : 41ème RI, 24ème Dragon, 7ème et 50ème d’artillerie
- St Malo : 47ème RI
- Vitré : 70ème RI
- Nantes : 65ème RI, 3ème Dragon et 50ème RA
- Ancenis : 64ème RI
- Vannes : 116ème RI, 28ème et 35ème RA
- Lorient : 62ème RI et 1er RA coloniale
- Pontivy : 2ème chasseurs
- Quimper : 118ème RI
- Brest : 19ème RI, 2ème, 32ème, 52ème RI coloniale, 2ème dépôt des équipages de la flotte
- St Brieux : 71ème RI
- Guingamp : 48ème RI
- Dinan : 10ème RA et 13ème Hussard
Les Bretons subissaient souvent des brimades au Front. On leur reprochait leur manque d’instruction et surtout le fait qu’ils ne parlaient pas ou mal le français.
Les Bretons représentaient l’essentiel des effectifs de la Marine : 96% des canonniers, 95% des manœuvriers, 85% des torpilleurs, 90% des matelots étaient bretons.
350 000 Bretons seront mobilisés tout au long du conflit. Ce nombre s’explique par la structure démographique de la région. Le dernier recensement avant le conflit a lieu en 1911 et il indique une population de 3,2 millions d’habitants. La région connaît un fort accroissement démographique naturel qui s’explique par un taux de fécondité encore élevé, une famille sur trois a plus de quatre enfants. La population bretonne est très jeune : 41% des Bretons vivant à la campagne ont moins de 20 ans. Par conséquent, bon nombre de Bretons vont se retrouver mobilisés : 65.4% des hommes âgés de 18 à 45 ans contre 56.7% pour la moyenne nationale.
Renvois : Régiments bretons, Unités de l’Armée de Terre de l’Ouest de la France en 1914
Mobilisation générale
Décrétée à Paris le 1er août 1914 par le Président de la République Raymond Poincaré, le ministre de la Guerre Adolphe Messimy et le ministre de la Marine Armand Gauthier, la mobilisation générale est l’ensemble des opérations qui, à partir du 2 août 1914, conduisent l’Armée française sur le pied de guerre. Pour autant, et contrairement à ce qu’ont d’abord cru les contemporains, la mobilisation n’est pas la guerre. En effet, la mobilisation peut être partielle et constituer une mesure de dissuasion. Mais en 1914, compte-tenu du jeu des alliances, de la méfiance et des antagonismes en Europe, le premier pays à mobiliser prend le risque d’enclencher le processus infernal qui conduit inéluctablement à la guerre. Du point de vue juridique, la Première guerre mondiale est déclarée le 3 août 1914.
Le 1er août 1914, à 15 h 55, le télégramme porteur de l’ordre de mobilisation générale est envoyé depuis Paris aux commandants de corps, de division et de régiment, ainsi qu’aux préfets. Ces derniers informent les sous-préfets et les maires, chargés de transmettre l’information à leurs concitoyens. Des gendarmes sont de même dépêchés dans les communes rurales. Des affiches sont placardées, églises et beffrois sonnent le tocsin, et les tambours de ville et gardes champêtres annoncent la nouvelle. En quelques heures, celle-ci est connue de tous. 2 887 000 d’hommes furent incorporés les deux premières semaines d’août
A l’inverse de ce que l’on a longtemps raconté à tort, la mobilisation générale d’août 1914 ne s’effectue pas la fleur au fusil mais de manière résignée et résolue. En la matière, la thèse de Jean-Jacques Becker, publiée en 1977, marque un véritable tournant historiographique (« 1914. Comment les Français sont entrés dans la guerre »). Pour l’historien, les combattants, quelles que soient leurs convictions politiques ou religieuses, n’étaient pas motivés par un esprit de revanche, lié à la défaite de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine. Selon lui, les Français partirent sur le front davantage parce qu’ils avaient le sentiment de subir une agression. Le président de la République Raymond Poincaré utilisa l’expression d’« Union sacrée ». Les partis s’unirent pour défendre la patrie en danger ; les organisations partisanes comme les individus ne renoncèrent pas à des opinions divergentes, mais ils décidèrent de les taire tant que l’intérêt national l’exigea. Le monde politique se rallia dans son ensemble à cette forme extrême d’union nationale : tout ce qui divisait fut désormais mis de côté.
Mobilisation économique
Décrétée à Paris le 1er août 1914 par le Président de la République Raymond Poincaré, le ministre de la Guerre Adolphe Messimy et le ministre de la Marine Armand Gauthier, la mobilisation générale est l’ensemble des opérations qui, à partir du 2 août 1914, conduisent l’Armée française sur le pied de guerre. Pour autant, et contrairement à ce qu’ont d’abord cru les contemporains, la mobilisation n’est pas la guerre. En effet, la mobilisation peut être partielle et constituer une mesure de dissuasion. Mais en 1914, compte-tenu du jeu des alliances, de la méfiance et des antagonismes en Europe, le premier pays à mobiliser prend le risque d’enclencher le processus infernal qui conduit inéluctablement à la guerre. Du point de vue juridique, la Première guerre mondiale est déclarée le 3 août 1914.
Le 1er août 1914, à 15 h 55, le télégramme porteur de l’ordre de mobilisation générale est envoyé depuis Paris aux commandants de corps, de division et de régiment, ainsi qu’aux préfets. Ces derniers informent les sous-préfets et les maires, chargés de transmettre l’information à leurs concitoyens. Des gendarmes sont de même dépêchés dans les communes rurales. Des affiches sont placardées, églises et beffrois sonnent le tocsin, et les tambours de ville et gardes champêtres annoncent la nouvelle. En quelques heures, celle-ci est connue de tous. 2 887 000 d’hommes furent incorporés les deux premières semaines d’août
A l’inverse de ce que l’on a longtemps raconté à tort, la mobilisation générale d’août 1914 ne s’effectue pas la fleur au fusil mais de manière résignée et résolue. En la matière, la thèse de Jean-Jacques Becker, publiée en 1977, marque un véritable tournant historiographique (« 1914. Comment les Français sont entrés dans la guerre »). Pour l’historien, les combattants, quelles que soient leurs convictions politiques ou religieuses, n’étaient pas motivés par un esprit de revanche, lié à la défaite de 1870 et la perte de l’Alsace-Lorraine. Selon lui, les Français partirent sur le front davantage parce qu’ils avaient le sentiment de subir une agression. Le président de la République Raymond Poincaré utilisa l’expression d’« Union sacrée ». Les partis s’unirent pour défendre la patrie en danger ; les organisations partisanes comme les individus ne renoncèrent pas à des opinions divergentes, mais ils décidèrent de les taire tant que l’intérêt national l’exigea. Le monde politique se rallia dans son ensemble à cette forme extrême d’union nationale : tout ce qui divisait fut désormais mis de côté.
Monter
Pour les combattants français, le verbe monter devient durant la guerre synonyme d’« aller aux tranchées », en raison notamment de l’organisation du « système-tranchées » (François Cochet) qui fait alterner dans le temps des séjours dans des espaces (arrière, arrière-front, front-arrière, zone de feu) plus ou moins dangereux. On « monte » vers le feu et les tranchées de première ligne. Inversement durant les mutineries les combattants refusent de « monter ».
Monument aux morts
Réalisation patrimoniale visant à rendre symboliquement hommage aux morts de la Grande Guerre. Les monuments aux morts peuvent être érigés par une commune mais également un établissement scolaire, un club sportif ou encore une corporation professionnelle. Leur consacrant une remarquable étude, l’historien Frank David rappelle que, de manière très paradoxale, « rien n’est plus vivant qu’un monument aux morts ».
La loi du 31 décembre 1920 engage l’Etat à ériger trois monuments commémoratifs aux deux Victoires de la Marne. Le 10 novembre 1923, les emplacements sont retenus : l’éperon Nord-Est de Meaux et l’éperon du château de Mondement pour commémorer la Première Victoire de la Marne ; la butte Chalmont à Oulchy-le-Château en souvenir de la deuxième victoire. Deux monuments seulement seront réalisés12. Celui de Meaux, concurrencé et devancé par un projet de monument commémoratif américain implanté dans le même secteur, sera finalement abandonné.
L’édification des autres monuments commémoratifs est encadrée par le décret du 18 novembre 1922.
Morts pour la France
Dès 1914, la qualité de « Mort pour la France » est attribuée aux civils et aux soldats victimes de la Première Guerre mondiale. La loi du 29 décembre 1915 viendra fixer plus précisément le statut des « Morts pour la France ». Sont visés les militaires, les non combattants avec statut militaire (médecins, infirmières…), et toute personne ayant succombé à des maladies contractées au cours des soins donnés aux malades ou blessés de l’armée, enfin tout civil tué par l’ennemi, soit comme otage, soit dans l’exercice de fonctions publiques électives, administratives ou judiciaires.
Tout au long du conflit, le ministère de la Guerre tient à jour un fichier de tous les soldats honorés de cette mention qui répondait à des critères précis : seules les personnes décédées entre le 2 août 1914 et le 24 octobre 1919, morts sur le champ de bataille ou à cause de dommages directement imputables au conflit, étaient susceptibles de la recevoir. En d’autres termes on peut décéder en 1927 et avoir cette qualité pour peu que le décès soit la conséquence d’une blessure de guerre.
La Loi du 28 février 1922 vient modifier la Loi du 29 décembre 1915 en déterminant plus précisément pour quelles personnes les actes de décès devraient porter la mention « Mort pour la France ».
La Loi du 2 juillet 1923 perpétue le nom des citoyens morts pour la France en permettant à un descendant du défunt dans l’ordre légal et jusqu’au sixième degré de demander l’adjonction du nom du défunt à son propre nom.
La Loi du 2 juillet 1923 perpétue le nom des citoyens morts pour la France en permettant à un descendant du défunt dans l’ordre légal et jusqu’au sixième degré de demander l’adjonction du nom du défunt à son propre nom.
Mortier
Arme permettant de lancer sur un objectif proche des projectiles lourds et puissants. Petit et trapu comme un « crapaud », le crapouillot est un mortier spécialement adapté aux guerres de tranchées grâce à sa trajectoire de tir courbe. Le « crapouilloteur » est le servant du mortier.
Renvoi : Crapouillot
Mutilation volontaire
Dès la fin du mois d’août 1914, l’état-major évoque une « vague » de mutilations volontaires au sein des premières lignes. A ces mutilations qui semble, de son point de vue, menacer la cohésion militaire de certaines troupes presque exclusivement d’infanterie. Celles du premier temps de la guerre sont des mutilations de l’avant, des mutilations de fantassins, auto-infligées essentiellement par balles, aux extrémités digitales des mains ou des pieds. La mutilation de l’avant est une réponse à la violence nouvelle, moderne, paroxystique et particulièrement létale, des combats de l’été 14, à laquelle il devient impératif, après les avoir supportés un certain temps, d’échapper définitivement.
La plupart de ces cas sont recensés au début du conflit car par la suite, les médecins militaires informés de l’existence de ces pratiques, parvenaient à détecter la cause de la blessure notamment par les traces de poudre subsistant autour du point d’entrée de la balle ce qui les amenaient à en déduire que le tir avait été réalisé à bout portant.
A ces mutilations par balles, se substituent, dès septembre 1915, des mutilations par empoisonnement, à l’arrière-front, ou en dehors de la zone des armées, dans les dépôts. La mutilation de l’arrière est provoquée davantage par la durée de la guerre et la volonté non plus de s’en retirer définitivement mais d’obtenir ou de prolonger des convalescences ou des permissions par une maladie infligée.
Le commandement militaire assimila la mutilation volontaire à un abandon de poste en présence de l’ennemi et de nombreux soldats ont été condamnés ou/et exécutés pour ce délit.
Mutinerie
Les premiers refus d’obéissance de soldats français ont lieu dès 1914. Le contexte militaire est évidemment propice à l’émergence de ces cas d’insubordination. Ils sont d’abord la conséquence de la dureté des conditions de vie. La boue, le froid, la vermine, les permissions peu nombreuses et souvent retardées, l’état lamentable des cantonnements de repos, le contact permanent avec le sang et la mort, la lassitude de voir la guerre se prolonger alors que les officiers avaient fait la promesse que le conflit serait court, sont autant de raisons qui poussent les soldats à la rébellion. Ces mouvements de révolte interviennent aussi en réaction aux échecs militaires et contre les erreurs du commandement. Ainsi, les mutineries qui affectent l’armée française aux mois de mai et de juin 1917, sont le résultat de l’insuccès des offensives menées par le général Nivelle lors de la bataille du Chemin des Dames.
Ce qui fait dire à l’historien Guy Pedroncini (1967) que la cause première des mutineries de 1917 n’était pas le pacifisme mais avant tout une « crise de confiance » dans le Haut Commandement. En d’autres termes, les mutineries doivent être vues comme une réaction contre des attaques sans espoir qui ne mènent qu’à un massacre général. Cette interprétation a été contestée par Smith (1994, 1996), qui soutient que les mutineries « étaient à la fois militaires et politiques en ce sens qu’elles impliquaient une confrontation à plusieurs niveaux entre les « soldats-citoyens » français et les autorités militaires. Loez (2010) a également critiqué la thèse de Pedroncini. Pour cet historien, les mutineries doivent être considérées non pas comme une crise limitée à la sphère militaire, mais comme un « mouvement social particulier », influencé par le contexte international (à savoir, la révolution russe). Il fait valoir que les revendications des mutins n’étaient pas seulement « matérielles » (c’est-à-dire relatives à leurs conditions de vie : repos, permissions, etc.) mais aussi « politiques » (dénonciation de la guerre, aspiration à la paix).
C’est à Philippe Pétain que l’on attribue généralement le retour de la discipline au sein des forces françaises. Le 15 mai 1917, il est nommé Général en chef des armées et remplace ainsi le général Nivelle. Il va d’abord accroître la sévérité de la répression pour mettre fin à ces mouvements de révolte. Ainsi, au mois de juin 1917, il obtient la suppression du recours en révision dans les cas de révolte ou d’insoumission et le droit de procéder à des exécutions sans en référer au pouvoir politique et donc sans recours en grâce possible. Son arrivée à la tête de l’armée française voit donc des condamnations à mort toujours très nombreuses.
Sur l’ensemble du conflit, l’armée française recense près de 3 700 condamnations prononcées par les conseils de guerre pour des cas de désobéissance. On dénombre 1 381 condamnations aux travaux forcés ou à de longues peines de prison. 2 400 soldats français sont condamnés à la peine de mort. Elle fut effective pour 550 d’entre eux, parmi lesquels 59 bretons (18 costarmoricains, 7 finistériens, 14 morbihannais, 10 pour l’Ille-et- Vilaine et 10 pour la Loire Atlantique).
Mutins de la mer Noire
Une partie des unités présentes sur le front d’Orient sont, après novembre 1918, envoyées endiguer l’avance du pouvoir bolchevik. Ils ne revoient la France qu’un an après la fin de l’Armistice avec l’Allemagne. A partir de novembre 1918, seuls les soldats ayant au moins 18 mois de présence en Orient sont rapatriables. Les autres, se retrouvent dans l’obligation de rester sous les drapeaux, soit en tant que forces d’occupation, soit en opération face aux troupes du nouveau pouvoir russe5. Ces engagements militaires voulus par le pouvoir politique français sont très mal acceptés par des soldats fatigués par 4 ans de guerre, qui ont l’impression qu’on leur vole leur victoire, et qui ne comprennent pas les raisons de leur nouvel engagement.
Au printemps 1919, les cas d’insoumission se multiplient, en particulier dans la Marine où les bretons sur les navires de la flotte dont le France, le Jean Bart et le Waldeck-Rousseau (entre autres) sont nombreux. Les mutineries des marins de la mer Noire sont un épisode de la Grande Guerre rarement évoqué. Les marins refusent de se battre contre les « rouges » et demandent à être rapatriés dans leurs foyers. Finalement les meneurs sont mis aux arrêts et la flotte française quitte la Crimée.
Nettoyeur de tranchées
Les nettoyeurs font partie des vagues d’assaut. Celles-ci sont constituées par de petites unités allant de l’escouade à la section. Evoluant en pointe lors d’un assaut, ils sont chargés d’éliminer toute présence ennemie. Ils nettoient les tranchées et les abris qui peuvent former des nids de résistance ennemie sur le passage des vagues.
Ces soldats sont équipés et outillés en fonction de leur mission : brownings, de couteaux de tranchées, de dix grenades asphyxiantes ou incendiaires et de deux grenades ordinaires. Ils conservent leurs fusils, de manière à pouvoir coopérer à la défense des positions conquises, ou participer à de nouvelles attaques une fois leur mission spéciale terminée.
Il est donc nécessaire que ces groupes de nettoyeurs soient prévus dans toutes les vagues, de façon à pouvoir constituer des réserves successives qui seront appliquées sur les abris rencontrés au fur et à mesure de la progression de ces vagues.
Renvoi : Corps/Groupes francs
No Man’s Land
Littéralement : « la terre de personne ». Ce terme désigne l’étendue de terrain ravagée et inhabitée située entre les deux lignes de tranchées adverses. Le no man’s land est large d’environ 50 à 200 mètres. Il est renforcé par un matériel spécifique, barbelés ou séchoir, pieux. C’est la zone où se font les attaques, où de très nombreux soldats meurent parfois après une longue agonie.
Le paysage du no man’s land est marqué par les combats et les bombardements d’artillerie. Cette bande de terre située entre les tranchées des deux camps offre un paysage lunaire. La végétation y est réduite à des troncs d’arbres décharnés tandis que des cratères se creusent à chaque attaque de l’artillerie ou lors des explosions des mines. Les cadavres et les débris de combat restent visibles plusieurs jours voire semaines durant. Le no man’s land est un lieu dangereux que les soldats ne se risquent pas à traverser en plein jour, sauf en cas d’assaut.
Noria de Verdun
En choisissant Verdun comme lieu d’affrontement, l’état-major allemand a particulièrement bien pris en compte la situation d’encerclement presque total de la ville : pour l’essentiel, les trois voies ferrées qui la desservent sont coupées ou sous le feu de l’artillerie. Le seul axe permettant d’approvisionner le front sur lequel peut compter la logistique française est en effet la petite route départementale qui relie Bar-le-Duc à Verdun.
Le 21 février 1916, les forts et les tranchées de Verdun sont bombardés par une offensive de l’armée allemande. Le sort de cette bataille dépend de la seule départementale qui relie l’arrière au front. Cet axe stratégique de 75 km permet l’acheminement des matériels, munitions, vivres et troupes, mais aussi l’évacuation des blessés et des unités relevées. C’est donc une question de vie ou de mort pour les troupes françaises que cet axe soit praticable.
Un système de « noria » à double sens est alors mis en place et la route transformée en véritable « voie ferrée routière » : des files ininterrompues de véhicules conduisent journellement 12 à 15 000 combattants, et 15 000 tonnes de matériel de munitions et de nourriture. Seuls les véhicules automobiles y sont admis. Rien ne doit interrompre ce flot : les véhicules qui tombent en panne sont poussés sur le côté et 10 000 hommes sont chargés de l’entretien permanent de la voirie, jetant en continu des pelletées de cailloux – 900 000 tonnes en dix mois – sous les roues des camions.
Les conducteurs travaillent de jour et de nuit, 18 heures consécutives, souvent plus de 10 jours d’affilée, certains 75 heures sans se reposer. Plusieurs escadrilles de chasseurs, parmi les meilleures que compte l’aviation française, sont exclusivement chargées de protéger l’axe.
En avril 1916, l’écrivain et homme politique français Maurice Barrès baptise ce cordon ombilical « La Voie Sacrée », une voie qui aura été empruntée par les deux tiers de l’Armée française.
La Voie sacrée va ainsi jouer un rôle capital dans la défense de Verdun. Pendant 10 mois, jusqu’au 15 décembre 1916, elle va alimenter ce front qui résistera aux offensives allemandes. Elle fut, pour des millions d’hommes, la première et souvent la dernière étape d’un douloureux calvaire.
Observatoire
Position élevée permettant d’avoir une vue sur le champ de bataille, particulièrement utile pour permettre les réglages d’artillerie. En 1917, on nomme parfois « bataille des observatoires » l’ensemble des combats de l’été et de l’automne sur le Chemin des Dames, entre l’offensive Nivelle d’avril-mai et celle de la Malmaison fin octobre (l’enjeu militaire est alors de s’assurer la maîtrise de la ligne de crête du Chemin des Dames).
Obus
Munition de canon. Peut-être explosif, à balles, incendiaire, fumigène, éclairant ou encore traceur.
Obusier
Pièce de tir courbe, mortier.
Obusite
L’obusite, terme inventé pendant la Grande Guerre, désigne une forme de traumatisme psychique engendré par le fracas des obus et la terreur des tranchées. L’explosion d’obus, de grenades, ou de mines déclenche des ondes de choc physiques et émotionnelles considérables. La variété des symptômes de l’obusite témoigne de l’ampleur des traumatismes subis par les poilus. Certains soldats, sous l’effet du choc, se retrouvent dans un état de stupeur, présentant des symptômes similaires à ceux de l’hypnose. D’autres, traumatisés par les bombardements, souffrent de paralysies et d’hallucinations.
Offensive (à outrance)
Expression servant à caractériser la doctrine très offensive de l’armée française de 1914, basée plus sur le choc que le feu, et souvent attachée au souvenir du général Loyseau de Grandmaison. En fait, la doctrine de l’offensive à outrance était unanimement partagée par les grandes puissances militaires en 1914.
L’offensive à outrance prône une guerre de type napoléonien, peu défensive, où les soldats restent debout et où l’artillerie joue un rôle secondaire. Le moral et la volonté sont privilégiés dans cette doctrine : « les batailles sont surtout des luttes morales [pouvait-on lire], la défaite est inévitable dès que cesse l’espoir de vaincre. Le succès ne revient donc pas à celui qui a subi le moins de pertes mais à celui dont la volonté et dont le moral est le plus fortement trempé (…) une seule grande bataille suffira peut-être pour décider du sort de la guerre ». Rechercher des pertes minimales eût été considéré comme une faiblesse, une forme de pusillanimité des chefs, au risque de brider l’élan des soldats au combat. Ceci explique en partie l’absence d’ordre de battre en retraite et le taux de mortalité élevé parmi les officiers, parmi lesquels bon nombre tentent de montrer l’exemple quasi suicidairement en restant exposés longtemps face au feu.
La doctrine de « l’offensive à outrance » a volé en éclats dès les premiers combats. Des dizaines de milliers de soldats français sont tombés sous les balles des mitrailleuses Maxim et des obus des canons de 77 mm. Sans pouvoir arrêter la marche en avant de l’armée allemande. Les troupes françaises. connaissent d’abord un sanglant échec à Rossignol (22 août 1914 dans les Ardennes Belges) où l’infanterie se fait faucher par le feu allemand (entre l’aube et la tombée de la nuit, pas moins de 27 000 soldats français sont tués). En Alsace, les unités de réserve lancées sur Cernay ne peuvent s’ancrer dans la région et doivent se replier.
Officier
Nom générique des grades supérieurs ou égaux à celui de sous-lieutenant.
Orient (front d’)
Front de la Première Guerre mondiale s’étendant des Balkans aux Dardanelles (A ne pas confondre avec le front de l’Est qui se rapporte à la Russie et qui, de surcroît, s’emploie surtout à propos de la Seconde Guerre mondiale).
Bien que moins connu que le front occidental, et ses fameuses batailles de la Somme, de Verdun ou du Chemin des Dames, le front d’Orient concerne de nombreux combattants.
Aucun régiment breton n’est envoyé, en tant que tel, se battre dans les Balkans. Ceci explique en partie le nombre finalement très relatif de soldats bretons sur ces terrains d’opérations. Cependant, au cours de la guerre, le besoin de reconstitution des unités décimées par les combats entraîne l’abandon progressif du caractère régional du recrutement, celui-ci s’opérant désormais à une échelle plus globale. Des Bretons se retrouvent ainsi de plus en plus dans des unités dépendant d’autres régions militaires et dont certains régiments sont, eux, envoyés en Orient comme les 1er, 34ème, 37ème, 54ème et 56ème régiments d’infanterie coloniale, les 1er, 21ème et 29ème régiments d’artillerie coloniale, etc. On estime à plus d’une dizaine de milliers le nombre de soldats et marins bretons engagés sur le front de Macédoine, dans la flotte de Méditerranée et dans les opérations postérieures aux armistices de 1918.
A la différence du front de l’Ouest, le 11 novembre 1918 n’est pas synonyme de la fin de la guerre. Après les armistices de novembre, l’Armée Française d’Orient est réorganisée en trois entités: l ’Armée du Danube ( A.D.) constituée des unités françaises stationnées en Roumanie, d’abord à Bucarest puis dans le delta du Danube, en Bessarabie et en Crimée; l’Armée de Hongrie (A.H.) chargée de maintenir l’ordre dans les territoires hongrois et de lutter contre les mouvements nationaux et révolutionnaires ; et le Corps d’Occupation de Constantinople (C.O.C.), force d’occupation dans l’ancien Empire ottoman.
Palme
Distinction indiquant qu’une citation est décernée à l’ordre de l’armée.
Parallèle de départ
Espace aménagé parallèlement à la tranchée de première ligne, permettant de concentrer les combattants d’une vague d’assaut en vue d’une offensive
Parapet
Rebord de la tranchée qui fait face à la tranchée adverse. Il constitue à la fois une protection (renforcée par des barbelés et des sacs de sable) et un obstacle à escalader lors des attaques ou des départs pour patrouilles et coups de main. Une des règles primordiales de la guerre des tranchées consiste à ne rien exposer à l’adversaire au-dessus du parapet.
Parc d’artillerie
Lieu où sont entreposées les pièces et munitions ainsi que le matériel divers nécessaire à l’artillerie. Le parc d’artillerie peut être divisionnaire, de corps d’armée ou d’armée. Dans ce dernier cas il s’agit d’un grand parc d’artillerie.
Patrouille
Opération le plus souvent nocturne pratiquée en avant des tranchées de première ligne par un petit nombre de combattants, généralement dans le but de reconnaître et repérer les défenses adverses. Les patrouilles sont très risquées.
Peloton
1) Dans l’infanterie correspond au regroupement de deux sections sous un commandement unique. Dans la cavalerie le peloton correspond à ce que dans l’infanterie on appelle une section.
2) Peloton d’exécution, unité militaire chargée de fusiller les condamnés à mort lors des exécutions capitales.
Percée
Ce terme désigne la rupture du front adverse que l’on attend d’une offensive.
Le généralissime Joseph Joffre, le vainqueur de la Marne qui depuis a enregistré une succession d’échec en particulier en Artois et en Champagne, est persuadé que la percée du front allemand reste tout à fait possible à la condition que : « Des attaques puissantes soient menées simultanément dans différentes régions et sur un très large front », déclare-t-il en août 1915.
Il semble que Joffre pense qu’une déstabilisation générale de la ligne de front soit susceptible d’en provoquer l’effondrement. C’est faire peu de cas des travaux de fortifications qui ont été entrepris par l’ennemi et qui ne concernent pas seulement les sommets vosgiens et alsaciens mais également les zones d’Argonne et de Champagne avec des ouvrages très bien armés de nids de mitrailleuses.
Rendue presque impossible par la supériorité, dans le cadre de la guerre des tranchées, des défenseurs sur les attaquants, et par la difficulté de faire avancer renforts et artillerie sur le terrain conquis mais bouleversé par les obus, la « percée » reste pourtant un objectif du commandement français jusqu’en 1917 (offensive Nivelle au Chemin des Dames) qui souhaite revenir à la guerre de mouvements. Il n’est sans doute pas, à cet égard, excessif de parler de mythe de la percée.
Permission
L’octroi de jours de repos, appelés « permissions » dans le jargon militaire, existe depuis le règlement du 1er mars 1890. Ils représentent entre 15 et 120 jours de congés sur 24 à 36 mois de service militaire. Il est à noter que l’armée distingue traditionnellement les congés, qui relèvent de l’exception, des permissions, dont l’attribution est générale, tout en restant fondée sur la notion de mérite.
À la veille de l’entrée en guerre, les conscrits bénéficient ainsi de 40 jours de congés annuels, en accord avec la loi du 7 août 1913, dite « loi des Trois ans », qui a fait passer la durée du service de deux à trois ans pour préparer la France à une éventuelle guerre contre l’Allemagne.
Dès premiers jours de la mobilisation jusqu’en juillet 1915, aucune permission n’est autorisée. L’intégralité des troupes doit demeurer sur le front. Au mois d’août 1914, les mobilisés comme la population pensent que la guerre sera courte et qu’à Noël chacun sera de retour dans son foyer. Avec le prolongement de la guerre au-delà de l’hiver 1914-1915, des revendications apparaissent, dues aux conditions de vie déplorables, à l’enlisement de la campagne contredisant les espoirs d’un retour rapide, au désir de revoir sa famille, mais aussi à l’apparition de troubles physiques et psychologiques et à la montée des doutes sur la conduite de la guerre.
Les permissions peuvent être accordées pour des motifs économiques (aider aux travaux agricoles) ou pour certaines occasions familiales (naissance, mariage…). Pour ceux du front, elles sont comme une souffrance de plus : ils sont en première ligne, face au feu de l’ennemi, et il leur est interdit de retrouver leur famille, ne serait-ce que pour quelques jours.
Les premières autorisations d’absences accordées sont les permissions agricoles (la mobilisation de la plupart des hommes en âge de travailler ayant entraîné un déficit de main-d’œuvre), qui bénéficient non aux soldats de l’active envoyés au front, mais aux troupes demeurées dans les dépôts ou aux soldats de la territoriale cantonnés à l’arrière. Ceux-ci, âgés de plus de 34 ans et qui ne sont pas censés participer directement aux combats, sont rapidement autorisés à rentrer chez eux lors des grandes saisons agricoles afin de participer aux travaux des champs.
En mars 1915, les permissions sont autorisées pour les officiers. Mesure qui a pour effet immédiat d’indigner l’opinion et les milieux politiques. Pour soutenir le moral des troupes face au conflit qui s’éternise, confronté aux protestations des familles et aux pressions du Parlement, le général Joffre en vient finalement à instituer un système de permissions. Le 30 juin 1915, il offre à chaque combattant 8 jours de congés dans sa famille, réduits à 6 jours dès la mi-août. Cette permission ne concerne de toute façon, par rotation, que 5 % des unités combattantes et 10 % des unités de réserve, disparité souvent considérée comme une injustice.
La loi Dalbiez, votée le 17 août 1915, redéfinit la place des mobilisés et des mobilisables dans les armées. Elle insiste sur l’équité dans l’octroi des permissions entre les soldats engagés au front depuis le début de la guerre et les effectifs mobilisables qui n’ont pas encore été engagés.
On estime qu’en moyenne le total des jours de permission obtenu par un mobilisé pendant la Première Guerre mondiale n’excède pas 60 sur 1500.
Renvoi : Agricole (permission)
Pertes
Le conflit a fait plus de 9 millions de morts et disparus (1,4 million pour la France), plus de 21 millions de blessés (4 millions en France). Chiffres terrifiants. En moyenne, 900 jeunes Français mouraient chaque jour sur les champs de bataille. Les pertes humaines (rapportées au nombre d’hommes actifs) ont été :
- Pour la France : 10,5%
- Pour l’Allemagne : 9,8%
- Pour l’Autriche-Hongrie : 9,5%
- Pour l’Italie : 6,2%
- Pour le Royaume-Uni : 5,1%
- Pour la Russie : 5%
- Pour la Belgique : 1,9%
- Pour les États-Unis : 0,2%
Aux morts se sont ajoutés un nombre immense de blessés et de mutilés, la “surmortalité” des populations civiles et le déficit de la natalité, au total une profonde transformation de l’équilibre démographique dans chaque pays.
Les destructions matérielles ont été considérables dans la France du nord et de l’est, en Belgique, en Italie du nord et dans les territoires polonais de l’ancien Empire russe. L’Angleterre a perdu une part notable de sa flotte de commerce (7 800 000 tonnes). L’appauvrissement des belligérants provient aussi de ce qu’une part notable de leurs ressources avait été consacrée à des productions uniquement militaires. Sans tenir compte des dettes contractées à l’extérieur, il a été calculé que la guerre avait fait perdre à la France l’équivalent de onze années d’investissement (niveau de 1913).
Après la mise en application des différentes sanctions territoriales, les pays vaincus disparaissent ou perdent une partie de leurs territoires :
- Disparitions de l’Empire austro-hongrois, de l’Empire russe
- la Bulgarie perd son accès à la mer Méditerranée
- la Turquie est réduite à Constantinople et à l’Asie Mineure et abandonne toutes ses possessions arabes
- l’Allemagne est coupée en deux par le corridor de Dantzig et perd :
– à l’ouest, le territoire industriel de la Sarre (placé, pour une durée de 15 ans, sous mandat de la Société des Nation qui est contrôlé et assuré par la France), l’Alsace-Lorraine restituée à la France, les « cantons de l’Est » (11 communes octroyées à la Belgique par le Traité de Versailles), le Nord-Schleswig (cédé au Danemark au nom du « droit des peuples à disposer d’eux-mêmes »),
– à l’est, la Tchécoslovaquie et la Pologne qui deviennent indépendantes, la Posnanie et une importante partie de la Prusse données à la nouvelle Pologne pour lui permettre de bénéficier d’un accès à la mer Baltique, le très important Centre portuaire important sur la Baltique, Dantzig (placé sous la protection de la Société des Nations) ;
soit 1/7ème de son territoire (88 000 km²) et le dixième de sa population (8 millions de personnes) ; en outre, elle doit céder la totalité de ses territoires coloniaux (le Cameroun, le Togo, la Tanzanie, le Rwanda, le Burundi, et la Namibie).
Pièce
Synonyme de canon, ou tube. La pièce d’artillerie de 75 est commandée par un maréchal des logis chef de pièce. Elle est servie par six soldats : le maître pointeur qui, au moyen d’un collimateur, vise la direction voulue ; un tireur qui marque la distance demandée et qui tire les obus; un chargeur qui place l’obus dans la culasse; un déboucheur qui dispose d’un débouchoir pour régler la hauteur d’explosion des obus; deux pourvoyeurs qui apportent les obus au chargeur.
Pigeons messagers
Au début de la Grande Guerre, la signalisation optique, par fanions et héliographes, est encore utilisée malgré l’inconvénient de sa dépendance à la météo. Des moyens plus modernes sont aussi en place, le téléphone de campagne, le télégraphe, et la radio (alors appelée T.S.F., télégraphie sans fil). Ces moyens montrent vite leurs limites. En effet, les bombardements d’artillerie intenses mettent rapidement et constamment hors de service les réseaux filaires, et la radio est encore peu développée en 1914. Reste alors le pigeon voyageur.
Celui-ci est amené de son colombier jusqu’au front par un soldat. Un message écrit peut alors être fixé à l’animal, en général dans un petit tube attaché à la patte. Libéré, l’animal rejoint son nid. Rapide, franchissant sans peine tous les obstacles d’un terrain bouleversé par les combats, il peut délivrer plus aisément qu’un homme son message.
C’est près de 60 000 pigeons (jusqu’à 30 000 pour l’armée française en 1918, environ 20 000 tombent victimes de leur devoir sur l’ensemble du conflit) qui sont utilisés comme agent de liaison pendant la Première Guerre mondiale.
Décoré de la Croix de guerre 1914-1918, le pigeon Vaillant, matricule 787-15, est probablement le pigeon le plus connu de France pour avoir porté un message, au péril de sa vie, afin d’informer sur la situation critique du commandant Sylvain Raynal et de ses hommes, encerclés au fort de Vaux en 1916. Gravement intoxiqué, il mourra presque immédiatement après avoir rempli sa mission. Il a été cité à l’ordre de l’armée, décoré de la Légion d’honneur et une plaque a été apposée sur le mur du Fort de Vaux pour rappeler son exploit. Il est aujourd’hui empaillé au colombier militaire du Mont Valérien à Suresnes.
Le pigeon nommé Cher Ami est décoré de la Croix de Guerre américaine pour avoir sauvé le Lost Battalion de la 77ème division d’Infanterie américaine en 1918, lors de la bataille de l’Argonne. En avançant trop avant, ce bataillon s’était retrouvé coupé de ses arrières. Sans munitions et sans soutien, il devait se rendre ou combattre jusqu’au dernier. Aucun des messagers humains lancés à travers les lignes allemandes ne parvint jusqu’à la division. En désespoir de cause, l’ordre fut donné de lâcher les pigeons. Tous, sauf Cher Ami, furent tués par un barrage d’artillerie. Lui seul échappa aux éclats d’obus et, bien que blessé, réussit à rejoindre en 25 minutes son pigeonnier au quartier général, pourtant distant de 40 km. Lorsqu’il se posa, on découvrit qu’il avait perdu une patte et qu’une balle lui avait traversé le poitrail. Son exploit sauva le bataillon. Aujourd’hui, son corps empaillé repose au Smithsonian Institute à Washington.
Un monument à la mémoire des « 20 000 pigeons morts pour la patrie » et « aux colombophiles fusillés par l’ennemi pour avoir détenu des pigeons voyageurs » a été érigé en 1936 à Lille.
Place d’armes
Dans une garnison, vaste lieu où le commandement regroupe la troupe. On retrouve le terme de place d’armes dans de nombreux plans de secteurs pendant la guerre de positions, l’expression désignant alors un espace relié à plusieurs tranchées via des boyaux de communication. Les poilus évitent toutefois de s’y regrouper trop longuement afin de ne pas constituer une cible aisée pour l’artillerie ennemie.
Place forte
Dénomination s’appliquant à une ville fortifiée ou ceinturée de forts. En 1914, Verdun est la plus puissante et la plus moderne place forte du système de défense de la France. La Grande guerre a démontré la nécessité absolue des fortifications dans les batailles. L’exécution, dès la Mobilisation, des travaux de modernisation des fortifications auraient vraisemblablement pu limiter l’avancée allemande, atténuer les désastres d’une invasion qui s’étendit sur quatorze départements français et éviter aux habitants du Nord les souffrances d’une longue et cruelle occupation ennemie. Mais l’organisation des point d’appui de Longwy, Hirson, Maubeuge, Lille, a été abandonnée ou négligée.
Poilu
Désignation des soldats français dès le début de la guerre de 1914-1918. L’origine du terme est plus claire qu’on ne le croit souvent, puisqu’il est attesté dès le xix e siècle, pour désigner un soldat endurant et courageux, dans l’argot militaire, ainsi chez Balzac (Le Médecin de Campagne, 1833) les pontonniers de la Bérézina en 1812. Il arrive souvent que le poil soit signe de virilité, de courage ou d’expérience. L’usage massif du terme en 1914-1918 tient en outre à plusieurs éléments liés : la difficulté effective, à l’hiver 1914, de se raser, le caractère rudimentaire de la toilette au front ; l’obligation pour tout militaire jusqu’en 1917 de porter la moustache, la simplicité de la désignation qui permet aux journaux et à l’arrière de mettre en scène la familiarité et la proximité avec les combattants. Le terme peut être employé dans des sens très différents, d’un combattant à un autre, certains le rejetant tandis que d’autres se l’approprient. Il est fréquent que les officiers l’emploient dénotant ainsi la distance qui les en séparent. Plus généralement, le terme semble employé indifféremment, comme synonyme de soldat.
En France, le dernier poilu, Lazare Ponticelli, décède le 12 mars 2008. Le dernier combattant de la Grande Guerre est le britannique Claude Choules, décédé le 4 mai 2011.
Popote
Groupe restreint de militaires se réunissant par affectation et par grades. La popote est un des lieux essentiels de la camaraderie militaire et se caractérise bien souvent par la mise en commun de victuailles reçues par l’arrière afin d’agrémenter l’ordinaire des repas.
Poste chirurgical avancé
Formation sanitaire du front réservée aux grands blessés généralement installée dans un abri blindé, comprenant appareils radiologiques et bloc opératoire, et pouvant accueillir au maximum une quinzaine de blessés.
Poste de commandement
Lieu assurant la coordination des opérations.
Poste de Secours
Lieu établi pour recueillir les blessés et leur donner les premiers soins, non loin des zones de combat. Le plus souvent, les postes de secours sont nichés dans une cagna, c’est-à-dire une réduit creusé dans les parois de la tranchée de repli, étayé et recouvert de rondins et d’une couche de terre ou de cailloux. Ils sont signalés par un fanion à croix rouge. Il faut souvent y descendre pour trouver une « salle » pour les blessés mitoyenne avec le logement des médecins.
Après une attaque, cet espace est saturé par l’arrivée à la fois des blessés couchés et des « petits blessés », qui, en l’absence de régulation, se bousculent à l’entrée. Quelques infirmiers et un médecin auxiliaire se démènent sous les ordres d’un médecin aide-major de 2e classe, c’est-à-dire la plupart du temps un médecin mobilisé.
Les postes de secours constituent la première étape de la chaîne sanitaire. L’aide-major donne ses instructions mais les soins restent rudimentaires, Il n’est pas possible de pratiquer des opération. La préoccupation essentielle est de pouvoir évacuer les blessés rapidement pour ne pas engorger le poste. Ce sont les brancardiers divisionnaires qui sont chargés de transporter les blessés vers l’ambulance (formation sanitaire divisionnaire).
Préparation d’artillerie :
Ensemble des tirs d’artillerie lancés avant une offensive, destinés à préparer celle-ci par la destruction des défenses (barbelés, tranchées, obstacles) adverses et par l’épreuve infligée aux fantassins. La durée et l’intensité des préparations d’artillerie varie au cours du conflit suivant l’importance que les tacticiens attribuent à la surprise (la préparation est alors courte ou absente) et à la destruction.
Prisonniers
Au cours de la 1ère Guerre mondiale, 10 millions de personnes furent capturées et internées pendant plusieurs années dans des camps de détention : 8 millions de militaires sur le front et 2 millions de civils, principalement des civils qui se trouvaient à l’étranger, en pays ennemi, mais aussi des civils dont le territoire était occupé par l’ennemi.
Au 11 novembre 1918, le nombre maximum de militaires français faits prisonniers et encore vivants à cette date atteint 477 800 personnes. Le 28 février 1922, le gouvernement attribue aux prisonniers décédés en captivité la mention « Mort pour la France », les rendant égaux avec leurs camarades tombés sur le front.
Le nombre de civils français, hommes, femmes, enfants, pris en otages ou raflés comme à Lille, Roubaix, Tourcoing, Douai, Laon, Saint Quentin, internés en zone occupée française, en Belgique et en Allemagne (camps de Celle, de Merseburg, Niederzwehren, Langensalza, Grafenwôhr, Altengrabow, Quedlinburg, Erfurt, Rastatt, Gustrow, etc.) est estimé à 180 000. 30 000 d’entre eux meurent durant leur internement et sont inhumés, comme les militaires, près du lieu de détention.
Pupille de la Nation
Statut créé par la loi du 27 juillet 1917 plaçant sous la protection financière et sociale de l’Etat, via un office spécialement créé, les orphelins enfants de morts pour la France.
Quadriplice
Nom donné, en référence à la Triplice, à l’alliance à partir de 1915 de l’Allemagne, de l’Empire Austro-Hongrois, de la Bulgarie et de l’Empire Ottoman.
Quartier général
Poste de commandement situé au minimum à l’échelon divisionnaire.
Ravitaillement
Il existe 3 types de rations dans l’armée française en 1914 : La ration normale distribuée en cantonnement ; La ration forte distribuée au combat ; La ration de réserve que le soldat possède en permanence sur lui.
- Les rations normale et forte sont constituées de vivres frais distribués chaque jour :
– pain frais (750 g) ;
– viande fraîche salée ou fumée (400 g normale, 450 g forte) ;
– lard (50 g) ;
– légumes secs et riz (60 g normale, 100 g forte) ;
– café (24 g normale, 36 g forte) ;
– sucre (32 g normale, 48 g forte) ;
– sel (24 g) ;
– vin (1/2 l). - La ration de réserve est constituée de conserves et de produits secs et non périssables que le soldat ne peut consommer que sur ordre. Elle est utilisée lorsque les 2 premières rations n’ont pas pu être distribuées :
– 10 galettes de pain de guerre dans un sachet (500 g) ;
– conserve de viande bouillie (300 g) ;
– sucre (80 g) et café (36 g) en sachet double ;
– fruits secs (160 g) en sachet double ;
– potage déshydraté (50 g) ;
– chocolat en boite (15 g) (aliment considéré comme très calorique et revigorant) ;
– eau de vie ou rhum (6,25 cl).
L’intendance distribue également du tabac et du papier à rouler à chaque homme :
– un sachet de 100 g de tabac tous les 7 jours ;
– un paquet de 50 allumettes tous les 15 jours ;
– du papier à rouler ;
Notons que différents paquets de cigarettes sont également disponibles à un prix modique, bien que la pipe soit largement préférée aux cigarettes car mieux adaptée à la vie de tranchée.
Pour finir, un morceau de savon de 180g renouvelé tous les 15 jours.
Recrutement
Ensemble de ce qui concerne les effectifs d’une unité et de l’Armée de manière générale.
Redoute
Fortification de petite taille.
Réforme
Processus destiné à rendre à la vie civile un homme mais aussi un animal ou du matériel (canon, navire…) jugé inapte (pour cause de maladie, de blessure ou d’âge) à la vie militaire.
Réfugiés
Expression désignant essentiellement les Belges et les Français des départements envahis qui, lors de l’été 1914, fuient l’avancée allemande et partent s’établir dans les départements de l’arrière.
Pendant la Première Guerre mondiale, la France a accueilli sur son territoires de nombreux étrangers et plus particulièrement des Belges (environ 325 000) et a géré le déplacement de populations originaires des départements du Nord et de l’Est, occupés par les Allemands ou militairement menacés, et qui cherchent refuge à l’intérieur du pays. S’ajoutent ensuite les populations qui veulent échapper aux bombardements (par exemple les habitants de Reims), les « libérés » (notamment les Picards, après le repli allemand sur la ligne Hindenburg en 1917), les « rapatriés », renvoyés par les Allemands, notamment par la Suisse et Evian, après avoir subi l’occupation dans les dix départements envahis partiellement ou totalement (Ardennes, Nord, Pas-de-Calais, Aisne, Oise, Somme, Marne, Meuse, Meurthe-et-Moselle, Vosges), et ceux qui, au printemps 1918, fuit la nouvelle offensive allemande.
Régiments Bretons en 1914
Ancenis : 64ème RI, 264ème RI, 82ème RIT
Brest : 19ème RI, 219ème RI, 3ème RAP, 87ème RIT, 2ème RIC, 3ème RAC
Dinan : 13ème R. Hussards, 24ème R. Dragons, 10 R. Artillerie
Guingamp : 48ème RI, 248ème RI, 73ème RIT
Landerneau : 118ème RI
Lorient : 62ème RI, 262ème RI, 88ème RIT
Morlaix : 116ème RI
Nantes : 65ème RI, 265ème RI, 3ème R. Dragons, 51 R. Artillerie, 81ème RIT
Pontivy : 2ème R. Chasseurs à cheval
Quimper : 118ème RI, 318ème RI, 86ème RIT
Rennes : 41ème RI, 241ème RI, 24ème R. Dragons, 7ème R. Artillerie, 10ème R. Artillerie, 50ème R. Artillerie, 75ème RIT
Saint-Brieuc : 71ème RI, 271ème RI, 74ème RIT
Saint-Malo : 47ème RI, 247ème RI, 78ème RIT
Saint-Nazaire : 64ème RI
Vannes : 116ème RI, 316ème RI, 28 R. Artillerie, 35ème R. Artillerie, 85ème RIT
Vitré : 70ème RI, 270ème RI, 76ème RIT
Renvoi : Unités de l’Armée de Terre de l’Ouest de la France en 1914
Régiment d’Artillerie de Campagne.
L’artillerie de campagne est une des branches majeures de l’artillerie, qui a pour vocation de soutenir et appuyer les troupes sur le champ de bataille. Pour remplir cette fonction, son matériel doit être mobile et apte à suivre des opérations mobiles.
Le Régiment d’Artillerie de Campagne (RAC) de 1914-1918 était généralement composé de de trois ou quatre groupes d’artillerie. Chaque groupe disposait de de trois batteries de canons commandées par un capitaine. Une batterie disposait de quatre pièces (canons) de 75 mm.
L’artillerie française d’active comporte en 1914 :
- 65 régiments d’artillerie divisionnaire (rattachés à une division d’infanterie) à 2 ou 3 groupes de 75 mm, total 36 canons par AD.
- 20 régiments de corps d’armée (rattachés à un corps d’armée) à 4 groupes de 75, total 48 canons par AC.
- 2 régiments de montagne.
- 10 artilleries de divisions de cavalerie.
- 5 régiments d’artillerie lourde.
- 9 régiments d’artillerie à pied.
En 1914, tous ces régiments sont des régiments dits « montés », donc à cheval », les transports d’artillerie par véhicules motorisées n’existant pas alors. Il y avait 1500 chevaux pour un régiment à trois groupes. A partir de 1917, certains de ces régiments d’artillerie se transforment en artillerie portée, sur plateforme, camions et auto-camions. Ce sont les RACP.
Régiment d’Artillerie Lourde
Les exploits des canons de 75 ne parviennent pas à masquer l’insuffisance de l’artillerie lourde mise en œuvre. On prévoit alors la formation de régiments d’artillerie lourde. On commence par créer 20 régiments d’artillerie lourde hippomobile (R.L.A.H.) puis 10 régiments d’artillerie lourde à tracteurs (R.A.L.T.).
Régiment d’Artillerie de Tranchée (RAT)
Dans la panoplie des unités nouvelles créées pour satisfaire aux besoins du combat au plus près, il existait les régiments d’artillerie de tranchée (R.A.T.) qui se sont constitués progressivement, en commençant par des batteries, puis des groupes et groupements, pour arriver en final à comprendre 80000 canonniers dans 5 régiments, les 175ème à 179ème R.A.T., ce dernier étant affecté à l’Orient.
Les matériels sont : d’abord des crapouillots puis des mortiers de 51mm (fin 1914), de 150mm (1917) et enfin 240mm.
Régiment de cavalerie
En juillet 1914, la composition de la Cavalerie est la suivante :
Dans la métropole, soixante-dix-neuf régiments :
- douze de cuirassiers,
- trente-deux de dragons,
- vingt et un de chasseurs à cheval,
- quatorze de hussards,
chacun ayant quatre escadrons actifs de quatre pelotons.
En Afrique du Nord, onze régiments :
- six de chasseurs d’Afrique à quatre escadrons chacun (exception faite pour le 1er régiment. qui en a cinq),
- cinq de spahis,
chacun ayant cinq escadrons de quatre pelotons chacun.
En août 1914, la cavalerie française compte 91.000 cavaliers et 100.200 chevaux. Pendant la Première Guerre mondiale, elle a une participation relativement secondaire aux événements. Les combattants à cheval se révélant très vulnérables face à la puissance de feu de l’infanterie et de l’artillerie, les différentes unités de cette arme accomplissent essentiellement des missions d’auxiliaires pendant la « Grande Guerre » (de 1914 à 1919), même si le début du conflit correspond à son apogée en termes d’effectifs montés.
Principalement déployée sur le front occidental, la cavalerie française participe aux opérations de l’été 1914, assurant surtout des missions de reconnaissance et de patrouille. Rapidement, les cavaliers combattent systématiquement démontés, tirant avec leur carabine. À partir de l’automne 1914, la guerre de tranchées a pour conséquence de diminuer fortement le rôle de la cavalerie : une partie des régiments abandonne ses chevaux, forme des « escadrons à pied » qui participent aux combats en tant que fantassins, des pelotons cyclistes et des sections de mitrailleuses, soit 20 000 hommes. Restent à cheval : les éclaireurs, les officiers de liaison, les attelages d’artillerie et la police militaire. En juillet 1916, des unités sont dissoutes et leurs effectifs sont reversés dans l’infanterie, dans l’artillerie, dans l’aviation (Environ 800 pilotes sont d’anciens cavaliers). La reprise de la guerre de mouvement en 1918 redonne à la cavalerie à cheval toute son utilité tactique. En septembre 1918, la cavalerie montée française va, pour la dernière fois de son histoire, s’illustrer au combat sur le Front d’Orient en Serbie, contre la coalition des empires centraux. Ce sera la « chevauchée fantastique » de l’Armée d’Afrique qui entraînera la reddition de la Bulgarie.
Régiment d’infanterie
Unité composant la division (4 puis 3 par division en France en 1914-1918), un régiment regroupe 3000 à 4000 hommes, sous le commandement d’un colonel. Le régiment est l’unité qui dispose sans doute des plus forts marqueurs identitaires : surnom (le 152ème RI devient le « quinze-deux » par exemple), drapeau, hauts faits consignés dans des historiques, attachement possible des combattants à un chef emblématique.
Régiment d’Infanterie Territoriale
De 1914 à 1918, huit millions d’hommes sont mobilisés. Les plus jeunes, appelés ou engagés, rejoignent l’armée d’active. Les hommes plus âgés sont, eux, affectés à l’armée territoriale et sa réserve.
Les Régiments d’Infanterie Territoriale, R.I.T., étaient composés des hommes âgés de 34 à 39 ans. Considérés comme trop âgés et insuffisamment entraînés pour intégrer un régiment de première ligne, les Territoriaux, aussi nommés les « Pépères », ont joué un grand rôle pendant la Grande Guerre 14–18. En complément, la Réserve de l’Armée Territoriale incorpore des hommes âgés de 40 à 45 ans, puis rapidement, des hommes âgés de 46 à 49 ans. Les soldats des RIT et ceux de la Réserve sont mobilisés tout au long du conflit, de la déclaration de guerre jusqu’à l’armistice.
On compte au début du conflit 145 régiments d’infanterie territoriale. Les régiments territoriaux doivent au départ assurer des services de garde et de police aux frontières, dans les villes, sur les axes de communication. Mais ils effectuent aussi des travaux de terrassement, de fortification, particulièrement harassants. Ils creusent et entretiennent les tranchées, se rapprochant dangereusement du front. En soutenant et ravitaillant les troupes d’active, ils sont frappés par les bombardements et les gaz. Les territoriaux ont aussi la tache sordide d’explorer et nettoyer les champs de bataille. Ils enterrent les morts et accompagnent les prisonniers. Les plus chanceux seront les « détachés en usine ».
Dès les premières semaines de la guerre, les importantes pertes au front poussent l’Etat-Major à intégrer les plus jeunes des territoriaux dans les régiments d’infanterie. Ils vont vivre et mourir en première ligne. La loi du 5 août 1914, abrogeant toutes les précédentes, précisait bien que tous les hommes de l’active ou territoriaux, pouvaient être employés indistinctement dans les services des armées, au fur et à mesure des besoins qui viendraient à se produire dans la guerre. Et il y eut beaucoup de besoins.
Le premier août 1918, tous les régiments territoriaux sont officiellement dissous et leurs hommes dispersés dans les régiments d’active et de réserve. Ils n’eurent pendant quatre ans, de pépères que le surnom.
Régiment de Marche de la Légion Etrangère
En 1914, des hommes d’expérience de quatre régiments de marche, renforcés par 8 000 étrangers, engagés volontaires pour la durée de la guerre, sont regroupés le 11 novembre 1915 en un seul corps : le célèbre Régiment de marche de la Légion étrangère. Le lieutenant-colonel Rollet, qui commande le RMLE après la mort du colonel Duriez, tué à la tête de ses hommes, ramènera de ces quatre années de guerre le drapeau le plus décoré de l’Armée française.
Régiment de Zouaves
Les zouaves, une unité dont la création remonte à la conquête de l’Algérie en 1830 et dont le nom provient de celui de leur tribu d’origine, les « zwawis » (devenus « zouaves » en français), sont, au cours de la Grande Guerre, des fantassins exclusivement européens appartenant à l’Armée d’Afrique. Ils sont considérés comme des unités d’élite. Ils s’illustrèrent en de nombreux lieux de Picardie, dans l’Aisne, l’Oise et la Somme, de 1914 à 1918. Leurs huit régiments ont reçu, au cours de la Grande Guerre, quarante-deux citations à l’ordre de l’Armée, quatre fourragères aux couleurs du ruban de la Légion d’Honneur, trois fourragères aux couleurs du ruban de la Médaille Militaire et une aux couleurs du ruban de la Croix de Guerre. Sur les drapeaux de ces huit régiments sont inscrits les lieux et années où ils se sont illustrés.
Région militaire
Circonscription instituée par la réforme militaire de 1873. Basée sur le binôme bureau de recrutement / régiment d’infanterie, chaque région militaire est le siège d’une corps d’armée.
Relève
La relève est le remplacement d’une unité par une autre dans les tranchées. Opération dangereuse car bruyante et conduisant au regroupement d’un grand nombre de combattants, elle se fait généralement de nuit. Sa périodicité n’est pas fixée strictement, mais une unité en première ligne est généralement relevée au bout de quatre à sept jours. La relève s’effectue par les boyaux.
Repos
Situation des troupes combattantes qui ne sont pas affectées aux lignes. Le terme est souvent trompeur car le repos est généralement émaillé d’exercices, de manœuvres et de cérémonies (défilés, prises d’armes, etc.) qui ne permettent pas réellement aux combattants de se reposer. Pour désigner le repos véritable accordé aux unités durement engagées est créée durant la guerre l’expression « Grand repos ».
Réparation (droit à)
Principe défini par la loi du 31 mars 1919 (et découlant de la célèbre phrase de Clemenceau : « Ils ont des droits sur nous ») sur lequel repose, encore aujourd’hui du reste, le système d’action sociale en faveur des anciens combattants et victimes de guerre.
Réparations
Compensation financière versée par le vaincu d’une guerre au vainqueur.
Compte tenu du caractère éminemment meurtrier de la Grande Guerre, les réparations fixées par les traités de paix atteignent des montants tellement astronomiques – 200 milliards de marks-or – que leur paiement en est quasiment impossible. Il en résulte, tout au long des années 1920, un important point de crispation dans les relations internationales.
Réseau brun
Fil de fer hérissé de pointes se présentant sous la forme de grosses bobines d’environ 1,30 mètre de diamètre que l’on dévide devant les positions que l’on souhaite défendre.
Réserve
Les troupes de réserve sont celles que l’on laisse disponibles pour pouvoir les engager en renfort lorsque cela est nécessaire. Lors d’une attaque, ces troupes ont un rôle essentiel en ce qu’elles sont censées repousser une éventuelle contre-attaque ou, au contraire, appuyer une offensive.
En France, du point de vue du recrutement, on doit également faire la distinction entre la réserve de l’armée active et la réserve de l’armée territoriale, cette dernière étant composée des hommes les plus âgés à être concernés par les obligations militaires.
Retraite
Dès le lendemain des désastres des 21, 22 et 23 août 1914 en Belgique, ordre est donné à toutes les unités de se replier. C’est la retraite à marche forcée avec les Allemands sur les talons. Elle durera deux semaines jusqu’au 15 septembre 1914.
Révision (conseil de)
Organisme comprenant tout à la fois des civils et des militaires chargé des opérations liées au recrutement des conscrits et au classement dans le service armé ou auxiliaire.
Rocade (tranchée de)
Tranchée permettant de se déplacer parallèlement au front des troupes.
Roulant (feu)
Tir d’artillerie dont la cadence est fixée à l’avance afin que l’infanterie puisse progresser derrière le rideau protecteur constitué par les obus s’abattant sur le champ de bataille.
Roulante (cuisine)
Cuisine mobile permettant la préparation et l’acheminement de la nourriture à proximité immédiate des premières lignes.
Rupture (tir de)
Tir d’artillerie ne s’effectuant qu’avec des pièces de gros calibre et dont le but est la démolition de cuirassement métalliques.
Saillant
Portion de front dont l’angle forme une avancée, une pointe.
Sammies
Désignation des soldats américains. Le terme est créé sur le modèle des « Tommies » désignant les soldats britanniques.
Sape
Dans le vocabulaire de la guerre de siège, la sape est une tranchée profonde (parfois couverte, mais jamais souterraine) permettant la circulation à l’abri des vues. Dans la guerre des tranchées, ce sens correspond généralement à celui des boyaux et le terme de sape est souvent improprement employé pour désigner galerie souterraine pour fourneaux de mine ou abri souterrain.
Sapeur
Soldat de 2e classe du Génie. Leur insigne distinctif est constitué par deux haches en sautoir cousues sur la manche. Il est chargé de l’exécution des sapes, c’est-à-dire des ouvrages souterrains permettant de renverser un édifice ou bien encore des tranchées.
Secteur
Portion du front à laquelle est affectée une unité pour un temps donné. Le secteur peut être dit calme, tranquille ou « pépère », ou au contraire dur et dangereux.
Section
La section est la première unité de manœuvre. Elle comprend 2 demi-sections ou 4 escouades, soit environ 65 hommes. La section est la subdivision de la compagnie. Elle est généralement commandée par un sous-lieutenant.
Section de commis et ouvriers d’administration
Unité en charge des écritures comptables et d’intendance, s’assurant du bon fonctionnement administratif de la gigantesque organisation bureaucratique qu’est aussi l’armée française de 1914-1918. Ces unités demeurent très mal connues et rares sont les témoignages de mobilisés au sein d’une COA.
Chaque section de C.O.A est affectée à un corps d’armée dont elle portera le numéro. Des sections supplémentaires sont également mises sur pied, affectées au gouvernement militaire de paris et aux principaux places fortes.
Section d’Infirmiers Militaires
Une Section d’Infirmiers Militaires (SIM) ne fonctionne pas en unité constituée ; pas de Journaux des marches et opérations (JMO). Ses membres sont répartis dans diverses Formations Sanitaires (FS). Les sections d’infirmiers militaires sont placées sous l’autorité supérieure des médecins militaires, chefs du service de santé.
Les infirmiers sont recrutés parmi les soldats sachant lire et écrire et n’ayant subi aucune condamnation. Ils reçoivent une formation à la fois théorique et pratique qui se décompose en trois temps, à savoir le peloton d’instruction d’une durée de six semaines, celle professionnelle commune à l’ensemble des personnels d’une SIM et le peloton spécial d’instruction technique d’une durée de trois mois. Hygiène hospitalière, asepsie et antisepsie chirurgicales, petite chirurgie, thermométrie, hydrothérapie, bandages, massages sont au programme de l’instruction de l’infirmier militaire de 1916.
On distingue deux catégories d’infirmiers militaires :
- les infirmiers d’exploitation destinés aux gros travaux (manutention…),
- les infirmiers de visite qui bénéficient d’une instruction technique, tant administrative que médicale, qui leur permet d’être de précieux auxiliaires des médecins.
Section de munition d’artillerie
Unité assurant le ravitaillement en obus des batteries d’artillerie. Ces unités nous sont notamment connues par l’intermédiaire de la correspondance de Charles Oberthür, officier en second puis commandant de la 6ème SMA du 7ème RAC.
Section de munition d’infanterie
Unité assurant le ravitaillement en munitions des régiments d’infanterie.
Sépulture
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, avant 1914 les soldats n’avaient pas droit à la tombe individuelle que leur sacrifice à la guerre aurait pu suggérer comme étant légitime, loin de là. Ils étaient simplement enterrés dans des fosses communes, bien souvent non identifiés, laissant les familles dans l’impossibilité de ses recueillir sur leur tombe.
C’est la loi du 29 décembre 1915 qui établit que « tout militaire mort pour la France a droit à une sépulture perpétuelle au frais de l’Etat ».
Mais la réalité du terrain est tout autre. Dès août 1914, les troupes françaises sous la pression allemande reculent et font face à un nombre de morts improbable. Les exhumations et transferts de corps des zones de combat ont été interdites. C’est donc dans la précipitation que les corps sont enterrés à la va-vite, dans des tombes éparses et des fosses communes.
Devant cette mort en masse, les familles comme l’Etat restaient désemparées et les mesures concrètes pour offrir une sépulture digne à ces milliers de combattants furent difficiles à mettre en place. Les familles souhaitaient que leurs proches tombés pour la France reposent auprès d’eux. Cela n’était pas toujours possible car il restait de nombreux disparus et des corps non identifiés. La confusion était totale et de nombreuses années furent nécessaires pour créer ces lieux de sépulture. Malgré tout, des milliers de soldats furent inhumés dans les cimetières communaux situés à proximité des lieux de bataille et 2170 carrés militaires communaux ont été créés en France.
Après 1918, ce rapatriement des corps devint une revendication courante, malgré les partisans du maintien d’une fraternité d’armes symbolique des défunts dans des cimetières installés sur les zones de combat. La question de maintenir les sépultures à l’endroit des combats plutôt que de les rapatrier est posée et donne lieu à des débats A partir de 1919, les exhumations clandestines se multiplient. L’Etat doit prendre des mesures pour en limiter les effets (instruction du 15 juin 1919) : il décide de la restitution des corps des militaires et marins morts pour la France.
La loi du 31 juillet 1920 décide de la transformation des cimetières provisoires en nécropoles nationales. Sur le front donc, les corps des soldats sont exhumés pour être rassemblés dans ces nécropoles nationales comme celle d’Auberive ou de Notre-Dame de Lorette dont l’Etat prend en charge l’entretien.
Le décret du 28 septembre 1920 organise le service chargé des restitutions. Les familles ont jusqu’au 15 février 1921 pour faire parvenir leurs demandes au ministère des Pensions. Les textes prévoient la restitution des corps aux familles qui le désirent aux frais de l’Etat. Mais les frais sont tels que seuls 30% des corps identifiés (environ 240 000) sont restitués aux familles – et par là même sortis des nécropoles nationales et des carrés militaires – entre 1921 et 1923. Nombre de soldats sont restés dans les cimetières militaires ou les ossuaires, dont les quatre principaux en France se trouvent à Douaumont, Hartmannswillerkopf (Vosges), Dormans (Marne) et Rancourt (Somme). Un droit annuel pour permettre aux familles endeuillées de venir se recueillir dans ces lieux de sépulture nationalisés est organisé (Loi du 29 octobre 1921).
On compte en France 265 nécropoles nationales où reposent 740 000 corps et 2 170 carrés militaires communaux où sont inhumés près de 98 000 soldats français. 88% de ces corps sont ceux de soldats de la guerre de 1914-1918. À l’étranger, plus de 1 000 lieux de sépultures de militaires français sont répartis dans 80 pays où 230 000 soldats sont inhumés.
Notre-Dame-de-Lorette est la plus grande nécropole nationale où reposent plus de 42 000 soldats. Constituée de plusieurs cimetières, elle a été érigée provisoirement en lieu de sépulture lors des terribles batailles entre 1914 et 1915, opposant les forces françaises et allemandes pour la tenue de la colline de Lorette, lieu stratégique sur le territoire d’Alban-Saint-Nazaire dans le Pas-de-Calais. Au pied de l’édifice est installé un « anneau de mémoire », rendant hommage aux 600 000 victimes, de toutes nationalités, du conflit dans le Nord-Pas-de-Calais.
Édifiée en 1923, la Nécropole de Douaumont accueille les ossements de 130.000 soldats français et allemands retrouvés sur ce champ de bataille qui vit tomber plus de 300.000 d’entre eux entre février et décembre 2016.
Sergent
Ce nom vient du latin serviens et signifie d’abord : « celui qui est au service ». Dans l’ancien français, il désignait les hommes d’armes. On appelait sergent de bataille, celui qui rangeait les troupes. Sa place actuelle dans la hiérarchie semble remonter vers 1550. En 1914, c’est le premier grade de sous-officier dans l’infanterie. C’est l’équivalent de maréchal des logis dans la cavalerie.
Sergent-fourrier
Sous-officier placé immédiatement sous les ordres du sergent-major et aidant dans le service administratif de la compagnie.
Sergent-major :
Grade créé en 1776. C’est un sous-officier responsable devant le capitaine pour tout ce qui relève dans une compagnie de la tenue des registres et, d’une manière générale, de l’administratif.
Servant
Terme d’artillerie qui désigne ceux qui sont directement chargés de la mise en œuvre d’une pièce.
Service armé
Statut militaire « normal », synonyme pendant la Grande Guerre de port des armes et d’affectation au front.
Service auxiliaire
Classement faisant suite à une blessure où une incapacité physique toutefois pas suffisamment importante pour justifier la réforme. Le service auxiliaire, contrairement au service actif, est le plus souvent synonyme d’emploi à l’arrière, dans les dépôts.
Shrapnel
Arme antipersonnel : obus rempli de projectiles, du nom de l’inventeur du minuteur qui provoque l’explosion, le général anglais Henry Shrapnel. L’orthographe du terme est variable dans les témoignages. L’obus libère 200 à 300 balles de plomb capables de percer un crâne non casqué. Par extension, on appelait aussi shrapnells les éclats d’obus.
Soixante-quinze (75)
Désignation du canon français le plus utilisé et considéré comme un des plus efficaces, dont le calibre, c’est-à-dire le diamètre de la pièce à son embouchure, est de 75 mm. D’une cadence de tir potentielle de 20 coups par minute (en pratique, 8 coups par minute) il est précis à plus de 6000 mètres de distance, et relativement mobile en raison de sa légèreté. Désigné comme emblématique de la modernité technique de l’armée française, il est doté de vertus miraculeuses par la presse et parfois par les combattants eux-mêmes, même si ses limites face aux retranchements solides apparaissent rapidement.
Sous-lieutenant
Le sous-lieutenant est le premier grade dans l’ordre des officiers, le plus subalterne. Il est supérieur au grade d’adjudant-chef et inférieur à celui de lieutenant. L’insigne correspondant au grade de sous-lieutenant est constitué d’un galon d’or.
Sous-officier
Militaire pourvu d’un grade compris entre celui de caporal et celui de sous-lieutenant.
Spahis
Le mot spahi tient son origine du perse سپاهی sipâhi, qui signifie soldat de cavalerie. À la différence des mamelouks, des troupes régulières, et pour renforcer celles-ci, les « sipahis » voient le jour dans l’Empire ottoman au début du XIXe siècle. Ils sont alors des escadrons de cavaliers autochtones. S’en inspirant, la France crée officiellement, en Algérie, en 1834, des unités de l’armée d’Afrique qu’elle appelle les « spahis ». Ce sont des troupes de recrutement indigène dont l’encadrement comprend des sous-officiers et officiers français et indigènes. A la veille de la Grande guerre, il existait cinq régiments de spahis (quatre Algériens dont un descend du régiment de marche de spahis marocains créé en 1914 par le général Lyautey, et un Tunisien).
Au cours de la première guerre mondiale, ces cavaliers abandonnent leurs chevaux, leurs uniformes chatoyants et leur burnous rouge lorsqu’ils rejoignent les fantassins dans les tranchées.
Service des Renseignements de l’artillerie (S.R.A.)
Tous les régiments destinés particulièrement à la lutte contre l’artillerie ennemie doivent disposer de moyens complémentaires pour acquérir les objectifs défilés aux vues.
Il est alors créé en 1915, au niveau de l’artillerie du corps d’armée et de l’armée, le Service des Renseignements de l’artillerie (S.R.A.). Ces formations trient, centralisent, exploitent et diffusent les renseignements sur les objectifs recueillis par toutes les unités d’artillerie, par l’aéronautique (avions, ballons, photographie aérienne) et par des organismes spécialisés des SRA que sont les Sections de repérage par observation terrestre (S.R.O.T.) et les Sections de repérage par le son (S.R.S.). Une escadrille d’avions par corps d’armée, dite Section d’artillerie lourde, complètera le tout pour l’observation et le réglage des tirs à longue distance.
Soldat
Le mot viendrait de l’italien soldat (celui qui perçoit une solde). Au XVIIe siècle, il remplace le mot soudard devenu péjoratif. Tous les soldats sont par définition 2ème classe – 1ère classe n’est pas un grade mais une distinction.
Stosstruppen
(Mot allemand signifiant troupes de choc) Troupes d’assaut envoyées par les Allemands comme avant-garde dans les attaques.
Subdivision militaire
Sous-circonscription d’une région militaire correspondant à la zone d’activité d’un bureau de recrutement pour la mise en la mise en place du Conseil de révision.
Subsistances (service des subsistances militaires)
Service en charge de l’approvisionnement en nourriture des hommes et des chevaux. On distingue traditionnellement trois services au sein des subsistances militaires : les vivres, le fourrage ainsi que le chauffage et l’éclairage.
Une unité ou un groupe d’individus est dit en subsistance dans une unité lorsque, isolée, elle est intégrée à un corps du point de vue de son approvisionnement en nourriture.
Suffocant
Type de gaz de combat entraînant l’asphyxie.
Tank
Char d’assaut. Ce terme provient du diminutif de l’expression anglaise water tank, nom de code désignant la mise au point et l’expérimentation de cette nouvelle arme pendant le conflit.
Taube
Avion monoplan allemand. Dans l’argot des poilus, le terme de taube tend par extension à qualifier tout avion de l’armée allemande.
Teuton/ne
Terme très péjoratif servant à désigner les Allemands.
Territorial
Soldat appartenant à l’armée du même nom. Elle est composée des soldats les plus âgés, trop vieux pour servir dans l’active.
Dans l’argot des poilus, les territoriaux sont les pépères, terme qui fait à la fois référence à leur âge mais également au fait qu’ils sont généralement moins exposés que les soldats de l’active.
Théorie des gros
Doctrine qui, en 1914, confère non seulement la prééminence à l’infanterie sur le champ de bataille mais, de surcroît, tend à mesurer la puissance d’une armée au nombre de soldats qu’elle peut enrôler.
Tirailleur
Le terme de « tirailleur », apparu bien avant 1842, c’est-à-dire avant la colonisation de l’Afrique, s’applique à des régiments d’Infanterie légère coloniale. Exemples : tirailleurs algériens, tonkinois, malgaches, sénégalais….
Les Tirailleurs, troupes légères d’Infanterie, étaient généralement déployés devant le front des troupes pour harceler l’ennemi. Ils trouvent leur origine dans les « Turcos » issus des divers corps irréguliers turcs et arabes formés par les français à partir de 1833. A partir du 19ème siècle, l’armée française a constitué et formé des unités de tirailleurs dans les colonies :
- les Tirailleurs sénégalais (Tirailleurs sénégalais du Cameroun, des Somalis, de Guinée, du Maroc, du Niger, du Soudan, du Tchad, de l’Oubangui-Chari; Tirailleurs sénégalais du Levant). Le corps des Tirailleurs sénégalais a été créé en 1857 et constituait le principal élément de la « Force Noire » ;
- les Tirailleurs algériens (1842), tunisiens et marocains (1912) ;
- les Tirailleurs indochinois (tirailleurs tonkinois, annamites et cambodgiens).
Le terme de « tirailleur » désigne plus largement, dans le langage militaire, une tactique de combat pratiquée par un soldat ou une troupe légère détachée en avant pour progresser en ordre dispersé devant le gros des troupes en éclaireur ou pour harceler l’ennemi en tirant à volonté sur l’ennemi (marcher, se déployer en tirailleurs en se dispersant surtout le terrain permettant ainsi de se protéger, de se camoufler et de diminuer les pertes sous les tirs d’artillerie, par opposition aux unités de ligne d’autrefois, dans lesquelles chaque rang tirait sur ordre puis rechargeait et ainsi de suite au cours d’une bataille rangée).
Tirailleurs algériens
Les Tirailleurs algériens sont des unités de l’Armée Françaises d’Afrique coloniale, elles sont constituées pour l’essentiel d’indigènes musulmans d’Algérie encadrés par des Français. Les Tirailleurs algériens, apparus officiellement en 1842, sont, du fait de la démographie de l’Algérie de tous temps, beaucoup plus nombreux que les Marocains, les Tunisiens ou les Sénégalais.
En 1912, le recrutement des « indigènes » algériens », jusqu’alors effectué par engagement volontaire, est complété par la conscription par tirage au sort avec appel à dix-huit ans et service de trois ans en vue de la création de nouvelles unités (loi du 23 décembre 1912), rendue nécessaire en raison de la réduction du temps de service militaire à deux ans pour les Français (appelé à 20 ans) votée en 1905. En 1913, cinq nouveaux régiments (les 5ème, 6ème, 7ème, 8ème et 9ème) sont créés avec les bataillons engagés au Maroc.
Durant toute la Première Guerre mondiale, les Tirailleurs vont s’illustrer sur tous les fronts : Guise, L’Yser, Champagne en 1914 et 1915, Verdun, La Somme, l’Aisne, La Malmaison en 1916 et 1917, Champagne, Soissonnais, Le Matz, La Serre voisinent sur leurs drapeaux, sans parler des campagnes d’Orient. A l’Armistice, on compte sur le front de France dix-sept régiments de marche de tirailleur et le 1er RMZT ; d’autres sont en Palestine, au Levant, au Maroc, e, Algérie et en Tunisie.
Tirailleurs indochinois
Issus de l’Indochine française, les tirailleurs indochinois furent recrutés au Laos, au Tonkin, en Annam et au Cambodge à partir des années 1880 lors de l’expédition du Tonkin. Pendant la Première guerre mondiale,
44 000 soldats vietnamiens servirent dans des bataillons combattants sur le front, à Verdun sur le Chemin des Dames, dans les Vosges et sur le front d’Orient dans les Balkans. Dans des bataillons logistiques, ils servirent comme chauffeurs transportant les troupes au front, comme brancardiers sur le champ de bataille et comme cantonniers chargés de la réfection des routes. Ils seront également chargés de « l’assainissement » des champs de bataille notamment à la fin de la guerre en plein hiver et sans habits chauds, permettant aux appelés français de rentrer plus vite dans leurs foyers.
Tirailleurs sénégalais
Contrairement à ce que l’on pourrait de prime abord croire, le recrutement des célèbres tirailleurs sénégalais ne se limite pas aux frontières de l’actuel Sénégal. Ce terme provient de ce que le premier bureau de recrutement de tirailleurs africains est ouvert en 1857 à Saint-Louis du Sénégal par le général Faidherbe. En fait, le terme « sénégalais » désigne toutes les troupes venant d’Afrique Équatoriale et d’Afrique de l’Ouest qui ont rejoint les rangs de l’armée coloniale.
La Grande guerre marque un tournant dans l’emploi des troupes coloniales. À la suite des revers que connait l’armée française en 1914, le recrutement des tirailleurs s’intensifie entrainant de nombreuses résistances dans les colonies. Dès 1916, une véritable chasse aux recrues fut mise en place pour satisfaire les énormes besoins en hommes de la guerre totale que fut la Première Guerre mondiale. La direction des territoires coloniaux fit pression sur les chefs de village, organisant de véritables rafles. Des révoltes éclatèrent ici et là.
Entre 1914 et 1918, sur les 161 250 tirailleurs recrutés, 134 000 interviennent sur différents théâtres d’opération, notamment aux Dardanelles et sur le front de France, à Verdun ou sur la Somme (1916), sur l’Aisne en 1917, tandis que les autres servent outre-mer comme troupe de souveraineté. A la fin de la Guerre, 30 000 ne sont pas revenus.
Les faits d’armes des tirailleurs forcent l’admiration de la population française, comme à Reims où les habitants ont financé le Monument aux héros de l’Armée noire. Cet hommage aux troupes coloniales évoque leur défense héroïque de la ville en 1918 contre les assauts de l’armée allemande.
Tirs d’artillerie
En fonction de leur objectif, les tirs d’artillerie portent des noms différents :
- Le tir de démolition ou de destruction vise la destruction brutale et complète d’un objectif, par un tir fourni et ajusté, avec des projectiles explosifs percutants.
- Le tir d’écrasement est un tir de démolition de densité particulièrement forte.
- Le tir d’efficacité est un tir sur zone, dense et rapide, effectué immédiatement après le réglage.
- Le tir d’encagement désigne un tir en tenaille (donc produit par au moins deux positions d’artillerie) au plus près de l’ennemi et sur une zone réduite.
- Le tir d’enfilade vise une position ou un cheminement sur la plus grande longueur, généralement de flanc.
- Le tir d’interdiction a pour effet d’interdire la circulation en un point de passage alors que toute surveillance est impossible (zone invisible des observatoires, temps de brume ou de nuit).
- Le tir de neutralisation cherche, quand la destruction des organisations ennemies est impossible, à neutraliser le personnel de ces organisations en l’obligeant à demeurer dans les abris et en le démoralisant par la violence du bombardement.
Tocsin
Sonnerie de cloches faite de coups pressés et redoublés afin de donner l’alarme. On peut ainsi sonne le tocsin en cas d’incendie ou, comme le 1er août 1914, de mobilisation générale. Ce jour-là, à 4 heures de l’après-midi, tous les clochers de France font entendre ce sinistre tocsin. La Grande Guerre commence.
Torpille
Projectile d’artillerie, notamment de tranchées.
Toxique
Type de gaz de combat s’attaquant aux organes vitaux que sont les poumons et le cœur.
Traceur (obus)
Munition utilisée marquant sa trajectoire dans l’air par un sillage de fumée. Obus utilisé par la DCA.
Train des équipages
Le train des équipages assure en campagne la conduite des équipages des quartiers généraux, des dépôts, de remonte mobile ; les convois de l’intendance, des ambulances, des hôpitaux, des convois d’évacuation, du service de santé ; les transports de la Trésorerie, des Postes et du service de l’arrière.
Traités
Accord entre états. C’est au moyen d’une série de traités qu’est – imparfaitement – soldée la Première Guerre mondiale. Le principal traité est signé dans la galerie des glaces du château de Versailles le 28 juin 119, soit cinq ans jour pour jour après l’assassinant à Sarajevo de l’archiduc François Ferdinand. Ce texte comporte un certain nombre de dispositions territoriales prescrivant notamment le retour de l’Alsace-Lorraine à la France et l’abandon de la Pologne par le Reich. Déclarant l’Allemagne seule responsable du conflit, le traité de Versailles condamne de surcroît ce pays à de très importantes réparations tout en limitant son armée à 100 000 hommes (celle-ci étant de plus interdite d’artillerie lourde, d’aviations et de tanks).
Le traité de Versailles est complété par une série de traités dit « de la région parisienne », accords signés entre l’été 1919 et l’été 1920. Le traité de Neuilly se rapporte au sort de la Bulgarie, à qui est imposée d’importantes modifications frontalières, notamment au profit de la Grèce. Le traité de Saint-Germain-en-Laye concerne pour sa part l’Autriche, née de l’effondrement de l’Empire Austro-Hongrois et limitée à un territoire de 83 000 kilomètres carrés et 6 500 000 habitants. Le traité du Trianon a pour objet la Hongrie et impose également à ce pays de drastiques restrictions territoriales. Enfin, le traité de Sèvres règle le sort de la Turquie, également amputée d’une large partie de son territoire.
Triple Alliance (ou Triplice)
Accord unissant depuis 1882 l’Empire Allemand, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, ce dernier pays étant incontestablement le maillon faible de cette alliance diplomatique. D’ailleurs, pendant la Première Guerre mondiale, Rome se déclare dans un premier temps neutre pour s’engager ensuite, au printemps 1915, aux côtés de l’Entente. L’Empire Ottoman succède à l’Italie au sein de la Triplice en entrant dans le conflit en octobre 1914 aux côtés de l’Allemagne.
Tranchée
Après la bataille de la Marne du 5 au 10 septembre 1914, et le repli des Allemands jusqu’à l’Aisne, Allemands et Français tentent de se déborder l’un l’autre. Cette manœuvre entraine un glissement du front vers les Flandres et prend improprement le nom de « Course à la mer ».
Dès lors, l’armée française se retrouve immobilisée face à l’armée allemande. Deux lignes compactent formées de milliers d’hommes cherchent chacune à réaliser une brèche dans l’autre. Les états-majors se retrouvent alors dans une position très dangereuse pour leur armée respective, cependant, aucun n’entend céder le moindre mètre carré de terrain à son adversaire. Ne parvenant pas à trouver de solutions tactiques concevables, et afin de ménager les hommes épuisés, les généraux optent pour la défensive et ordonnent de se fortifier sur place. Les deux armées s’enterrent l’une face à l’autre sur un front de plusieurs centaines de kilomètres.
A la fin d’octobre 1914, les premières tranchées apparaissent donc, le conflit est entré dans « la guerre de position ».
Mais contrairement à ce que l’on peut trop souvent croire, la tranchée ne naît pas avec la guerre de positions. Certains relevés effectués après la bataille de Charleroi, en août 1914, attestent ainsi le creusement de tranchées par les belligérants. Il s’agit en effet de simples trous individuels de protection qui, par la même occasion, soulignent l’important changement de signification que connait le terme de tranchée pendant la Première Guerre mondiale. Mais, celles-ci n’ont pas grand-chose à voir avec le système complexe que l’on peut retrouver à partir de l’automne 1914 et qui constitue un redoutable système défensif tout au long du front.
Les tranchées sont composées de plusieurs lignes, distantes de quelques centaines de mètres, reliées par des « boyaux » sinueux. Elles sont creusées à une profondeur d’environ 2 mètres et surmontées d’un parapet élevé avec des sacs de sable. Parfois, des fagots consolident les parois et des rondins de bois recouvrent le sol.
Une tranchée de première ligne était creusée en zig zag, ou en ligne droite entrecoupée de créneaux pour éviter les tirs en enfilade. Elle a 3 fonctions principales : on y fait feu contre l’ennemi, c’est le tremplin pour les attaques de fantassins, et en cas d’attaque c’est la première ligne de défense pour repousser l’assaut ennemi. On y trouve donc de nombreux postes de tir et de guet, des nids de mitrailleuse et quelques abris souvent très sommaires. La première ligne est la plus exposée et les soldats y étaient (théoriquement) régulièrement relevés.
Un peu plus en arrière (70 à 100 m derrière la première ligne), une tranchée de seconde ligne sert de repli et d’appui ou de base pour une contre-attaque. On y trouve des abris, parfois profonds et couverts, des postes de guet et de soins sommaires.
Encore plus en arrière (de 150 m à parfois 2 km de la première ligne), une troisième ligne (tranchée de réserve) était en théorie plus sûre, servant de chemin de ravitaillement, ou le cas échéant de chemin de retraite. Cette zone était néanmoins souvent exposée à l’artillerie ennemie à longue portée. Fréquemment, il ne s’agissait pas d’une vraie tranchée mais d’une zone de stockage de vivres, matériels et munitions, plus ou moins protégée ou fortifiée, où les soldats pouvaient aussi prendre un peu de repos. Chaque ligne était reliée aux autres par des boyaux également creusés dans le sol, parfois aménagés en chicane pour être mieux défendus.
Tranchées de communication
Comme une tranchée de première ligne, un boyau de communication ne doit jamais être rectiligne. Il est le plus souvent tracé en zigzags, en vagues ou en crémaillère. Il est souvent très étroit afin de protéger au mieux les hommes qui les empreintes et profonds de 1 m 50 à 2 m.
Les changements de directions doivent être nombreux et aménagés afin de permettre un croisement facile. En effet, le boyau de communication est sujet à une multitude de va et vient : les brancardiers qui évacuent les blessés sur les brancards, les » hommes soupes » qui amènent les repas, les hommes de ravitaillement chargés de munitions et de matériels diverses, les coureurs qui rejoignent les postes de commandement ainsi que les officiers qui vont y chercher les ordres, les troupes qui relèves ou qui sont relevés.
Ces boyaux ont un point faible, en cas d’invasion des premières lignes par l’ennemi, ils facilitent la progression de ce dernier vers l’arrière. Il est donc impératif de mettre en place tout au long du boyau des points fortifiés. Ils servent alors à ralentir les éventuels assaillants qui emprunteraient le boyau.
Travailleurs coloniaux et étrangers
Après le départ des soldats au front, la féminisation du personnel et l’emploi des prisonniers de guerre s’avèrent rapidement insuffisants pour alimenter les énormes besoins de la machine de guerre.
Afin de compenser ce manque de bras, la France et le Royaume-Uni font massivement appel aux travailleurs coloniaux et étrangers, principalement en Afrique du Nord (80 000 Algériens, 100 000 Égyptiens, 35 000 Marocains, 18 500 Tunisiens) et en Asie (21 000 Indiens, 49 000 Indochinois, 100 000 à 137 000 Chinois). Environ 5 500 Malgaches et 20 000 Sud-Africains viennent grossir leurs rangs.
Employés pour soutenir l’effort de guerre dans les zones d’arrière-front, ces travailleurs sont envoyés dans les usines ou les mines (la moitié travaille pour l’industrie de guerre), s’occupent des travaux agricoles (pour un tiers d’entre eux) comme de la réfection des routes, creusent ou réparent des tranchées, déchargent les marchandises dans les grands ports du littoral (Calais, Boulogne, Dunkerque), etc.
Si le rapatriement d’un grand nombre d’entre eux commence avant même l’annonce de l’armistice, on ne tarde pas à relancer leur immigration en 1919 en prévision de l’immense chantier de reconstruction et du nettoyage des champs de bataille (environ 80 000 hommes répartis en France et en Belgique). Soumis à la loi militaire, ils sont regroupés dans des camps où les conditions de vie sont très dures.
Trêve
Cessation extrêmement limitée dans le temps et l’espace des combats. Bien qu’exceptionnelles, les trêves de noël 1914 font l’objet d’une intense médiatisation mémorielle. Il est vrai que leur portée pacifiste et européenne est incontestable.
Triple-alliance ou Triplice (Contraction de Triple alliance)
Accord unissant depuis 1882 l’Empire Allemand, l’Autriche-Hongrie et l’Italie, ce dernier pays étant incontestablement le maillon faible de cette alliance diplomatique. D’ailleurs, pendant la Première Guerre mondiale, Rome se déclare dans un premier temps neutre pour s’engager ensuite, au printemps 1915, aux côtés de l’Entente. L’Empire Ottoman succède à l’Italie au sein de la Triplice en entrant dans le conflit en octobre 1914 aux côtés de l’Allemagne.
Triple-entente
Union diplomatique de la France, de la Grande-Bretagne et de la Russie résultant d’une série d’accords bilatéraux signés entre 1898 et 1905 dans le but de contrer la Triple Alliance et plus particulièrement l’Allemagne.
Typhoïde
Fièvre se propageant à la faveur d’une hygiène précaire, qui se transmet notamment par les mains sales et l’eau souillée. Cette maladie hautement infectieuse se développe plus particulièrement sur des organismes affaiblis par la fatigue et les carences alimentaires. On comprend donc que nombreux soient les poilus à être victimes de cette fièvre.
La fièvre typhoïde a été la maladie infectieuse la plus meurtrière pour les troupes françaises. Pas moins de 15 000 hommes y ont succombé, soit l’effectif d’une division ! Ayant débuté dès les premières semaines de guerre, l’épidémie atteignait un pic en novembre et décembre 1914 avec 14 000 nouveaux cas par mois dans l’armée française. Bien qu’en décroissance, la maladie persistait pendant le premier semestre 1915, atteignait un nouveau pic à la fin de l’été avant de se stabiliser autour de quelques centaines de cas par mois et moins pendant les autres années de guerre. Sur les 125 000 cas enregistrés de 1914 à 1918, 45 500 étaient survenus en 1914 et 64 500 en 1915 soit 88 % du total pour ces 18 premiers mois de guerre.
Malgré l’existence de vaccins, rendus obligatoires par la loi Labbé du 28 mars 1914, les troupes françaises qui comportaient un très grand nombre de réservistes n’étaient que très partiellement immunisées. Seuls 125 000 hommes (sur 3 600 000) étaient complètement vaccinés (3 ou 4 injections selon le vaccin utilisé) en août 1914.
En plus des difficultés de production et d’approvisionnement, il faut souligner le soutien souvent défaillant du commandement, non convaincu de l’efficacité et impressionné par les réactions adverses du vaccin et même de certains médecins qui multipliaient les contre-indications. Mais les campagnes de vaccination initiées à partir de l’été 1915, si elles ne sont pas sans effets secondaires, sont néanmoins efficaces.
U-Boot
Littéralement Unterseeboot, sous-marin allemand.
Uhlan
Lancier allemand.
Uniforme
Les soldats français :
Au début du conflit, les soldats français portent le même uniforme qu’au siècle précédent : un pantalon et d’un képi rouge garance, un manteau couleur gris bleuté, un ceinturon et des guêtres. Cet uniforme n’est cependant pas adapté à la guerre de tranchée, car très voyant. À partir de 1915, il est progressivement remplacé. Les soldats sont équipés d’un casque Adrian, en acier, d’une capote de modèle Poiret, de bandes molletières et d’épaisses chaussures, appelées « brodequins ». Le pantalon et le manteau prennent alors la couleur bleu horizon.
Les soldats britanniques :
Les soldats britanniques sont équipés d’un pantalon et d’une tunique avec un col fermé, de couleur kaki. Les boutons sont en laiton et représentent l’insigne du régiment d’appartenance du soldat. Cet uniforme est complété par des bandes molletières et une capote en feutre. Au début du conflit les soldats britanniques portent une casquette qui sera ensuite remplacée par un casque plat, le Brodie. Un autre élément permet de les distinguer : la majorité des soldats portent leur cartouchière en bandoulière sur le torse.
Les soldats de l’ANZAC (Australian and New Zealand Army Corps) :
L’uniforme des soldats de l’ANZAC est constitué d’une vareuse, d’un pantalon et de bandes molletières kaki. Au début de la guerre, ils portent un chapeau en feutre, appelé slouch hat, dont le bord gauche est relevé. Sur celui-ci est épinglé un insigne, le Rising Sun, qui représente un soleil entouré de baïonnettes se levant sur la couronne britannique. Ce couvre-chef sera par la suite supplanté par un casque, semblable à celui des Britanniques.
Les tirailleurs marocains :
En 1914, l’uniforme des tirailleurs marocains se compose d’un paletot et d’une culotte bleu foncé, d’un collet à capuchon de modèle zouave couleur gris de fer bleuté, de bandes molletières bleu foncé et de brodequins. À partir du printemps 1915, cet uniforme prend la teinte bleu horizon et le paletot se pare d’un col rabattu, souligné par un liseré jonquille. Sur la tête, les tirailleurs marocains portent d’abord une chéchia, qui est ensuite remplacée par un casque Adrian sur le champ de bataille.
Les soldats allemands :
L’uniforme des soldats allemands est constitué d’un pantalon et d’une vareuse à huit boutons avec un col droit, de couleur Feldgrau (gris-vert) et généralement souligné d’un passepoil rouge. Ils portent également des bottes en cuir beige cloutées et un casque à pointe. Ce dernier est substitué par un casque à visière au cours de la Grande Guerre, le Stalhelm, moins visible et protégeant mieux.
Union sacrée
Au sens strict, cette expression désigne l’union syncrétique des parlementaires, des partis politiques et des syndicats dans la défense de la patrie. Cette expression découle d’une formule employée par le Président de la République française Raymond Poincaré dans un discours lu à l’Assemblé nationale par le Président du Conseil René Viviani le 4 août 1914 ; « La France sera héroïquement défendue par tous ses fils, dont rien ne brisera, devant l’ennemi, l’union sacrée et qui sont, aujourd’hui, fraternellement assemblés. » Aussitôt, la SFIO et la CGT – l’extrême gauche de l’époque – s’y rallient ainsi que la droite nationaliste, même si cette dernière ne sera pas appelée à siéger au gouvernement.
L’Union sacrée ne met pas un terme aux clivages politiques et sociaux, véhéments, à l’époque. C’est une trêve dans les luttes politiques et syndicales, destinée à unir et rassembler les forces vives de la nation, face à l’ennemi commun. Lorsqu’on se souvient de la violence qui présidait alors aux confrontations entre cléricaux et radicaux, entre nationalistes et socialistes, on ne peut qu’être abasourdi de les retrouver ainsi au coude-à-coude. Le consensus politique existe pourtant bel et bien en 1914, mais concerne uniquement la défense nationale. Les Français, bon gré mal gré, ne sont d’accord que sur une chose : défendre leur pays agressé. En revanche, les avis diffèrent sur le sens donné à la guerre. Entre ceux qui luttent contre le péril allemand et décrivent l’ennemi sous les traits d’une race de barbares portée au pillage et à la destruction, et ceux qui n’ont de haine que pour le militarisme allemand et croient, comme Henri Barbusse, qu’ils vont « tuer la guerre dans le ventre de l’Allemagne », il n’y a pas vraiment de compromis…
Unités de l’Armée de Terre de l’Ouest de la France en 1914
Corps d’Armée | Divisions d’Infanterie | Brigades d’Infanterie | Régiments d’infanterie | Autres unités |
10ème Quartier général à Rennes Environ 30 000 hommes | 19ème DI 20ème DI | 37ème BI 38ème BI 39ème BI 40ème BI | 48ème RI de Guingamp 71ème RI de St-Brieuc 41ème RI de Rennes 70ème RI de Vitré 25ème RI de Cherbourg 136ème RI de St Lô 2ème RI de Granville 47ème RI de St Malo | Cavalerie : ▪ 24ème Rgt de Dragons de Rennes ▪ 13ème Rgt de Hussards de Dinan Artillerie : ▪ 10ème Brigade comprenant 3 régiments basés à Rennes (7ème, 10ème et 50ème) Génie : ▪ 10ème bataillon ▪ Infirmiers : 10ème section de Rennes |
11ème Quartier général à Nantes Environ 30 000 hommes | 21ème DI 22ème DI | 41ème BI 42ème BI 43ème BI 44ème BI | 64ème RI d’Ancenis 65ème RI de Nantes 93ème RI de la Roche-Sur-Yon 137ème RI de Fontenay-Le-Comte 62ème RI de Lorient 116ème RI de Vannes 19ème RI de Brest 118 RI de Quimper | Cavalerie : ▪ 3ème Rgt de Dragons de Nantes ▪ 2ème Rgt des Chasseurs de Pontivy Artillerie : ▪ 11ème Brigade comprenant 3 régiments (51ème à Nantes, 28ème et 35ème à Vannes) Génie : ▪ 11ème bataillon ▪ Infirmiers : 11ème section de Nantes |
Renvois : Régiments bretons en 1914, Mobilisation en Bretagne
Voie sacrée
Ensemble de routes reliant Verdun à Bar-le-Duc et jouant pendant la bataille de Verdun un rôle essentiel. Expression de Maurice Barrès en référence à la Via Sacra romaine.
Renvoi : Noria de Verdun
Ypérite
Nom donné au gaz moutarde en référence à la ville d’Ypres et à l’attaque allemande du 22 avril 1915. En plus d’être le gaz le plus toxique jamais conçu depuis le début de la guerre chimique, I possède des facultés jamais observées à ce jour : brûler toutes les parties du corps exposées, n’agir que plusieurs heures après contamination, si bien que le sujet ne s’en rend pas compte, et être persistants en restant actif sur le terrain durant plusieurs semaines. Ces nouvelles propriétés extrêmes vont raviver la terreur des combattants pour les attaques aux gaz.
Zeppelin
Dirigeable à coque rigide allemand du nom de son inventeur, le comte Ferdinand von Zeppelin. Utilisé en mission de reconnaissance puis en bombardier, il sera finalement dépassé par les progrès techniques de l’aviation.
Zones pendant la Grande Guerre
Elles sont au nombre de trois : la zone de guerre, la zone occupée, la zone non-occupée
La zone de guerre, aussi appelée le front de guerre, s’étend de la côte belge à la Suisse, représentant alors une ligne de tranchées de plus de 700km. Globalement stable jusqu’en mars 1918, elle connaît tout de même des variations selon les offensives. Soumise au pouvoir de l’artillerie, elle représente une zone d’environ 15km de chaque côté du no man’s land. Ainsi, dès le début du conflit, la population civile a été déplacée de cette zone.
La zone occupée. Dès le début du conflit, les Allemands ont 2 heures d’avance sur l’heure française et fondent leur domination sur la peur des civils, le but étant de réquisitionner les productions agricoles et alimentaires, les matières premières, le bétail, les produits manufacturés à leur profit. Dès octobre 1914, ils occupent et contrôlent la région minière, sidérurgique et textile du Nord, la plus grande région industrielle du pays avec Paris. La région devient alors une zone occupée. La plupart des machines les plus modernes est transférée en Allemagne et les machines restantes sont utilisées sur « droit de réquisition ». Dans les campagnes, les chevaux sont aussi réquisitionnés, soit pour le transport à l’arrière du front, soit pour nourrir les soldats. De même, la majorité de la production alimentaire est réquisitionnée par les forces allemandes. Adoptant le travail forcé de nombreux hommes et femmes de tout âge, les Allemands ont provoqué de sérieux problèmes de production, des famines, des pénuries dans les régions concernées, en plus de déporter de nombreux civils français et belges à partir de 1916, les envoyant travailler dans des régions éloignées comme les Ardennes.
La zone non occupée. Les civils ayant dû fuir ou être évacués ont été envoyés dans des territoires sûrs. C’est ce que l’on appelle la zone non-occupée. La zone non-occupée est progressivement organisée pour accueillir les civils, mais aussi les soldats français et britanniques. Ici, les troupes sont approvisionnées, notamment grâce à la mise en place d’un élevage de bétail à grande échelle.
Zones rouges
La « Zone Rouge » : par cette appellation, on désigne à la fin de la guerre les territoires ravagés par 4 années de combats. Les sols y sont bouleversés, les villes presque totalement détruites et les infrastructures anéanties.
Ces terres qui ont subi les séquelles les plus désastreuses des combats sont à ce titre interdites de toutes activités humaines à cause des nombreuses munitions non explosées qui y demeuraient, des bactéries germant de la putréfaction des cadavres, des amas de métal, des restes de gaz et de la très forte pollution des sols (mercure et plomb). Au sortir de la Première guerre mondiale, les zones rouges représentaient environ 120 000 hectares sur onze départements de l’est et du nord de la France, une superficie « gelée » par l’État qui a acheté les terrains concernés. Au fur et à mesure, la surface des zones rouges a été réduite, bien que, comme nous l’avons vu plus haut, il puisse demeurer des parcelles non explorées qui mériteraient de l’être.
Un désobuage partiel a été effectué après la guerre, mais faute de détecteur de métaux, il est resté très superficiel et, alors qu’une grande partie des munitions trouvées a été déversée dans l’océan, il reste dans les sols des forêts de guerre, des millions d’obus et de petites munitions et des milliards de billes de shrapnels désormais recouvertes par les racines des arbres. Car une grande partie de ces terres a été reboisée, artificiellement ou naturellement. Si la superficie de la « zone rouge » a largement diminué au cours du temps, c’est en raison du travail de nettoyage des sols (des cadavres et restes humains), de la décontamination des nappes et des eaux de surface par les cadavres d’animaux, selon le procédé de chloration de l’eau, puis de désobuage. Les dégâts de la Grande guerre ont toutefois officiellement affecté les sols de onze départements français sur plusieurs centaines de milliers d’hectares.
Aux critères liés à la dangerosité des lieux se sont ajoutées des considérations économiques : la valeur de certaines terres était trop faible pour qu’elles soient « nettoyées », compte tenu du coût des opérations de déminage. Dans le Nord-Pas-de-Calais et en Picardie, de grands exploitants ont fait pression pour remettre en culture ces riches terres agricoles. En revanche, en Champagne et en Lorraine, secteurs en déclin démographique, où étaient installés de petits agriculteurs et de petits propriétaires, la zone rouge est restée plus importante.
Les terres demeurées en zone rouge ont été en partie affectées à l’armée pour en faire des sites d’entraînement, comme à Suippes (Marne). En vertu d’une loi de 1923, le reste a été consacré aux lieux de mémoire et, à 95 %, à l’exploitation forestière. Dans la Meuse, un des départements les plus touchés par les combats, 15 000 hectares ont ainsi été reboisés ou boisés dans les années 1920-1930 par les pouvoirs publics, y compris là où existaient auparavant des champs et des pâturages. Ce sont surtout des résineux qui ont été plantés, des essences utiles pour un pays en reconstruction. Ces forêts existent toujours, même si elles ont évolué, des feuillus ayant parfois remplacé les pins et les épicéas.
Zouaves