Le Docteur Gornouec, médecin stomatologue de renom à l’Hôpital Necker des Enfants Malades de Paris.

Les jeunes de Bannalec, nés dans les années cinquante, se souviennent encore de cet homme qui fréquentait chaque été le bourg de Bannalec pour rendre visite à sa famille, à ses amis Monsieur et Madame Barc, qui habitaient l’actuelle maison près du restaurant « Les Dolomites ».
Il s’approchait des enfants leur demandait d’ouvrir la bouche et devant l’état catastrophique de leur dentition ne manquait pas de les mettre en garde :
« Plus de bonbons, plus de bonbons ». Pour autant, ce médecin nous laissera bien d’autres souvenirs.
Louis, Alexandre, Marie Gornouec est né le 5 août 1891 de parents bannalécois, commerçants au bourg.
Le père du Docteur Gornouec né en 1861 était marchand de bois et sa mère Isabelle Le Beuze était native de Penhoat dans le quartier de l’Eglise Blanche.
Son épouse Etel Faier, 1900-1995, était autrice de récits pour enfants dans la revue Fripounet et Marisette.

Son parcours professionnel :
Après des études secondaires au Lycée de Nantes, Louis rejoint la Capitale pour suivre des études de médecine. Très tôt il fut attiré par la dermatologie ce qui l’amena à fréquenter l’Hôpital St Louis où il fit la connaissance du Docteur Chompret, grand chef de l’école de stomatologie qui l’initie à cette discipline.
Affecté à l’hôpital Necker Enfants-Malades de Paris, il va y passer toute sa carrière hospitalière. Pendant 30 ans, il va se dévouer à ses malades, pendant 30 ans il va former de nombreux élèves.
Il eut aussi une grande résonnance dans le monde de la chirurgie dentaire où il fut écouté, multipliant les communications à l’attention des services scientifiques et lors des congrès internationaux. Il déposa sa thèse de doctorat en 1923. Il fut même, fait insigne, vice-président de l’American Dental Club de Paris, lui qui n’était jamais allé en Amérique.
En son honneur, la Monnaie de Paris avait édité une médaille que l’on retrouve sur sa tombe au cimetière de Bannalec.


Homme simple et modeste, il a mené une vie parisienne dans son appartement rue du Faubourg St Honoré, en face de la salle Pleyel, où il fréquentait ses amis et parmi eux, l’écrivain André Breton, pape du surréalisme.

Il était également passionné de peinture. Parcourant les galeries d’art, il savait détecter les jeunes talents les plus prometteurs.


Son engagement militaire :
Pendant la guerre 14/18, le Docteur Gornouec s’est engagé dans un bataillon d’infanterie en tant que Médecin aide-major 2ème classe.
Extrait de l’arrêté :

Citation du 21 août 1916 : Médecin auxiliaire attaché au 1er Bataillon, depuis le mois d’octobre 1914 jusqu’au mois de juillet 1916, n’a cessé de faire preuve du plus grand dévouement particulièrement au cours des attaques de septembre 1915 s’en allant en 1ère ligne sous le bombardement chercher et panser les blessés.
Citation du 20 juin 1918 : A rempli d’une façon remarquable la fonction de médecin de Bataillon dans les circonstances les plus difficiles malgré les tirs d’artillerie les plus violents, les feux croisés des mitrailleuses et la menace incessante d’un encerclement. A réussi à évacuer tous les blessés. Magnifique exemple de sang froid donnant à tous par son attitude l’exemple du calme et prodiguant aux blessés des paroles de réconfort.
Citation du 1er août 1918 : Les 17 et 18 juillet 1918 n’a cessé pendant les très durs combats de ces deux journées de prodiguer des soins à de très nombreux blessés de plusieurs unités engagées dont il a assuré par sa présence jusque dans les postes avancés des brancardiers, la relève et l’évacuation dans d’excellentes conditions de promptitude. Remarquable par son courage et son énergie, caractère d’élite.
A ce titre, par arrêté interministériel du 4 février 1921, il fut nommé Chevalier de la Légion d’honneur puis Officier par décret du 10 octobre 1957.


En 1940 dès les premiers jours de l’occupation, il fut un symbole de courage et d’espoir pour le personnel médical de son service. Aussi, pour cet engagement personnel, il accède au grade d’Officier de la Légion d’Honneur en 1957.
Dans les moments les plus sombres de l’Occupation, le Docteur Gornouec fut à même de prévenir à temps son voisin, le Docteur Simon, un médecin juif, de l’arrivée de la Gestapo. Ce dernier lui en sera toujours reconnaissant.
Un attachement particulier à sa Bretagne, aux Bretons et aux Bannalécois.
Tout au long de sa carrière, le Docteur Gornouec a été spécialement dévoué envers les Bretons qui étaient admis dans son service. « Les Bretons de Paris », association représentative des exilés bretons dans la capitale, étaient heureux de compter sur le Docteur Gornouec parmi leurs amis. Avec son épouse, il apportait régulièrement son soutien aux différentes animations organisées au profit de la Maison de la Bretagne.

Photo 1954 – avec la Duchesse des Bretons de Paris

Diner lors de la Nuit du Finistère. A la deuxième table, de dos le Docteur Gornouec et son épouse.
Le Docteur Gornouec, homme d’une grande délicatesse, très généreux, était aussi un homme très attaché à sa Bretagne et plus particulièrement à Bannalec.
Chaque année il venait en famille passer ses vacances à Concarneau, ne manquant pas de venir régulièrement voir ses amis au bourg, les époux Barc. Monsieur Barc, originaire de Querrien, était Procureur à Paris et à la Cour de Cassation et son épouse née Gueguen était native du bourg de Bannalec. L’occasion aussi de partager des parties de chasse à la ferme de Penhoat, avec son épagneul Breton Crita, spécialiste de la chasse à la bécasse.
Décédé le 6 septembre 1970 à Paris l’âge de 79 ans, la levée du corps eut lieu le 16 septembre à 7h30 du matin et les obsèques furent célébrées ce même jour à 16h30 en l’Eglise de Bannalec, une dernière demeure qui lui était si chère.
Sources : Josette le Beuze, Jean-Paul et Georges Glémarec de Penhoat-Bannalec et sa nièce, Marie-Claire Lacaze